Ce weekend de Pentecôte est l'occasion de recevoir des amis lorrains pour 2 jours. Nous allons leur faire découvrir Sélestat, Bergheim, Kaysersberg et le col du Wettstein où nous déjeunerons dans une ferme auberge puis visiterons le musée exceptionnel du Linge en hommage aux combats de 1915.
L'Alsace ne serait pas l'Alsace sans ses cigognes. En ce moment les petits ont bien grandi et ils commencent à être visibles dans les nids.
Mais l'Alsace c'est aussi une montagne de bières !
Petit tour par Bergheim et sa jolie place centrale !
Après une première demi-journée toute en sereine balade, le Lundi nous prenons la direction de la vallée de Kaysersberg pour passer un petit moment dans la ville natale d'Albert Schweitzer avant de rejoindre le col du Wettstein.
La fontaine Constantin qui porte le nom de l'empereur romain désigné en l'an 306 pour succéder à son père Constantin Chlore. Ce jeune empereur portera deux importantes réformes, la reconnaissance de la religion chrétienne et la fondation d'une nouvelle Rome sur les rives du Bosphore qui deviendra à sa mort Constantinople.
Entrons maintenant dans la magnifique église de Kaysersberg, construite entre 1230 et le 16ème siècle, et dédiée à la Sainte-Croix, dont elle aurait possédé une relique. La légende raconte que l’église fut commandée par l’empereur du Saint-Empire Barberousse. Manquant de moyens financiers pour achever sa construction, il décida de vendre la couronne de son épouse, la reine. Touché par cette pieuse décision, Dieu envoya deux anges pour acheter la couronne, et la remettre ensuite à l’empereur. Ainsi, Barberousse pût reprendre la construction de l’église, et l’achever dans l’année.
Admirez en son chœur le remarquable retable en bois sculpté par Jean Bongart datant de 1518 !
Concluons cette visite en passant au-dessus de la Weiss, rivière de 24 kilomètres qui prend sa source à proximité du col du Linge et du Wettstein, prochaine étape, à 845 mètres d'altitude.
Remontons la vallée de Kaysersberg en direction de Orbey et du lac blanc pour atteindre 30 minutes plus tard le col du Wettstein qui nous offre un panorama exceptionnel sur la vallée de Munster. Nous laissons la voiture au col et parcourons à pied les 500 m restant pour atteindre quelques mètres plus haut la ferme-auberge du Musmiss où nous attend un repas marcaire bien mérité.
Nous voici bien attablés et attaquons avec envie nos plats typiques servis par les marcaires, nom donné aux agriculteurs du massif des Vosges qui élèvent des vaches en altitude pour obtenir le bon lait destiné à la fabrication du munster. Son nom vient de "malker", c'est à dire "celui qui trait les vaches".
Au menu, pommes de terre gratinées au munster, pommes de terre rissolées avec de la viande fumée, tourte à la viande avec sa salade. Que du bon !
C'est avec la peau du ventre bien tendue que nous nous dirigeons maintenant vers l'un des hauts lieux des combats de 1914-1918, le col du Linge pour partager des souvenirs communs avec nos amis lorrains. Pour rappel, en 1914, l’Alsace fait partie intégrante de l’Empire allemand depuis le traité de Francfort signé le 10 mai 1871. Au mois d’août 1914, les troupes françaises franchissent les crêtes des Vosges et s’avancent en pays ennemi. Quelques semaines plus tard, le front se stabilise sur le versant est du massif qui devient le seul champ de bataille de montagne du front de l’ouest.
Alors que l’armée allemande bénéficie des voies d’approvisionnement qu'elle a développées depuis des années en plaine d’Alsace et dans les vallées, les Français se heurtent à un problème logistique majeur, puisqu’ils ne disposent que des cols pour acheminer troupes et matériel. Ce handicap va amplifier, pour eux, les très dures conditions de la guerre en montagne.
La visite commence par le musée !
Casques à pointe !
Boussole !
Fantassin français !
Chasseur alpin !
Service de santé allemand...
...et français !
Une reconstitution des tranchées allemandes !
Après le musée, la visite se poursuit en parcourant le système de défense mis en place par les allemands sur cette crête qui va revêtir, aux yeux du haut commandement français, une importance majeure dans le courant de l’été 1915. L’offensive déclenchée le 20 juillet a pour objectif son franchissement pour s’emparer de la vallée de Munster selon la stratégie du débordement par les hauteurs.
Mais l’armée allemande a progressivement transformé ce lieu en une forteresse quasiment inexpugnable pour contrecarrer ces projets et son état de conservation actuel permet de mesurer l’impossibilité de la mission confiée aux bataillons de chasseurs pour franchir cet obstacle imprenable.
Aujourd'hui tout est calme !
Vue sur la crête des Vosges où était positionnée l'artillerie française !
Casemate !
Dédale de tranchées !
L'ossuaire du Linge !
Le terrible face à face !
Côté allemand !
Côté français !
Jusqu'au 16 octobre 1915, attaques et contre-attaques vont se succéder pour aboutir à un véritable statu quo qui aura vu des milliers de morts et de blessés. Aucun des 2 camps n'a voulu céder ce bout de terrain qui finalement n'aura eu que peu d'importance stratégique pendant que les combats vont désormais se poursuivre en d'autres lieux. Il faut attendre l'armistice du 11 novembre 1918 pour voir partir les allemands qui quitteront définitivement l'Alsace le 17 du même mois, la bataille du Linge aura couté la vie de plus de 11000 Français et de plus de 7500 Allemands.