La découverte du Street Art à Mulhouse fut une véritable révélation car il faut bien avouer que mon ignorance était très grande concernant cet environnement artistique. Alors quelle ne fut pas ma surprise lorsque nous découvrîmes à l'intérieur des fortifications de Neuf-Brisach classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'existence d'un musée dédié à l'art urbain. En avant pour la visite du MAUSA, 1200 m2 de façade murale graffitée.
Entrée du MAUSA !
Le musée est constitué de 2 ailes situées sous les remparts et chaque alvéole a été confiée à un artiste qui a eu carte blanche. Compte tenu de la taille de certaines œuvres, des artistes ont exposé au gré de leur inspiration ou de la configuration des lieux. C'est le cas justement d'Issac CORDAL, street artiste espagnol, dont la spécialité est la fabrication de petites figurines en ciment (15 à 20 cm) qu'il installe à la façon d'un metteur en scène dans l'espace urbain.
Issac CORDAL !
Cette fois l'artiste suivant expose sur les murs entiers. C'est le britannique Guy DENNING qui commence à peindre à l'huile à l'âge de 11 ans et qui se verra refuser plusieurs fois l'accès aux écoles de beaux-arts. Comme quoi il faut persévérer...
3 artistes pour le prix d'un maintenant. Béatrice pose dans un couloir qui comprend au fond un tag de Michel Pietsch, allias CREN, tout en lettres stylisées et juste en dessous une œuvre surprenante peinte par CREN avec un street artiste allemand AKTE ONE.
Ce dessin est exceptionnel car il est, d'une part, réalisé sur le coffre de la mythique Trabant, ce véhicule représentatif de l'ex Allemagne de l'Est et, d'autre part, aussi visible avec une paire de lunettes 3D. Les deux visages symbolisent la réunification des deux Allemagne et grâce aux lunettes, l'œuvre devient mouvante et l'effet de profondeur est troublant.
Quant au plafond, c'est une réalisation de POPAY avec 70m2 de voûte entièrement recouverte de formes géométriques à donner le vertige. Comme le dit l'artiste avec beaucoup de modestie, c'est un peu sa "chapelle Sixtine", "On est un peu dans un clin d'œil à Michel-Ange, je m'emballe un peu, mais c'est un peu comme la voûte céleste. Quand ça sera fini, on pourra s'allonger et être dedans". Je confirme !
La signature suivante est celle du brésilien WARK. Son histoire mérite qu'on s'arrête un peu sur son cas. Originaire de la plus grande favela du Brésil, il y règne en maître graffeur depuis plus de 15 ans et de nombreux jeunes sortent des difficultés grâce à l'institut qu'il y a implanté. L'apprentissage de la création artistique leur permet de mettre en valeur la vie de la communauté et le graffiti de WARK est toujours expressif et coloré et représente souvent des anges bienveillants et protecteurs.
Quittons le Brésil pour l'Angleterre avec le street artiste PURE EVIL, véritable touche à tout puisqu'il est entre autre, compositeur, animateur radio, DJ et graffeur.
Entrons dans l'alvéole réservée au franco-suisse NASTY qui oriente son travail sur les lettres et les couleurs acidulées. Il va hanter les couloirs et les rames du métro parisien. En arrière-plan sur le mur un dessin d'AKTE ONE.
Un peu de couleurs et des enfants sans visage tels sont en ce moment les codes du graffeur SETH. Encore un artiste aux multiples talents puisqu'il est à la fois, peintre, co-fondateur d'une maison d'édition et reporteur. Ce dernier métier lui donnera l'occasion de faire le tour du monde en 2003 car il animera pour Canal + l'émission "les nouveaux explorateurs".
Retournons au Brésil à la rencontre de l'artiste CRANIO qui cherche à défendre les valeurs des peuples amérindiens en provoquant un choc des cultures et une prise de conscience générale, "l'inutile remplaçant les savoirs, valeurs et traditions".
Petit passage par la Colombie avec l'artiste CHANOIR qui vit et travaille à Paris. Avec lui ce sont bonne humeur, sérénité et insouciance.
Et voici l'espagnol PEZ, le poisson. Il en met partout et c'est devenu sa signature.
Les deux dessins suivants devraient vous rappeler quelque chose ou quelqu'un. Il s'agit du graffeur JAUNE que nous avons découvert lors de notre déambulation dans Mulhouse. Ici c'est un festival de mise en situation.
Une pièce sombre se présente maintenant et seules quelques lampes rouges donnent un semblant d'éclairage. Nous pénétrons dans le monde du belge Denis MEYERS qui est un adepte des mots. Pour son installation il utilise la lumière bleue qui met en valeur son travail de façon unique. Un bon moment ! En cherchant des informations j'ai découvert que cet artiste a réalisé la plus grande œuvre de Street Art d'Europe. Il a utilisé un bâtiment désaffecté et y a consacré 18 mois non stop avec l'utilisation de 1500 bombes aérosols. Quelques 20 000 visiteurs chanceux ont pu découvrir son travail avant la destruction programmée du site.
Avez-vous remarqué l'artiste intégré à son œuvre ? Il est à droite au sommet de l'échelle, c'est le britannique Joseph FORD. Sa spécialité ? Le "Knited camouflage", autrement dit faire fondre dans l'environnement des personnes habillées de pulls patiemment tricotés par Nina DODD, une amie artiste. Bluffant !
Ci-dessous du Street Art avant l'heure et plutôt un témoignage d'une vie passée. Il s'agit des dessins, écritures et autres pochoirs réalisés en 1945 par des scouts venus se réfugier lors de bombardements. Tous les murs de l'alcôve en étaient recouverts.
Encore un brésilien, l'artiste SENNA qui étant daltonien est un adepte du noir et blanc.
Ci-dessous le français Philippe HERARD qui peint en acrylique sur toile ou sur papier kraft qu'il colle ensuite sur les murs de Paris. Il présente au MAUSA une illustration en 12 mots et 12 panneaux d'une phrase issue d'un roman de véronique Ovaldé.
Et maintenant un travail en 3D d'un autre français, LEVALET, spécialiste en art plastique.
Béatrice s'essaye au bombage mais elle a encore quelques progrès à faire avant de surpasser l'artiste suisse BUSTART qui présente ses 2 styles, le graffiti classique et le graffiti pop.
Nous arrivons bientôt à la fin de la visite et le mur du fond est recouvert d'un dessin de l'américain COLLA qui ne montre jamais son visage.
Et encore de l'art plastique avec la française SMOLUK qui détient les records du Monde et d'Europe des plus grandes baskets en carton. Pourquoi pas !
Et voilà la visite arrive à son terme et rien de mieux qu'un dernier clin d'œil au bâtisseur des lieux, Vauban lui-même, croqué par l'illustre C215, l'un des acteurs du Street Art les plus influents en France, son art, le pochoir. Il réalise sur des boîtes à lettres parisiennes de très nombreux portraits engagés comme Simone Veil, des "poilus", des résistants et de nombreux panthéonisés. Encore une très belle découverte.