Nous quittons Rouen et son Armada exceptionnelle pour rejoindre Paris lorsque nous découvrons l'existence de la résidence du peintre Claude Monet à Giverny, or cette petite ville de province se situe le long de notre itinéraire de retour. Alors profitons en pour faire une halte culturelle.
lundi 26 juin 2023
L'Armada 2023 à Rouen - dernière partie
Claude Monet est né le 14 novembre 1840 à Paris, il est considéré comme le chef de file de la célèbre école Impressionniste. Il arrivera à Giverny en 1983 et il transformera inlassablement ce domaine en un chef d'oeuvre floral source infinie d'inspiration pour ses futurs propres chefs d'œuvres picturaux. Il sera en même temps le peintre et le jardinier de cette très belle propriété jusqu'à sa mort en 1926.
Notre visite va s'organiser en 2 temps, tout d'abord un parcours au sein de la maison transformée en musée puis une déambulation dans le jardin jusqu'à la fameuse pièce d'eau.
Dès l'entrée nous sommes accueillis par un ensemble de toiles remarquables couvrant toutes ses périodes, évidemment se sont des copies. nous sommes dans son salon atelier qui abrite de très nombreuses pièces d'époque comme le bureau Napoléon III ci-dessous à gauche.
La méridienne du peintre !
Petite bibliothèque !
Un magnifique secrétaire cylindrique Louis XVI !
Des œuvres, toujours des œuvres !
Un premier aperçu du jardin depuis la chambre du peintre !
Pénétrons maintenant dans le salon bleu qui était le salon de réception même s'il nous paraît bien petit. En fait le salon principal était devenu son atelier, il n'y avait donc pas d'alternative. Avez-vous remarqué toute cette couleur bleu ? Monet avait fait preuve d'originalité car à l'époque la mode était au gris et aux teintes foncées. L'autre curiosité se situe au niveau de la décoration. Il y a une profusion d'estampes japonaises et nous allons en voir dans toutes les pièces suivantes. Monet en était friand et il en possédait tellement que la plupart est encore en carton.
Allons ensuite dans le salon suivant. Claude Monet avait voulu cet espace familial entièrement jaune. Des couleurs identiques recouvraient le mobilier. Une salle à manger dorée par le soleil, qui flirtait avec l’une des couleurs fétiches du peintre. Le jaune illuminait, en effet, sa palette tout autant que les massifs de son jardin !
Et maintenant une anecdote tirée du site de la fondation Claude Monet. "Réhaussée de carreaux de faïence bleus et blancs, la cuisine du maître impressionniste figure parmi les pièces fétiches des visiteurs. Vous y avez déjà flâné ? Son parfait agencement, tout autant que son étourdissante collection d’ustensiles en cuivre, ne vous ont sûrement pas échappés. Est-ce à dire que, du temps de Claude Monet, la « chère » comptait ?! Nul n’ignore qu’en plus d’un inimitable coup de pinceau, le peintre était doté d’un sacré coup de fourchette. Mais, s’il appréciait les arts de la table, ce fin gourmet ne maniait jamais les casseroles !
Durant ses années givernoises, Claude Monet ne jura que par la déesse des fourneaux Marguerite. A tel point que lorsque celle-ci se maria, il engagea Paul, son époux, comme maître d’hôtel afin d’être sûre que Marguerite ne lui échappe pas ! De la simple purée jusqu’aux onctueuses meringues, en passant par le pâté de viande faisandée, le « gâteau vert vert » et les recettes « yankees », ce cordon bleu maîtrisait, de A à Z, l’art culinaire. Le soir venu, cette perfectionniste dévorait des ouvrages culinaires ou rectifiait son cahier de recettes maison. Du repos ? Elle n’en prenait guère ! Marguerite aurait ainsi déclaré : « A Giverny, il y avait bien de l’ouvrage mais j’avais le bonheur de cuisiner devant mes deux pommiers du Japon… »
La fidèle cuisinière ne quitta pas Giverny, lorsqu’en décembre 1926, Claude Monet s’éteignit. Elle continua de servir la belle-fille du maître, Blanche Hoschedé, et ne rendit son tablier qu’à la veille de la seconde guerre mondiale…"
Nous sortons de cette très belle maison musée pour déambuler dans le jardin dit Le Clos Normand élaboré par le peintre lui-même. Quand Monet s’installe à Giverny, la longue maison en crépi rose a un jardin d’un hectare constitué d’une pommeraie et d’un potager. Conquis par ce jardin, le peintre jardinier se met aussitôt au travail et n’aura de cesse de perfectionner le Clos Normand pour en faire le jardin de ses rêves colorés.
Il fait arracher les buis, couper les épicéas et les remplace par des arceaux métalliques, encore en place aujourd’hui. Le chemin central se borde de capucines et de roses odoriférantes, qui continuent d’émerveiller les visiteurs. Les pommiers sont remplacés par des cerisiers et des abricotiers du Japon et des fleurs recouvrent le sol par milliers : jonquilles, tulipes, narcisses, iris, pavots d’Orient, pivoines…
Passionné par le jardinage, le peintre applique ses connaissances picturales pour créer des effets de perspectives, mettre en valeur la maison ou intensifier les zones d’ombres. Sur la partie gauche du jardin, il crée des massifs rectangulaires de couleurs unies, comme autant de couleurs posées sur une palette… Inventif dans son jardin comme il l’était dans sa peinture, ce “fou de fleurs“ a créé un jardin solaire.
Je vous laisse apprécier les multiples variétés de plantes.
Ail géant de l'Himalaya !
Pavot à opium !
Zinnia !
Dahlia !
Iris !
On approche de l'eau !
Nous quittons le Clos Normand et après un passage sous un tunnel aménagé sous la voie ferrée nous arrivons dans l'autre partie mythique de cette résidence, le Jardin d'Eaux. Reprenons les informations de la Fondation.
"Monet a toujours été fasciné par les jeux de lumière et les reflets des nuages sur l’eau. Ses nombreuses toiles peintes sur son atelier flottant, à Argenteuil ou sur les canaux de Hollande, montrent sa fascination pour les reflets renversés dans ces miroirs liquides. En 1893, il fait l’acquisition d’un terrain situé au fond du Clos Normand, de l’autre côté de la voie de chemin de fer, et détourne le petit bras de l’Epte, le Ru. L’étang ainsi créé deviendra le « jardin d’eau ».
Dans l’axe de l’allée centrale du Clos Normand, il fait construire un pont japonais, certainement inspiré d’une de ses estampes, et le peint en vert, pour se démarquer du rouge traditionnellement utilisé au Japon. L’atmosphère orientale est restituée par le choix de végétaux tels que les bambous, les ginkgos biloba, les érables, les pivoines arbusives du Japon, les lis et les saules pleureurs, qui encadrent merveilleusement l’étang. Enfin, Monet plante des nymphéas au fond du bassin : « J’aime l’eau mais j’aime aussi les fleurs. C’est pourquoi, le bassin rempli, je songeais à le garnir de plantes. J’ai pris un catalogue et j’ai fait un choix au petit bonheur, voilà tout. »
Monet était si fier de son jardin d’eau, qu’il aimait y recevoir ses invités et passait des heures à le contempler. Un jardinier était chargé de son entretien à temps plein, et supprimait chaque feuille morte pour qu’il reste d’une beauté parfaite.
En 1897, il commence à peindre les nymphéas. En cherchant à restituer l’atmosphère de cette surface de ciel sur laquelle flottent des taches de couleurs, Monet réalisera l’un de ses plus grands chefs d’œuvre et poussera sa peinture aux limites de l’art abstrait, où la vibration de la couleur suffit à évoquer un monde de sensations et d’émotions."
Hémérocalle fauve !
Dahlia !
Amarante à grains !
Digitale !
Ainsi s'achève cette belle visite d'un espace sauvegardé qui mérite le détour et qui nous a appris plein de choses sur cet immense artiste Claude Monet.
L'Armada 2023 à Rouen - 2ème partie
Nous atteignons bientôt l'une des quatre entrées qui nous donne l'accès aux quais et après avoir franchi les portiques de sécurité nous pouvons désormais profiter du grand spectacle. Ce qui frappe immédiatement c'est la taille de certains voiliers qui occupent tout l'espace et le contraste est saisissant lorsqu'ils se trouvent positionnés juste à côté d'un frêle esquif comme dirait Astérix. Des navettes proposent de circuler sur la Seine et je vous recommande absolument de commencer par cette prestation car vous aurez immédiatement un panorama complet du dispositif et surtout une vue imprenable sur les embarcations, parfait pour les photographes.
Nous allons ainsi descendre la Seine sur environ 3 kilomètres avant de faire demi-tour et apercevoir sous un magnifique soleil les plus beaux voiliers du monde. 1 h 15 de pur bonheur ! Je vous laisse admirer la suite et je donnerai quelques explications par bâtiments récupérées sur le site de l'Armada.
En avant pour la visite !
Bord à bord voici 2 navires écoles de notre Marine nationale, à bâbord, Le Mutin, cotre à gréement aurique semblable aux thoniers des Sables d'Olonne, et, à tribord, La Belle Poule, réplique des goélettes morutières de Paimpol. Cette dernière, construite à Fécamp, a été baptisée ainsi le 26 octobre 1931, du nom d'un corsaire bordelais. Elle a rejoint les Forces Françaises Libres à Portsmouth, durant la Seconde Guerre Mondiale. Ceci explique l'honneur qui lui est donné d'arborer le pavillon tricolore frappé de la Croix de Lorraine.
Concernant Le Mutin, lancé en 1927, il sert, jusqu'en 1939 à la formation des « pilotes de la Flotte » à l'École de pilotage de Saint-Servant. En 1940, il s'échappe vers Plymouth. Jusqu'en 1942, sous pavillon britannique, il participe à des missions d'espionnage et de convoyage, où il transborde des hommes venus de France. Puis, il est envoyé durant l'année 1942 en Méditerranée, où il va effectuer diverses missions de renseignements, principalement sur les côtes du Liban. A la fin des hostilités, de retour en France en 1946, il retrouve l'École du pilotage.
Toutes catégories confondues, il est actuellement le plus vieux bâtiment de la Marine française en service et il a pour marraine l'île d'Yeu.
Changeons de dimension et embarquons à bord du navire-école des cadets de la Marine indonésienne, Le Bima Suci. C'est un voilier récent, lancé en 2017, et il fait partie de la catégorie des Trois-mâts barque c'est à dire un navire à voiles de trois mâts verticaux, dont le mât de misaine (à l'avant) et le grand mât (au centre) sont gréés en voiles carrées. Sur le mât d'artimon (à l'arrière), une brigantine à corne et un flèche sont gréés. Avec plus de 110 m de long et 26 voiles pour 3300 m2 de toile, c'est l'un des plus majestueux de l'Armada.
Ne pas confondre le drapeau indonésien avec celui de la Pologne !
Que de cordes !
Et maintenant un bâtiment français exceptionnel pour sa longévité, Le Belem. C'est un trois-mâts à phare carré et coque en acier, dernier des grands voiliers de commerce français du 19ème siècle encore naviguant. Une aventure maritime qui dure depuis plus de 120 ans en ayant vécu pas moins de cinq vies, changé trois fois de nationalité pour finir par retrouver le pavillon tricolore de ses origines. Il appartient aujourd'hui à la fondation Belem créée en 1979 par les Caisses d'Epargne et devient Monument Historique en 1984.
Ce trois-mâts doit son nom à son port de commerce d'origine, Belem au Brésil. Il sillonnera l’Atlantique pour le compte de trois armateurs successifs. Il transportera notamment jusqu’en France des fèves de cacao d’Amazonie pour le célèbre chocolatier Menier, puis par la suite du rhum et de la canne à sucre. Pour l'anecdote, il échappera par miracle à l'éruption de la montagne Pelée en 1902 qui dévastera le Port de Saint-Pierre de la Martinique. Faute de place, le voilier se positionnera de l'autre côté de l'île et ne fera donc pas partie des 200 navires détruits par la coulée de lave et les cendres incandescentes. Sa devise « Favet Neptunus eunti » qui signifie "Neptune favorise ceux qui partent" y est peut-être pour quelque chose ?
Changeons de continent avec Le Capitan Miranda qui est une goélette à trois-mâts désormais navire-école uruguayen depuis 1978. Il fut construit en 1930 à Cadix, en Espagne, pour servir d'abord de cargo entre l'Europe et l'Amérique du sud. En 1960, la marine uruguayenne rachète le voilier pour en faire un navire de recherche océanographique. Il est rebaptisé du nom de Capitaini Miranda, officier de la Marine uruguayenne. A cette époque, le voilier n'a que deux mâts. Dans les années 70, destiné à la démolition, il est réhabilité. Les deux mâts sont remplacés par trois mâts et de nouvelles voiles forment le gréement.
A partir de 1978, il devient navire-école et prend en charge la formation de jeunes officiers de la marine uruguayenne.
Le bâtiment ci-dessous, Le Charles-Marie, est né chalutier en 1968 au chantier Servain à Granville du rêve de Jean-Pierre Thélot. Nommé ainsi à l’instar du doris de son père qui lui avait attribué son prénom et celui de son épouse. Doté d’une belle carène de voilier avec une poupe arrondie en « cul norvégien » pour faciliter le maniement des chaluts latéraux et les lignes de traîne, c’est un navire robuste et sûr. Il accueille désormais des jeunes de 12 à 17 ans pour des séjours de vacances ayant pour but l'apprentissage de la vie collective en mer.
Et voici un autre voilier d'exception, Le Cuauhtémoc, battant pavillon mexicain. C'est l'une des stars de l'Armada avec déjà 7 participations sur 8 possibles. C’est un voilier de type trois-mâts barque construit à Bilbao en 1982, il est la propriété de la Marine mexicaine qui l'utilise comme navire-école. Il est basé à Acapulco. Il est un symbole au Mexique car il illustre l'esprit de combativité et d'indépendance, par référence à l'empereur Cuauhtémoc « celui qui fond sur l’ennemi comme un aigle ». Ce dernier figure d'ailleurs sur la proue du bateau.
C'est un habitué des défis du monde marin : traversée de l'Atlantique en 22 jours, passage du cap Horn en 1993 entre autres. Il sillonne les océans pour faire connaître la culture, les traditions et l’histoire du Mexique ainsi que pour former la future élite de la marine nationale mexicaine.
L'empereur Cuauhtémoc !
90 m de longueur - 28 voiles pour 2400 m2 !
Montons à bord moussaillon pour une visite du pont supérieur !
A bâbord toute !
Mais comment font-ils !
Machine arrière toute !
Seulement pour l'équipage !
Bateau école de la marine du Mexique !
Encore un habitué extraordinaire de l'Armada de Rouen, Le Dar Mlodziezy, qui signifie "Don de la jeunesse". Ce voilier a été construit en 1981 dans les chantiers navals de Gdansk pour remplacer la frégate Dar Pormoza, navire-école de la marine polonaise. En ce qui concerne sa coque, il a la poupe carrée, ornée de sabords de chasse , un mélange de tradition et de modernité. Avec plus de 100 mètres de long, il fait partie des plus grands voiliers écoles du monde. Il peut embarquer plus de 130 cadets. Il peut filer jusqu’à 16 nœuds sous voiles soit près de 30 km/h.
Ils ne sont peut-être pas les plus grands mais ils font toujours autant d'effet car ils nous replongent dans le mondes des pirates, il s'agit des galions. En voici un magnifique, Le Galeon qui est la réplique d'un galion espagnol du XVIe siècle conçu et construit par Ignacio Fernández Vial. Ce galion faisait partie des flottes de la Nouvelle Espagne, de Tierra Firme et du galion de Manille, qui depuis les ports espagnols ont commercé au cours du XVIIe siècle avec divers ports d'Amérique et d'Asie. Il a eu, dans son premier voyage, un équipage de 32 personnes dirigé par le professeur de navigation Antonio Gonzalo de la Cruz.
Son pont principal porte un beaupré (le mât incliné devant) et trois mâts avec sept voiles. La poupe est décorée d'une représentation mariale, l'Esperanza du Triana, dont une réplique se trouve également dans le carré des officiers. La structure est en bois de chêne, d'iroko et de pin avec un revêtement en fibre de verre. Bien qu'il soit une réplique, il inclut la technologie du 21e siècle, particulièrement pour garantir la sécurité à bord.
Cette fois point de galion mais une frégate. La différence réside surtout dans la finesse de la frégate qui se veut plus rapide et plutôt destinée au combat qu'au transport. Ici il s'agit de l'Etoile du Roy, réplique en bois d'une frégate corsaire malouine de 1745. Ce navire 3 mâts de 310 tonneaux avec 240 hommes d'équipage était armé de 20 canons. Construit en 1996 en Turquie sous le nom de Grand Turk, il est depuis 2010 le navire amiral de la flotte Etoile Marine Croisières. Il est souvent utilisé dans des films au cinéma ou dans des séries télévisées. Basé à Saint-Malo, l’Etoile du Roy est aujourd’hui un extraordinaire navire pouvant embarquer 120 personnes en mer. Il est également un lieu de réception hors du commun.
Restons français avec ce voilier , emblématique de Saint-Malo. C'est un dundee thonier construit à l’origine pour la pêche au thon dans le golfe de Gascogne, L'étoile Molène.
Par d'Armada sans bâtiment de la marine nationale. Voici l'une des dernières nées, la FREMM (pour frégate multi missions) Normandie a été construite en 2018. Admise au service actif au mois de juin 2020, la Normandie est la sixième FREMM réceptionnée par la Marine nationale. Il s’agit d’un bâtiment de combat de premier rang. C’est une frégate polyvalente capable de maîtriser une zone d’opération aéro-maritime, de jouer le rôle d’escorte et de protection d’une unité précieuse type porte-avions, de frapper dans la profondeur avec le missile de croisière naval, de faire de la lutte antinavire, anti-sous-marine, anti-aérienne, et de venir en soutien et appui d’opérations de projection. Basée à Brest, elle est armée par un équipage de 110 marins. Notre regret c'est de n'avoir pas pu monter à bord car ce jour là il y avait une cérémonie et une réception, tant pis !
Belle surprise que l'Hydrograaf. C'était un ancien bateau à vapeur ayant servi de navire hydrographique à la Marine royale néerlandaise de 1910 à 1962. Puis il a servi au sein de la Zeekadetkorps avant d'être vendu à un particulier en 1985 pour devenir un navire d'excursion en tant que navire musée. Son port d'attache est Amsterdam et il peut embarquer 150 passagers.
En arrière-plan, une goélette à hunier néerlandaise construite en 1964, Le JR Tolkien qui s'appelait à l’origine Dierkow. Elle était utilisée pour transporter les marchandises dans la mer du nord et dans la mer baltique. En 1996, le bateau est acheté par un Hollandais qui le transforma en navire de croisière. Cette luxueuse goélette peut aujourd’hui transporter 90 passagers pour une journée en mer et 32 stagiaires pour des croisières. Le salon principal peut accueillir jusqu'à 50 personnes pour dîner.
Autre goélette mais française depuis 2012 cette fois, La Licorne avec ses trois mâts et huniers, construite en 1907 à Marstall au Danemark. Elle peut accueillir 11 passagers dans 5 cabines doubles ou triples. Un salon est installé dans le grand roof. Son port d'attache est actuellement Saint-Valery-en-Caux. Elle navigue surtout en Manche et le long des côtes bretonnes.
Poursuivons notre voyage autour du monde grâce à la caravelle Vera Cruz de nos amis portugais. Elle est destinée à permettre la formation en mer, en particulier pour les jeunes, à participer à des événements nautiques et à des événements avec d'autres grands voiliers, et à enquêter sur le comportement et la manœuvre de vieilles caravelles. Au fil des années, ce navire a visité de nombreux ports nationaux et étrangers, dont des voyages à Bruges, Saint-Malo et une participation aux commémorations des 540 ans du peuplement des Açores.
Chaque année, des milliers d'enfants et de jeunes embarquent à bord de la caravelle pour un voyage d'étude sur les navires portugais des XVe et XVIe siècles (avec un accent particulier sur les caravelles), les instruments nautiques et la vie à bord lors des grands voyages de découverte. Ces visites ont lieu à Lisbonne et dans d'autres ports nationaux.
A ne pas confondre avec notre Thalassa, voici un bateau de pêche hollandais initialement Le Reliquinda, construit en 1980 près d’Amsterdam. C’est un ancien chalutier à pêche latérale qui, en août 1984, coule à pic en percutant une épave de la Seconde Guerre mondiale. En 1995, deux amis, Arnold Hylkema et Henk Stallinga décident de transformer cet ancien bateau de pêche, en dessinant le bateau de leur rêve en reprenant uniquement la coque. Ils le transforment en un grand voilier luxueux. Ils en sont toujours les propriétaires. Ce voilier aux dix-huit cabines voyage beaucoup avec les 34 passagers qu'il peut accueillir en plus de son équipage. Il peut embarquer jusqu'à 120 passagers à la journée.
Quel joli nom que ce Tante Fine, diminutif de Tante Joséphine, ancien dundee langoustier de Plouhinec.
C’est l'un des derniers à avoir été fabriqué de façon traditionnelle avec une coque en chêne. Le langoustier Tante Fine a été construit en 1960 et lancé en juillet 1961 à Plouhinec en face d’Audierne, en partie financé par la tante Joséphine de trois marins pêcheurs, d’où son nom de baptême. Il a fait ses campagnes de pêche à la langouste le long des côtes de Mauritanie et au thon à la ligne dans le golfe de Gascogne. Ces techniques de pêche révolues, il pêche aux casiers en Bretagne Nord et en Mer d’Irlande jusqu’en 1986. Jugé trop vieux, il est resté à l’abandon à quai de Perros-Guirec.
Il était dans l’état d’épave quand l’association fécampoise ISMM/AFDAM l’a découvert et en a fait l’acquisition en 1991. Il a pu ainsi être restauré au chantier naval de Fécamp à partir de plans de vieux gréements locaux. Plus de 10 000 heures de travail ont été nécessaires pour sa remise en état dans le cadre de chantiers de jeunes et de réinsertion.
Il connaît sa première croisière en 1996 pour se rendre au rassemblement de Brest. S’ensuivent alors de nombreux projets à but social dont 3 participations à la Tall Ships Race que la Tante Fine remporte en 2002 avec de jeunes fécampois à son bord. Le principe de ces courses est d'embarquer 50% de jeunes de 15 à 25 sans expérience particulière. Un beau challenge.
Il peut désormais accueillir 32 passagers à son bord sur des sorties de 2 à 4 heures.
Réembarquons maintenant pour notre 2ème visite d'un navire exceptionnel, Le Statsraad Lehmkuhl avec ses 90 m de longueur et ses 22 voiles. Ce serait aujourd'hui le plus grand et le plus ancien trois-mâts carré encore en service mais il est désormais gréé en trois-mâts barque. Construit en 1914 à Brême, Allemagne, il fut utilisé comme navire-école pour former les futurs marins et officiers de la marine marchande allemande. L'association des navires écoles de Bergen se porta acquéreur du navire en 1923 où il est aujourd'hui encore basé. Il est de toute beauté et il est possible de faire des voyages d'une semaine en tant que matelot avec prise de quart, nettoyage et ascension dans les matures. 190 apprentis marins peuvent y embarquer.
Ho Hisse !
La cambuse !
La cloche de bord !
Ne pas perdre le nord !
Que c'est haut !
Plus modeste voici Le Shtandart. Ce bateau est la réplique de la frégate originale construite en 1703, navire amiral d’une flotte commandée par le tsar Pierre Le Grand qui souhaitait s’inspirer des modèles hollandais et anglais. La reconstruction de cette frégate à l’identique est l’initiative de son capitaine russo-ukrainien Vladimir MARTUS et de son association à but non lucratif Shtandart Project, un historien mandaté par le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg assurera la fidélité de cette réplique.
C'est sur l'emplacement d'un ancien chantier naval sur les rives de la Neva que la réplique du Shtandart fut réalisée en 5 ans, de 1994 à 1999... Cette initiative fut sponsorisée par les gouvernements russe et britannique, et par l'apport financier de donateurs étrangers.
En conflit avec le régime de Poutine qui voulait s'approprier le navire pour en faire un musée, son capitaine et président de l'association fuit la Russie en 2009.
Ce navire dissident, avec à son bord une dizaine de marins de 6 nationalités différentes, est reconnu par l'administration européenne comme navire Historique et réside en Europe depuis quelques années.
Construit en 1937 à Lisbonne pour le compte d’une société de pêche, Le Santa Maria Manuela est un des morutiers de de la flotte morutière portugaise sur les bancs de terre neuve au Canada, à l’instar du Créoula. Il connaitra de nombreux aménagements et modernisations dans le but de le rendre plus performant pour la pêche. En 1993, il est considéré obsolète et revoit le jour en 2010 après une longue restauration grâce à la Fondation Santa Maria Manuela, constituée de nombreuses institutions publiques. Le Santa Maria Manuela est aujourd’hui un navire-école, inscrit au patrimoine national portugais. Ce voilier est affrété pour le tourisme culturel et sert de navire-école en embarquant 50 stagiaires dans ses cabines aménagées.
Avez-vous compté ses mâts ?
Encore un très beau voilier avec ce trois-mâts espagnol, Le Pascual Flores. Torrevieja, dans la province d'Alicante, était un site propice à l'exploitation du sel marin dans les lagunes environnantes. Le commerce du sel par voie maritime s'est développé au XIXème siècle vers les ports de Méditerranée et des Caraïbes. La flotte à voile de Torrevieja a compté jusqu'à 200 navires dont 64 pailebotes. Le nom « Pailebote » vient de l'anglais pilot's boat (bateau-pilote) mais il pouvait aussi être connu sous le nom de schooner (du français goélette et du breton gwelan, qui signifie mouette), puisque les deux définitions étaient valables pour ce même type de bateau. Le Pascual Flores en faisait partie et a servi au transport de fruits, de sel et de frets divers. Au fil des ans le voilier a changé de propriétaires et a subi de nombreuses modifications de structure, avant de finir ses jours en Angleterre, dans le port de Milford.
La ville de Torrevieja a racheté le Pascual Flores, en très mauvais état, en 1999 pour en faire un navire témoin de cette période florissante et devenir l'ambassadeur de la ville. Avec l'aide de la Fondation Nao Victoria il a été restauré pour devenir un navire musée flottant.
La Nébuleuse est un ancien dundee thonier construit au chantier naval Le Hir & Péron de Camaret. Il sert désormais de voilier de croisière au service des entreprises et des particuliers au départ des ports de Lézardrieux et Paimpol avec l’Enez Koalen. Ce voilier de pêche a été conçu pour la pêche au large du thon blanc et avait un moteur auxiliaire. Le gréement de dundee était composé de voiles auriques. Après son désarmement, il fut racheté en 1991 puis restauré pour le transformer en voilier de croisière.
Encore un fantastique galion espagnol La Nao Victoria. C'est la réplique du navire qui a fait le premier Tour du monde entre 1519 et 1522, le plus grand exploit maritime de tous les temps. Pour la première fois dans l’histoire maritime, un bateau part et revient dans son port d’attache, Séville, après avoir réussi à réaliser le « tour complet » de la planète.
La Nao Victoria est une réplique construite avec une rigueur historique méticuleuse dans laquelle les détails de l’original ont été respectés et constitue un authentique chef-d'œuvre de la charpenterie ibérique. En 2004, pour commémorer ce premier tour du monde et rendre un hommage vivant au travail des marins espagnols, la réplique de La Nao Victoria entame à nouveau, depuis Séville, un voyage autour du globe.
Navire préféré des pirates et des corsaires pour sa vitesse et sa maniabilité voici un brick. Le Morgenster est un brick hollandais, coque et pont acier, qui a rejoint les courses de grands voiliers après sa restauration en 2008. Il a été mis à la mer le 2 juin 2008. Avant sa remise en chantier, il a eu une longue carrière, depuis 1919, comme bateau de pêche en Mer du Nord.
3ème et dernière visite de notre séjour rouennais, un morutier, Le Marité. Portant le diminutif de Marie-Thérèse Le Borgne, fille de l'armateur et marraine du bateau, Le Marité est lancé le 24 juin 1923, à Fécamp. Il possède treize voiles et 3 mâts d'un poids d'une tonne, surmontés d'un mât de flèche de onze mètres. Il a pratiqué la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve de 1924 à 1929. A son origine, il était destiné au travail de morutier, mais au fil des ans, il est devenu un bateau de plaisance. Propriété de nombreuses collectivités normandes, ce navire servit de cadre à l'émission Thalassa durant quelques années. Depuis 2012, Le Marité, basé à Granville, embarque des passagers pour des navigations touristiques et participatives dans la baie de Granville, dans l'archipel des îles Chausey ainsi qu'à Cancale. Il a eu 100 ans le samedi 24 juin 2023, jour pour jour ! Toute la Normandie s'est mobilisée pour célébrer ce centenaire.
Pas facile d'être un mousse !
Apéroooooo !
Une autre curiosité, cette péniche traditionnelle hollandaise à 2 mats de 1906 avec ses 23m de long et 4m de large.
Ou encore le Renard, cotre à huniers emblématique, réplique du dernier bateau armé, en 1812, par le corsaire malouin Robert Surcouf (1773-1827).
Finissons notre tour de la marine à voile avec Le Français, véritable star du 7ème art. Anciennement appelé Le Kaskelot (littéralement « cachalot » en danois), Le Français est un trois-mâts barque à coque bois, construit au Danemark en 1948, pour la Royal Greenland Trading Company, rénové en 1983 pour les besoins du cinéma. En 1948, le Danemark lance ce navire en bois gréé en ketch et doté d'une double coque, comme ravitailleur pour le Groenland. Il sert ensuite comme navire de soutien de pêche aux îles Féroé.
Racheté en 1983 par le Britannique Robin Davies, il est transformé en trois-mâts barque, Il commence sa carrière cinématographique. En 1984, il rejoint le Groenland, et y est utilisé comme équivalent du Terra Nova du capitaine Scott, puis pour servir à remplacer Le Fram de Nansen, le voilier de L'Île au Trésor. En 1995, on le voit dans le film français Beaumarchais, l'insolent, puis au générique de la série La Rivière Espérance, tourné au large de Cherbourg.
Aujourd'hui, Le Kaskelot est rebaptisé Le Français. Il est disponible pour la formation des jeunes marins et pour des croisières, avec ses 3 cabines passagers
Voilà qui conclut notre séjour Rouennais et nous savons que nous reviendrons dans quelques années pour assister au départ de cette grande Armada le dimanche. A cette occasion tous les voiliers quittent Rouen en même temps pour redescendre la Seine jusqu'au Havre et on peut alors tous les apercevoir voiles déployées et marins dans les matures. Nous reprenons la route pour Paris et nous faisons une halte historique et culturelle à Giverny, résidence du peintre Claude Monet. A suivre.
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