vendredi 5 mai 2023

Trois jours en Allemagne dans la Sarre et la vallée de la Moselle - 1° partie

En ce weekend du 1° mai qui dure trois jours rendons nous en Allemagne pour découvrir une magnifique région située plein Nord à 3 heures d'autocar de Châtenois, la Sarre et la vallée de la Moselle. Le périple complet comprend le passage de la frontière à Sarrebruck, l'ascension d'une tour d'observation en pleine nature pour admirer une boucle de la Sarre, la visite guidée de Trêves, 2 nuits d'hôtel à Cochem pour découvrir la ville et son remarquable château, une remontée de la Moselle en bateau d'une durée de 2 heures et enfin la visite d'un musée des minéraux à Ider Oberstein.



Après 2 h 30 de route nous atteignons la frontière allemande matérialisée par la rivière Sarre que nous traversons pour rentrer dans Sarrebruck. Cette rivière de 256 km prend sa source dans le massif vosgien et se jette ensuite dans la Moselle. Nous la suivons pendant 40 km pour atteindre le village de Mettlach où se trouve notre première activité de la journée, l'ascension du chemin des cimes et de sa tour panoramique.


Nous sommes en pleine nature et déjà un écureuil se présente à nous. D'une longueur totale de 1250 mètres et d'une hauteur variant de 3 à 23 mètres, le chemin des cimes serpente parmi les hêtres, chênes et douglas en direction de la "Saarschleiche", la boucle de la Sarre.

Progression sur la passerelle !

Mésange en train de picorer !

Nous atteignons le pied de la tour rapidement et maintenant commence l'ascension !

Le point culminant du chemin se trouve être ce belvédère haut de 42 mètres. Une fois parvenu sur la plateforme on se voit gratifier d'une vue imprenable sur le magnifique paysage du parc naturel Sarre-Hunsrück et sur la vallée de la Saarschleiche.

Photo de groupe de la chorale du Chœur du Hahnenberg !

Bateau de promenade sur la Sarre !

Nous reprenons la route direction Trêves mais auparavant une petite halte pour le déjeuner s'impose dans le charmant village de Mettlach, siège de la faïencerie Villeroy & Boch qui occupe l'ancienne abbaye dont la façade baroque orne la rive droite de la Sarre.

Petite chapelle !

Nous longeons toujours la Sarre en passant par Sarrebourg puis rejoignons bientôt sa zone de confluence avec la Moselle au niveau de Konz. Encore 5 km et nous arrivons à notre deuxième activité de ce jour, la visite guidée du centre historique de Trêves. 

Le chauffeur nous arrête devant le monument emblématique de Trêves, la Porta Nigra, la porte noire, et notre guide Henning se présente à nous, la visite peut commencer. Nous nous trouvons dans la plus ancienne ville d'Allemagne, nichée entre les monts de l'Eifel et le Hunsrück, au bord de la Moselle, c'est un véritable carrefour historique et point de rencontre entre les civilisations celtiques, germaniques et romaines.
Trêves fut une colonie romaine au Ier siècle de notre ère, puis un grand centre marchand au début du siècle suivant. Elle devint l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du IIIe siècle et fut qualifiée de « seconde Rome ». Aucun endroit au nord des Alpes ne comporte autant d'édifices romains et une telle densité de traces de colonie romaine conservés que Trèves, la « Rome du Nord ». Dans l'Antiquité tardive, Trèves était l’une des plus grandes villes de l'Empire romain.

Commençons donc par le monument emblématique de la ville de Trèves, la Porta Nigra, la Porte Noire. C'est le plus grand édifice romain sur le sol allemand. Elle était intégrée dans le mur d’enceinte de la ville et constituait son entrée Nord. Sa structure, qui combine une porte fortifiée monumentale et une architecture palatiale, en fait une réalisation singulière, sans autre exemple dans le monde romain.
Le nom nigra (noire) provient de la couleur sombre de la pierre : due à la patine des siècles, cette couleur est attestée dès le Moyen Âge.

La porte a été construite au cours de l’hiver 169-170 après J.-C. Flanquée de deux tours semi-circulaires à quatre niveaux, elle a été édifiée en grosses pierres de taille, dont certaines pèsent six tonnes. Elles furent ensuite superposées sans mortier et attachées horizontalement deux par deux à l’aide de crochets de fer plombés.

Vers l’an 1028, le moine grec Siméon vint s’installer comme ermite dans le monument et il s’y fit probablement cloîtrer, dans une cellule, tout en haut de la tour Est. Après sa mort en 1035, il fut inhumé au rez-de-chaussée et canonisé.

Poursuivons en passant sous le porche ouest et nous nous retrouvons au milieu de l'ancien monastère Saint-Siméon, avec son cloître à deux étages, l'un des monuments les plus précieux de l'architecture romane primitive. Le monastère a été fondé peu de temps après la mort de St. Siméon, en 1034, par l'archevêque Poppo.

Changeons encore de lieu et de siècle puisque quelques mètres plus loin en quittant le cloître nous tombons nez à nez avec l'un des plus illustre fils de Trêves, Karl Marx, né le 5 mai 1818. Il est à l’origine de l’une des idéologies les plus influentes de l’histoire en théorisant la valeur-travail. Il étudie le droit, l’histoire et la philosophie. Il développe une philosophie basée sur la lutte des classes qui est, selon lui, le moteur de l’histoire. En 1847, il crée avec Friedrich Engels la Ligue des communistes et rédige avec lui le Manifeste du parti communiste. Après l’échec de la Révolution allemande en 1848, il s’exile à Londres où il rédige son œuvre majeure, Le Capital, qu’il laisse inachevée.

Retournons vers le centre ville et admirons toutes les façades baroques qui se présentent à nous !


Avez-vous remarqué quelque chose d'inhabituelle sur cette façade ? La porte d'entrée située au 1° étage bien sur. Nous sommes devant l'une des treize maisons-tours médiévales à Trèves. Celle-ci, la Dreikönigenhaus (maison des 3 rois) appartenait probablement à une famille d'échevins et de conseillers. L'entrée principale était à l'origine située en hauteur, au premier étage, et à cette époque, la maison n'était accessible que par un escalier en bois, qui était démonté en cas de danger et remplacé par une échelle rétractable.

Encore une belle façade !


Autre moment d'histoire avec un arrêt Judengasse, la rue des juifs. Nous sommes au Moyen-Âge et les grands commerçants internationaux, prêteurs de capitaux et marchands de bestiaux juifs sont des acteurs importants de la vie économique au sein de la Principauté archiépiscopale de Trèves. Au début du 14ème siècle, la communauté juive connaît son âge d’or mais au milieu de ce siècle, les accusations contre les Juifs d’empoisonnement de puits détruisent la communauté. Les autorités ecclésiastiques et municipales se révèlent incapables de maîtriser la foule de pilleurs et les familles juives chassées de Trèves s’installent dans les villages alentour et y fondent de nouvelles communautés.


Le guide nous amène maintenant sur l'une des places les plus emblématiques de Trêves, la place Hauptmarkt, la place du marché. En son centre se dresse depuis 958 la Croix du Marché , symbole de la souveraineté de la ville et la Fontaine de Saint Pierre rehaussée de figures peintes datant du 16e siècle. Au sud de la place on admire l'église gothique St. Gangolf au superbe portail baroque et la "Steipe", ancienne maison des échevins.

Un petit mot sur ce remarquable bâtiment. Il servait de maison au conseil municipal et aux personnalités et disposait de salles de réception. Il fut inauguré en 1483 après 50 ans de travaux. Rien n'étant fait au hasard, il est intéressant de constater la présence de figures saintes juste en dessous de 2 chevaliers l'un masqué et armé l'autre visière relevée. En fait l'archevêque possédait sa cathédrale juste en face et la population souhaitait lui faire passer le message de leur plénitude et de leur propre pouvoir en lui montrant qu'elle l'avait toujours sous ses yeux.

Portail de Saint Gangolf !

la Croix du Marché !

La fontaine centrale !

En route vers la cathédrale !

La Cathédrale Saint-Pierre de Trèves n'est pas seulement la plus vieille église d'Allemagne, elle en est aussi la plus ancienne construction avec une histoire longue de 1700 ans. Sous l'évêque Agritius, une première grande basilique fut érigée de 310 à 320, au-dessus d´une maison d´habitation. 
Sous l'évêque Maximin (329-346) cette première basilique fut transformée au nord et l'est en un immense complexe d'églises, comprenant quatre basiliques, un baptistère et de nombreux bâtiments annexes. Ce centre religieux de Trèves devenait ainsi un des plus grands ensembles d´églises du 4ème siècle.
À partir de 340 fut bâtie, là où se trouve la Cathédrale, une nouvelle construction, le « quadrilatère romain », dont les murs extérieurs constituent, aujourd'hui encore, le noyau central de la Cathédrale.

Pour les plus curieux vous remarquerez que la partie gauche comprend une construction romane puis un clocher gothique et qu'à droite vous avez l'ancienne église gothique surmontée d'une finition romane.

Nous sommes passés à Trêves au moment des "Holy Rock Days", il y avait des prêtres et des sœurs à chaque coin de rue.

Procession !

Porche de la 2° église !

Intérieur de la cathédrale !

Chœur ouest dans le style baroque !

Le premier empereur romain à professer le christianisme fut Constantin le Grand. Après avoir mis fin aux persécutions il a aidé la religion à être reconnue dans le monde entier. L'un des actes chrétiens dont presque personne ne se souvient est pourtant toujours d'actualité, il déclara le dimanche comme jour férié et jour de repos dans tout l'Empire. un grand merci à lui !

Sinon autre chose remarquable, c'est cette magnifique basilique tout en sobriété. Cet édifice - ancienne salle de trône de l'empereur Constantin - est le plus grand espace fermé de l'antiquité qui ait survécu. Les romains souhaitaient exprimer par l'architecture grandeur et pouvoir de l'empereur, ce qu'ils ont réussi ici de façon particulièrement impressionnante: la pièce géante est si grande qu'un écho de 7 secondes répond au grand orgue !


Les dimensions de la basilique continuent à surprendre, l'intérieur a une largeur de 27,2m, une hauteur de 33m et une longueur de 67m - et même de 75m si on ajoute le porche d'entrée. Les caissons en bois font 9m2 de surface, incroyable ! Tout était fait pour impressionner le visiteur avec un empereur situé tout au fond sur une estrade, les fenêtres latérales plus grandes que celles de l'abside et un plancher chauffant sous le trône.

Nous arrivons bientôt au terme de cette superbe visite et collé à la Basilique se trouve un bâtiment totalement improbable, tout en style Renaissance et Rococo, le palais des Princes Electeurs. Pour un peu de culture, un prince-électeur était le titulaire d'un titre de haute noblesse attribué aux plus hauts princes du Saint-Empire ayant le privilège d'élire le roi des Romains, avant son couronnement comme empereur par le pape. Le bâtiment est achevé en 1676 et il est baptisé Saint-Pétersbourg en hommage à l'apôtre Pierre, le saint patron de Trèves. 

Armoirie à définir sur le fronton du bâtiment !

Voilà qui clôture cette première journée de visite en Rhénanie-Palatinat. Nous quittons Trêves pour Cochem, magnifique bourgade en bord de Moselle qui va nous accueillir pour 2 nuits. A très bientôt.


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