lundi 30 mai 2022

Massif du Bernstein

Aujourd'hui balade dans le massif du Bernstein à partir de Dambach la ville. D'ailleurs tout le trajet va se faire sur le domaine communal de ce village situé sur la Route des Vins.

Le point de départ se trouve au niveau de la chapelle Saint Sébastien totalement immergée au sein du vignoble. Elle remonterait aux années 1285 et et elle est de nos jours la propriété des descendants des 32 donateurs qui l'acquirent en 1792. Regroupés en la Confrérie Saint Sébastien, ces descendants en assurent désormais l'entretien et la conservation.





La chapelle est un panachage de différents styles architecturaux. À un clocher roman succède une nef et un chevet gothiques. La sacristie date de la Renaissance. L'autel est quant à lui une magnifique œuvre baroque en bois.


Dambach-la-Ville en contrebas !

Après 2 kilomètres dans le vignoble, nous pénétrons dans le massif forestier et commençons la longue ascension qui doit nous emmener au château du Bernstein. Le sentier est très agréable et les digitales apportent une touche de couleur particulièrement esthétique.

Le château-fort du Bernstein apparaît et il est en cours de rénovation par une équipe de bénévoles qui fait de l'excellent travail. Cela fait quelques années que nous ne sommes pas venus sur ce site et nous découvrons avec plaisir de belles fortifications.
Le site de l'association nous indique que le château-fort du Bernstein, situé à 562m d’altitude, est l’un des plus anciens châteaux d’Alsace. Il a été construit par la famille des Comtes d’Eguisheim-Metz-Dabo aux 12ème et 13ème siècles. Il servit de résidence aux évêques de Strasbourg du 13ème au 15ème siècle. La légende nous rapporte que le château aurait été construit sur le rocher où logeait une famille d'ours, d'où son nom. En effet, Bernstein (ou Bärenstein) signifie littéralement rocher aux ours (de Bär, ours et Stein, rocher).

Lançons-nous à l'assaut du donjon qui domine 18 mètres plus haut. L'escalier en fer est exigüe (mon sac à dos frotte) mais l'effort mérite d'être réalisé car au sommet c'est un magnifique panorama qui s'offre à nous depuis le sommet l'Ungersberg au nord jusqu'à Sélestat vers le sud.




Depuis la tour nous apercevions le sommet du Dachfirst qui constitue notre point le plus haut de la sortie. Il nous faut à peu près une trentaine de minutes pour l'atteindre et sur la photo du dessous je culmine maintenant à 681 mètres. Pas de panorama exceptionnel à cause de la végétation mais patience, encore 10 minutes de descente et nous basculons du côté de la vallée de Villé.

Cette fois nous faisons notre pause café au rocher de Bellevue qui mérite fort bien son nom !

Après ce petit arrêt nous reprenons le cours de notre balade en restant sur une crête très agréable à parcourir et qui va nous amener sans effort jusqu'aux rochers du Hagelstein et du Falkenstein, ce dernier constituant un spot d'escalade très renommé et fréquenté même par nos amis d'Outre-Rhin.



Bébête !

Encore des bébêtes !

Sommet du Falkenstein !


Désormais nous en avons fini avec les dénivelés importants et nous allons progresser entre 450 et 400 mètres d'altitude pour descendre ensuite très progressivement jusqu'à Dambach. Mais pour l'instant profitons de la forêt en rejoignant le tracé du GR5 au niveau de l'abri du Kaesmarkt dont la traduction pourrait être "Marché aux fromages". En 1343, une légende autour de ce lieu raconte que les habitants du Val de Villé ont porté jusqu'ici des vivres à ceux de Dambach-la-Ville alors que cette localité était décimée par la peste et que personne n'osait y pénétrer.

Continuons sur le GR5 en passant par le rocher de l'âne.

Nous venons de rejoindre le point "Teufelsloch", trou du diable, où nous trouvons un agréable coin pique-nique, c'est donc le bon moment et le bon lieu pour faire notre pause déjeuner. 

Nous quittons le GR5 et empruntons un large chemin tout à plat qui va nous ramener tranquillement jusqu'à Dambach. 2 kilomètres avant l'arrivée nous débouchons sur le vignoble et la chaleur du soleil se fait immédiatement sentir. La chapelle Saint Sébastien apparaît bientôt au détour d'un virage et nous approchons de la fin de l'étape qui fera en tout un peu plus de 17 km pour 650 m de dénivelé.

La chapelle Saint Sébastien en vue !

Dernier coup d'œil sur Dambach-la-Ville !



vendredi 27 mai 2022

Balade lorraine

Le weekend dernier nous avons commis une autre infidélité en quittant l'Alsace pour rejoindre malgré tout une terre voisine à l'histoire commune, la Lorraine et plus précisément Metz. Ce déplacement fut l'occasion de revoir nos amis Isabelle et Thierry qui nous ont concocté un programme "aux petits oignons" en 2 parties avec le premier jour une visite d'une mine de fer et le lendemain un musée incontournable de la guerre de 1870.

C'est parti pour Neufchef, petite commune de 2500 habitants située dans la vallée de la Fensch à une trentaine de kilomètres de Metz. Lorsque l'on pense Lorraine alors immédiatement vient à l'esprit la sidérurgie et ce jour nous allons pénétrer dans une ancienne mine reconvertie en musée. Nous découvrons d'abord le nom d'une grande famille, les De Wendel, immense dynastie industrielle de 1700 à 1980. Le premier, Jean-Martin Wendel, fait l'acquisition en 1704 des forges de la Rodolphe à Hayange et devient le premier maître de forges de la famille qui développera ensuite considérablement les activités sidérurgiques jusque dans les années 1980 en passant à travers les 3 guerres et les occupations successives.

Entrons dans la mine.


Il faut bien s'habiller car ici la température est basse et avec l'humidité ambiante la sensation de froid est très présente. 9° quelque part sous terre !

Inévitables découvertes de fossiles marins !

Notre guide, un ancien mineur, nous présente la vie de ces forçats et la visite nous amènera progressivement des premiers forages jusqu'au temps modernes. Pour la sécurité, il faut bien sur étayer les galeries au fur et à mesure de l'avancée des travaux et pour cela on utilise d'abord le bois et en particulier le pin sylvestre, dit le bois de mine. Mais pourquoi ? Il présentait l'avantage de "prévenir" avant de casser. Comme le dit le mineur, il crissait ou geignait ce qui lui permettait de remplacer à temps les éléments qui risquaient de rompre ou plus simplement de s'échapper à temps du piège.

Difficile d'imaginer que les sacs tressés ci-dessous pouvaient contenir 45 kg de pierre ramenés à l'air libre sur le dos des mères de famille qui accompagnaient leur maris sous terre. Dans les années1850, le travail est familial et dès 13 ans les enfants participent à l'extraction. 

L'extraction consiste notamment en un percement des parois pour pouvoir y introduire des explosifs qui étaient à la charge du mineur.

Pas trop de trois pour pouvoir percer 1 mètre en une heure !

Avec l'arrivée des chariots, il fallait trouver plus fort que l'homme alors on fait appel à un fidèle compagnon, le cheval. Mais quelle vie pour ce bel animal, en fonction des mines il pouvait sortir toutes les semaines comme y rester 4 à 5 ans.


Les chariots permettront d'augmenter les volumes extraits.


Allumage d'une lampe à carbure ! Il ne faut pas s'attendre à un éclairage puissant !

Les rails arrivent et facilitent les déplacements !

La technologie évolue et maintenant on peut améliorer les conditions de travail en insufflant de l'air de meilleur qualité dans les galerie.

Sur la photo suivante vous pouvez apercevoir une sorte de jarre, elle ne contient pas le digestif pour le repas du midi mais de l'oxygène liquide, on l'appelle une "trempeuse". Après la poudre noire, on a utilisé un produit qui se manipule à moins 183°, rien que ça. Les cartouches, faites d'un mélange de sciure et de farine, avec un peu de liège, roulées dans du papier épais pesaient un peu plus de 200 gr. Elles étaient trempées dans l'oxygène liquide et en absorbaient à peu près 600 gr. Le mineur disposait alors de 10 minutes pour sortir les cartouches de la "trempeuse", les introduire avec un détonateur dans les trous de mine, évacuer le chantier et procéder au tir. Imaginez-vous ce genre de travail encore possible de nos jours ?

La mécanisation améliore encore la productivité avec ce mini-bulldozer !

Les machines hydrauliques arrivent et permettent des perforations encore plus profondes (6 mètres) et plus rapides.


Après l'explosion, il faut récupérer les gravats et les machines permettent à la fois le ramassage et le transport.



Après les 45 kg à dos d'homme on peut atteindre les 12 à 16 tonnes par machine !

Attention aux chutes de pierres ! Après l'explosion tout est instable et il faut s'assurer que le plafond est sain. Pour cela les hommes tapaient à coups de barre les éléments incertains puis les machines ont pris le relais.

Avec les années 1970 arrive le nitrate-fuel, un nouvel explosif plus facile à manier et plus efficace !

Cuisine de campagne souterraine !

La visite sous 75 mètres de roche s'achève et se poursuit ensuite dans le musée local qui présente l'histoire de la sidérurgie de Lorraine et les différentes techniques d'extraction du minerai de fer. Nous avons passé un bon moment et pris un peu plus conscience s'il le fallait de la dureté de ce travail qui eu son âge d'or.


Un bon restaurant plus tard la soirée fut très agréable comme toujours et rendez-vous fut pris le lendemain pour passer de la mine à la guerre en visitant le nouveau musée dédié à la guerre de 1870 dans le village mondialement connu de Gravelotte situé sur le plateau messin. Nous allons profiter pleinement des 900m2 de surface unique en Europe totalement consacrés à l'histoire de la guerre de 1870 et de l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine à l'Empire allemand (1871-1918). Je vous laisse vous rendre sur les différents sites disponibles sur internet pour en profiter autant que nous mais rien ne vaut une visite sur place. 

Expression célèbre !

Comme le précise une analyse de texte pour le bac français, ne vous laisser pas duper par les descriptions féériques de la nature que nous livre ce jeune poète de 16 ans appelé Arthur Rimbaud mais appréciez sa géniale stratégie de dénonciation des horreurs de la guerre !

Giberne ou cartouchière !


Et pour conclure cette visite, évoquons les panoramas de guerre, œuvres artistiques et spectaculaires chargées "de la bonne éducation des peuples" après la guerre de 1870. Il s'agit de fresques circulaires qui peuvent atteindre plus de 120 mètres de long et 20 mètres de haut et dont l'objet est de nous présenter des visions d'enfer car ce sont des scènes de batailles et de mort. Profitons des quelques tableaux encore disponibles à Gravelotte pour imaginer le travail colossal que cela a représenté.

Et voilà encore un bon weekend passé chez nos amis lorrains qui nous ont bien régalés aussi bien gastronomiquement qu'intellectuellement, comme toujours. A très bientôt pour d'autres aventures.