dimanche 13 août 2023

Semaine bretonne en Alsace

 Les Bretons de Lassy sont dans la place pour 5 jours, il n'en faudra pas plus pour leur donner un aperçu des splendeurs alsaciennes, mettez vos ceintures, c'est parti !

JOUR 1

La première journée va les emmener au point le plus haut du Bas-Rhin, le Champ du feu et ses 1098 mètres.  J'ai commandé une belle météo et la vue est dégagée à 360°.



Nous descendons dans la vallée de la Bruche pour le moment mémoriel de ce jour avec la visite de l'ancien camp de concentration de Natzwiller au lieu-dit Struthof.

En septembre 1940, les nazis découvrent un filon de granite rose.  En mars 1941, Himmler, chef de la SS, ordonne de construire un camp de concentration pour son exploitation au profit des grands travaux de construction du Reich. Le 1er mai 1941, le Konzentrationslager Natzweiler (KL) est officiellement ouvert.
Les 21 et 23 mai 1941, les 300 premiers déportés arrivent sur site. Ils doivent construire le camp et les routes d’accès. L’exploitation de la carrière débute en mars 1942. Elle emploie jusqu’à 1 400 détenus.
A partir de 1943, des halls de démontage de moteurs d’avion sont installés à la carrière au profit de l’avionneur Junkers. Les impératifs de guerre prennent en effet le pas sur la construction de monuments.
En février, le camp est doté d’un four crématoire. Installé près de l’auberge du Struthof, il est déplacé à l’intérieur du camp de détention en octobre. Ce dernier aménagement marque la fin de la construction du camp.
De 1941 à 1944, le camp est le lieu d’expériences médicales : expériences sur les sulfamides, les gaz de combat (ypérite et phosgène), le typhus. Les nazis tentent également de constituer une collection anatomique de squelettes juifs. En avril 1943, une chambre à gaz, à visée expérimentale, est aménagée dans une annexe de l’auberge du Struthof.
En juin 1943, le camp devient par ailleurs le lieu de regroupement des victimes scandinaves du décret Nacht und Nebel (NN). A partir de novembre, tous les NN masculins doivent y être regroupés.
A la fin 1942, le KL Natzweiler commence à développer un réseau d’une cinquantaine de camps annexes sur les deux rives du Rhin. Si certains fonctionnent au service de la SS, le plus grand nombre est destiné à l’effort de guerre nazi.
A partir de septembre 1944, en raison de l'avance des Alliés, le camp principal et ses camps annexes de la rive gauche du Rhin sont évacués, principalement sur le KL Dachau en Bavière. 11 000 déportés, dont près de 6 000 pour le camp principal, sont transférés en Allemagne. Fait unique dans l’histoire concentrationnaire, Natzwiller continue malgré tout d’exister grâce à ses camps annexes situés sur la rive droite du Rhin.
Le camp principal est découvert par les Américains le 25 novembre 1944. Vidé de ses occupants, c’est le premier KL découvert à l’Ouest de l’Europe.
Sa fin définitive survient lors de l’évacuation des camps annexes situés en Allemagne en mars/avril 1945.
Entrée !

La clôture !

Un dortoir !

Le monument commémoratif !

Après cette visite qui ne peut nous laisser insensible , il est temps de se restaurer et nous nous retrouvons à la taverne de la Perle à Schirmeck pour un bon moment de convivialité en famille !

Petit pause lecture pour Lisa !

Pour conclure cette première journée nous remontons vers les cimes vosgiennes pour découvrir un joyau du patrimoine spirituel alsacien, le Mont Sainte Odile.
Haut lieu de pèlerinage dédié à Sainte Odile, patronne des Alsaciens, son couvent fait partie des sites incontournables avec le tombeau de Sainte Odile, les chapelles des Larmes et des Anges, la terrasse panoramique et la source miraculeuse.

Un peu d'Histoire : Odile, fille d’Etichon, duc d’Alsace, serait née aveugle. Rejetée par son père, elle fut cachée dans un monastère de Bourgogne et recouvra la vue le jour de son baptême. Son frère Hugues la ramena, mais quand Etichon voulut la marier à un jeune prince, elle s’échappa.

Miraculeusement, un rocher s’ouvrit devant elle. Etichon céda et pour sa fille, fonda sur la montagne le couvent de Hohenbourg dont Odile sera la première abbesse.



Il ne faut pas se fier aux parapluies, trois gouttes sont tombées au moment de la photo, ensuite le beau temps est revenu. Nous reprenons le chemin de la maison pour un repos bien mérité. Demain sera un autre jour.


JOUR 2

Les Bretons souhaitaient avoir un moment réservé à la randonnée. S'il n'est pas difficile de trouver un parcours tant le massif est immense, en revanche la gageure consiste à dénicher un sentier avec pas trop de dénivelé, si possible des vues lointaines et sous le couvert des arbres. A 30 min de voiture de la maison j'ai ce qu'il faut, le tour du massif du Coucou.

Nous déposons le véhicule au col de Fouchy à 606 m d'altitude et nous nous engageons vers la forêt domaniale de La Vancelle.

Abri délaissé au col du Petit Haut!

Le sentier s'élève lentement mais sûrement et nous prenons la direction du Chalmont. Nous atteignons le point haut de cette partie du chemin à 750 m d'altitude et nous redescendons pendant une vingtaine de minutes pour rejoindre le premier point de vue du circuit.

Nous y sommes !

Encore un petit effort et nous traversons le pont de pierre qui nous guide vers la plate-forme rocheuse qui nous offrira un panorama exceptionnel sur la vallée de Sainte Marie aux Mines.

Vallée de Sainte Marie aux Mines !

Pause bien méritée !

Nous rebroussons chemin et maintenant plus de 150 m de dénivelé nous attendent pendant la prochaine heure de marche. Le sentier est très agréable et le couvert forestier change en permanence entre feuillus et résineux.

Ho ! Hisse !

Nous atteignons maintenant le 2ème point de vue et nous restons quelques minutes sur cette nouvelle plate-forme rocheuse qui nous offre toujours la vallée de Sainte Marie aux Mines en arrière-plan et nous permet d'apercevoir tout le chemin parcouru depuis le rocher du Chalmont.


Nous évoluons maintenant sur la crête principale du massif qui nous amène tranquillement vers le point d'orgue de la journée mais auparavant passage par le rocher des partisans. Cette zone rocailleuse formée d'immenses rochers a servi de cache aux réfractaires du Service du travail obligatoire et à des prisonniers évadés pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Petite pause myrtilles !

Encore 10 minutes et nous arrivons au point de vue le plus exceptionnel du parcours avec un panorama complet sur la plaine du Rhin, l'Allemagne tout au fond, devant nous le château du Frankenbourg et l'entrée commune des vallées de Sainte Marie et de Villé. Nous sommes au rocher du Coucou à 856 m d'altitude.

L'endroit est parfait pour la pause de midi alors nous sortons le pique-nique des sacs et nous prenons une pause bien méritée, bravo les randonneurs !

Après ce pique-nique haut de gamme (compte tenu du lieu), nous reprenons notre itinéraire et il nous reste encore un tiers du circuit à parcourir. L'essentiel des ascensions est fait et désormais chaque pas nous rapproche du véhicule même s'il reste des petites montagnes russes à franchir mais surtout des curiosités à découvrir.

La première d'entre elles concerne la zone de la Roche des Fées avec ses amoncellements de grès rose et de poudingue. Concernant cette dernière, il s'agit d'une roche sédimentaire détritique consolidée, constituée de débris arrondis, qui sont d'anciens galets ayant subi un transport sur une certaine distance dans des rivières ou sur un littoral.

Selon certaines informations cet endroit était très certainement fréquenté par des prêtresses pour le culte celtique et il est aussi réputé comme un haut lieu vibratoire. D'après la légende des couples stériles se rendaient à cette place dans le ferme espoir de guérir.

Après avoir fait le plein de bonnes énergies, il nous reste un dernier effort pour rejoindre la dernière curiosité, le rocher de la Salière, grosse pierre posée en équilibre sur un socle très étroit. On grimpe quelques marches et depuis le sommet un panorama plein Nord sur le massif du champ du feu et la vallée de Breitenau s'offre à nos yeux.

Salière (650m) !

Il nous reste 2 kilomètres tout en descente pour rejoindre la voiture et les randonneurs fatigués mais heureux vont pouvoir récupérer d'une très belle sortie de plus de 15 km avec 600 m de dénivelé. Bravo !

JOUR 3

La journée d'hier a été sportive, aujourd'hui place à la culture alsacienne. Nous nous dirigeons vers Ungersheim où se situe le plus grand musée à ciel ouvert de France, l'Ecomusée d'Alsace. Il est organisé comme un village alsacien du début du 20e siècle et il présente une collection exceptionnelle de bâtiments et d'objets du quotidien.  Par ailleurs il participe à la transmission des gestes et des savoir-faire artisanaux.

La maison du barbier !

Caleçon long !

Je vous laisse deviner !


Près de 80 maisons traditionnelles ont été démontées poutre par poutre de leur commune d’origine afin d’être sauvegardées et remontées à l’Écomusée d’Alsace.

Parmi les savoir-faire nous avons la chance de passer au moment de la démonstration du maître forgeron. Nous allons y rester jusqu'au bout tant la prestation est exceptionnelle.

Photo de famille !

Intérieur d'une maison de maître !

Les inévitables cigognes !

Nettoyage du linge !

Dans l'auberge !

Nous passons un très bon long moment à l'écomusée et après s'y être restaurés nous faisons sur le chemin du retour un petit crochet par Colmar pour se promener au centre ville et y prendre un verre.

Nous faisons le tour des innombrables places et nous nous arrêtons du côté de l'Ancienne-Douane avec la célèbre fontaine Schwendi. Lazare de Schwendi (1522-1583) était un diplomate et général de Charles Quint et de Maximilien II. Mais pourquoi son nom est-il célèbre dans la région de Colmar ?

Entre 1564 et 1568, en tant que colonel de toutes les troupes allemandes à cheval et à pied il est envoyé en Hongrie pour combattre les turcs; le 11 février 1565, il prend d’assaut la forteresse de Tokaj : il aurait rapporté de son voyage le savoir-faire viticole de cette région du nord-est de la Hongrie et serait donc à l'origine du Tokay d'Alsace. Dans les faits c'est un peu plus compliqué et il faut savoir qu'aujourd'hui le nom Tokay est interdit en Alsace et qu'il faut parler de Pinot gris. Je vous renvoie à l'excellent article suivant : https://www.cheminsbioenalsace.fr/la-fabuleuse-histoire-du-tokay-pinot-gris-alsacien/.

 

La petite Venise !

Encore une belle journée et maintenant place à l'apéro !

JOUR 4

A la demande générale et notamment de Lisa et Florence, direction l'Allemagne pour une incursion en territoire étranger. Et rien de mieux que de se rendre à Fribourg pour une immersion teutonne au coeur de la principale ville de Forêt Noire. Nous nous garons en centre-ville et en 10 min de marche nous arrivons place de la cathédrale.



Nous déambulons ensuite au gré des petites rues pour aller de découvertes en découvertes car la ville regorge de façades décorées


Une véritable gretchen !

L'une des nombreuses tours qui dominent le centre-ville !

Les tramways !

Et pour conclure cette virée allemande, rien de mieux qu'un repas typique dans un Winstub avec l'inévitable Wienerschnitzel. Bon appétit !


DERNIER JOUR

Le séjour arrive bientôt à son terme et nous devons ramener les Bretons à Strasbourg pour attraper le train qui les transportera jusqu'à Rennes. Compte tenu de l'horaire de départ nous avons le temps de faire un tour dans la capitale alsacienne et nous les guidons une dernière fois à travers les ruelles de la vieille ville.



Nous passons devant la très belle cathédrale richement décorée !


Et nous nous engageons maintenant le long de l'Ill pour revenir vers la gare en pénétrant dans la petite France, magnifique quartier au bord de l'eau. 

Il fait un beau soleil et il est agréable de marcher le long du canal !

La Petite France !

Pour information, la Petite France était autrefois le quartier des tanneries et des meuneries de Strasbourg. Cette activité industrielle explique la présence de nombreux canaux dans le quartier, qui servaient à la fois à alimenter les usines en eau et à évacuer les déchets.

Un dernier verre à une terrasse ombragée et nous laissons les Bretons rejoindre leur contrée sauvage après un périple alsacien riche en découvertes historiques et culturelles qui leur aura donné un bel aperçu des particularités locales. Biss bàll !