samedi 4 juin 2022

Mulhouse - 1° partie - Le Vieux Mulhouse

Mulhouse. Je reviens 40 ans en arrière lorsque jeune sous-officier je servais à l'hôpital militaire de Fribourg et que je venais à la gare de Mulhouse en bus le dimanche soir pour récupérer les appelés en provenance du train de Paris. C'était encore l'époque de la conscription et une noria d'autocars militaires déposait les jeunes dans les différentes garnisons de l'ancienne République Fédérale d'Allemagne, autre temps ! Bref pas de souvenirs particuliers de la ville si ce ne sont les clichés d'une agglomération ouvrière avec des habitats contemporains loin des balcons fleuris alsaciens !

On arrive tranquillement au coeur de ville en 50 minutes de voiture et on trouve un parking à proximité de l'Office du tourisme. Nous y récupérons des idées de promenades et ce matin nous allons découvrir le "Vieux Mulhouse". Dès l'entrée en ville nous sommes agréablement surpris par l'architecture et le parcours emprunté guide nos pas vers la place de la Réunion, lieu emblématique de Mulhouse.


Quelle belle surprise ! En approchant de la place, nous apercevons déjà une remarquable façade décorée, il s'agit de l'Hôtel de ville. Détruit par un incendie en 1551 et reconstruit dès l'année suivante, il est qualifié par Montaigne de "palais magnifique et tout doré".

Il est orné depuis 1698 de décors en trompe-l'œil réalisés par Jean GABRIEL, artiste peintre né à Mulhouse, et il abrite aujourd'hui le musée historique. Nous sommes au coeur de la Renaissance Rhénane.



Poursuivons ce tour de piste et admirons toutes les façades colorées comme celle-ci en jaune pour mettre en valeur la boulangerie "Au bouton d'or".

Dans un angle, Guillaume Tell domine les passants !

Autre curiosité, ce magnifique immeuble Renaissance tout en blanc, la maison MIEG. Mais attention, encore un trompe-l'œil avec toutes les fausses pierres qui ont été dessinées. Construite en 1560 par Valentin FRIES, c'est la famille MIEG, propriétaire des lieux de 1675 à 1840 qui lui laisse son nom.


On ne peut pas manquer non plus l'immense Temple Saint-Etienne construit entre 1858 et 1868 sur l'emplacement d'une église datant du 12ème siècle qui lui a laissé notamment ses vitraux. Ce temple protestant présente aujourd'hui le clocher le plus élevé du Haut-Rhin avec ses 97 m et constitue le plus haut temple de France.

Encore une belle façade que celle du poêle de la tribu des tailleurs. Mais que vient faire le mot "poêle" dans cette locution ? En fait il faut remonter au Moyen-Age et associer ce nom avec celui d'association ou de corporation. Il s'agissait du lieu de regroupement de toutes les personnes exerçant un même métier et qui disposait donc d'un poêle, objet de luxe, qui fallait entretenir pour garantir un minimum de confort lors des différentes réunions. C'est un lieu convivial qui participe à la vie sociale. Les "maîtres" y prennent leur repas et dans ce lieu se joue souvent l'avenir de la profession. On y discute affaires et vie politique. L'immeuble des tailleurs date de 1564.

Et encore un "poêle" important, celui des vignerons. La façade date du 16ème siècle et la porte est surmontée de 3 serpes qui symbolisent le travail de la vigne, activité essentielle pour la ville avec notamment son coteau du Rebberg. 


Nous quittons la place de la Réunion qui doit son nom d'ailleurs à l'épisode historique du 15 mars 1798 qui vit la République de Mulhouse, ancienne cité-Etat, être rattachée à la République française. L'Histoire est constituée d'une multitude de petites histoires. Le guide nous permet de découvrir d'autres merveilles qui ne font pas toutes l'objet de description comme ce bel immeuble ci-dessous.


Nous débouchons rue des Boulangers et une curiosité apparaît perchée sur son socle, un homme de fer en armure de type hallebardier. Il s'agit d'une enseigne de la plus grande quincaillerie qui n'ait jamais existé en Alsace, la quincaillerie Mansbendel-Hartmann, grandes familles mulhousiennes. Elle a été créée en 1796 et ne cessera de s'agrandir jusque dans les années 1930. L'écu de notre hallebardier comporte les armoiries de la famille Mansbendel, 2 pattes d'ours et 3 losanges. Avis aux amateurs pour me donner la signification de ce type d'armoiries.

En passant par la place de la Concorde, nous utilisons le passage des Augustins qui tient son nom de l'ancien cloître des Augustins construit dès 1298. La Réforme en 1523 précipita la désaffection du monastère qui devint un hôpital jusqu'en 1624 avant d'être démoli vers 1760. Le passage fut creusé à ce moment là.


10 minutes plus tard nous arrivons à la petite chapelle Saint-Jean construite en 1269 par les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Avec la Réforme, les chevaliers quittent la ville et les biens sont saisis et vendus. Histoire surprenante, cette chapelle fut ensuite utilisée comme brasserie puis atelier de maréchal ferrant avant d'être classée monument historique en 1893.

Tombe mérovingienne !



Passage maintenant par la Cour des Chaînes avec cette belle construction érigée vers 1594. Elle abrite aujourd'hui l'Université Populaire créée en 1963 par le professeur Paul MEYER. Concept original car sa vocation est de répondre au besoin de se former autrement que par le dispositif scolaire ou universitaire grâce à l'énergie de 60 bénévoles.

Encore une surprise avec ce bâtiment intitulé "Cour de Lorraine". En 1765, il abrite une fabrique de toiles peintes puis une filature dès 1820. Malheureusement les usines brulent en 1870 et une école primaire prend alors la place. Comme il est écrit dans le guide, ce bâtiment fait figure d'exception au 18ème siècle car il est le seul à disposer de pierres de soubassement, de chaînages (renforts verticaux) et d'encadrements de baies en grès rose.

Pénétrons maintenant dans l'église Sainte-Marie. Au départ couvent des franciscains fondé pendant la deuxième moitié du 13ème siècle, l'essor de la future église Sainte-Marie est coupé par l'installation de la Réforme au 16ème siècle. L'ancien couvent a servi notamment de dépôt d'artillerie avant le rétablissement du culte catholique au début du 19ème siècle.




La visite se poursuit et nous passons sûrement devant l'une des plus belles réalisations de Mulhouse au 18ème siècle, la maison "Zum Loewenfels", le rocher du lion. Cet hôtel particulier deviendra une brasserie en 1847 avant d'être racheté par le Cercle Sainte-Marie en 1949 qui y installe le presbytère et le foyer de la paroisse.


Nous arrivons au terme de notre tour du Vieux Mulhouse et en repassant par la place de la Réunion quoi de mieux que d'immortaliser le passage de témoin entre l'ancien et le moderne avec notre hallebardier qui trône près de l'hôtel de ville avec en arrière-plan la tour de l'Europe, symbole fort des années 1970 avec sa forme triangulaire pour rappeler les trois pays qui se jouxtent à Mulhouse, l'Allemagne, la Suisse et la France bien sûr. Cette promenade fut réellement une belle découverte et après un bon repas pris au centre-ville nous entamerons cet après-midi un autre sentier particulier, celui du Street Art. A bientôt pour un article à suivre...


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