Poursuivons nos pérégrinations alsaciennes en visitant le village préféré des français en 2013, Eguisheim. Située dans le Haut-Rhin à quelques kilomètres au Sud-Ouest de Colmar, cette cité médiévale est remarquable pour son architecture préservée des ravages de l'Histoire. Bâti autour de son château, ce beau village se déploie en cercles concentriques où nous allons flâner avec émerveillement.
Vous trouverez ci-dessous un plan extrait du livret touristique fourni sur place et nous allons démarrer notre circuit conformément aux instructions. Alors en route !
Nous atteignons rapidement le point de départ et faisons l'inévitable photo qui, parait-il, est celle la plus prise en Alsace. Nous sommes devant un ancien pigeonnier et comme vous pouvez le voir 2 petites ruelles s'offrent à nous. Eguisheim s'est construit à l'intérieur de deux remparts circulaires érigés au XI et XIV siècle. Les maisons ont été construites en s'appuyant contre le mur extérieur de l'ancienne muraille et la construction des dépendances agricoles côté intérieur. 2 rues parallèles ont ainsi été créées et celle de droite à pris le nom de Allmend.
Nous empruntons la rue de gauche totalement pavée et nous allons profiter des plus belles bâtisses à colombage du village.
Ce qui vient à l'esprit rapidement c'est la richesse des couleurs et le parfait entretien, véritable marque de fabrique de ce village. Les maisons sont toutes composées d'un rez-de-chaussée en pierre soutenant une ossature en bois. Jusqu'au 16ème siècle ce colombage reste sobre et le torchis avec badigeon s'impose. Il faut attendre le 17ème siècle pour voir apparaître les premières couleurs pastels et les décorations en bois qui ornent les façades, signes néanmoins réservés au plus fortunés.
La balade est très agréable et comme vous pouvez le constater il n'y a pas grand monde, un régal. Au détour d'une petite cour un ancien chariot de transport pour les hottes à raisins est bien mis en valeur.
Une autre caractéristique apparaît. De nombreuses façades possèdent une étagère extérieure qui permet ainsi de gagner de la place pour stocker soit des sarments de vigne qui sécheront tranquillement pour faire du bois de chauffe soit des hottes. Ces étagères protègeront également la façade du mauvais temps.
La boucle du village est rapidement effectuée et nous nous dirigeons maintenant vers son cœur et sa place du château agrémentée de la fontaine Léon IX. Selon l'Histoire une première résidence carolingienne aurait été construite à partir du 8ème siècle par un important propriétaire terrien du nom d'Egino (Eguisheim ?). En l'an 1000, un petit château fort de forme octogonale est érigé autour d'une cour intérieure et la chapelle actuelle a été construite au 19èmé siècle sur les restes du donjon.
Un personnage au destin illustre, Bruno d'Eguisheim, vit le jour le 21 juin 1002 dans le château. Il devint pape sous le nom de Léon IX.
Les armes du village, les clés de Saint Pierre et la crosse de Saint Léon.
Nous pénétrons dans la chapelle qui est consacrée à Léon IX et nous profitons d'une très belle luminosité qui met en valeur son intérieur éclatant de contrastes et de polychromies.
Intronisé Pape le 12 février 1049 à Rome, Bruno d'Eguisheim sera, durant cinq ans, un pontife voyageur, diplomate et conciliateur parcourant l'Europe en quête de paix entre les Chrétiens.
Après ce moment de quiétude, nous reprenons notre parcours non sans avoir remarqué de drôles de signes sur certains colombages. Il s'agit de signes dits Epigraphes. Il est ainsi de coutume qu'un couple appose ses initiales et la date de construction de son logis. La référence à Jésus-Christ est marquée par l'apposition du symbole IHS, Jesus Hominum Salvator. Le plus anecdotique est le recours au divin pour solliciter la bienveillance et implorer la protection de la maison mais aussi conjurer le mauvais sort ou s'assurer contre les incendies.
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Au-delà des signes apposés sur les colombages, nous trouvons également très souvent des gravures sur les linteaux des portes, et ce n'est pas une spécialité d'Eguisheim mais plutôt une typicité alsacienne. Cette fois nous parlons de signes lapidaires. Il s'agit parfois de la simple marque du tailleur de pierre, de dates gravées ou encore des initiales des propriétaires. Parfois c'est un peu plus sophistiqué et on observe alors la gravure d'un symbole codifié qui indique une corporation. Celui ci-dessous indique par exemple qu'il s'agit de la maison d'un tonnelier, métier affiché par la représentation de ses outils, deux pinces et un maillet. On peut ainsi trouver un billot pour le boucher ou l'enclume du forgeron (3° photo).
En quittant la place centrale nous contournons les anciens remparts pour nous diriger vers l'église St Pierre et St Paul. Un bruit de claquettes caractéristique nous fait lever la tête et nous apercevons des cigognes posées tranquillement dans leur nid.
Avant de pénétrer dans l'église nous profitons de ce grand clocher gothique érigé vers 1220 sur une base carolingienne (fin 9ème siècle) et romane (11ème siècle).
L'intérieur de l'église nous réserve une belle surprise car on peut y observer une Vierge Ouvrante, structure en bois polychrome très rare, datant du 13ème siècle et seul exemplaire en Alsace. La porte qui s'ouvre sur le devant offre l'accès à une scène religieuse, il resterait une quarantaine de vierges ouvrantes dans le monde.
L'autre belle surprise est ce tympan du porche intérieur qui illustre la parabole des vierges sages et des vierges folles.. Sous le regard du Christ, les vierges dissipées tiennent négligemment leurs lampes vers le bas se privant de la lumière conduisant à Dieu tandis que les vierges sages, en ordre, éclairent assurément leur marche vers le paradis.
Nous voilà bientôt au terme de notre visite et nous passons devant une cour comme il en existe plusieurs à Eguisheim, une cour dîmière. Ces cours ou ces fermes agricoles étaient le bien de nobles mais surtout de puissantes abbayes richement dotées de terres et de vignobles. Elles étaient le lieu de ventes, d'achats, d'échanges, de taxations et de gestion des productions notamment issues de la vigne mais également des céréales et des forêts. Regroupées dans l'enceinte du bourg elles sont ainsi à l'abri des pillages. Aujourd'hui, ces intérieurs existent encore et l'on y trouve des nombreux vignerons, la tradition perdure.
Cette fois nous quittons définitivement Eguisheim mais nous y retournerons sûrement car il y a encore des recoins à découvrir et ce village mérite le détour. Nous ne manquerons pas de le faire visiter à nos prochains hôtes. Nous vous laissons avec ces magnifiques enseignes qui valent à elles seules le déplacement...
Dernier clin d'œil !