samedi 1 juillet 2023

Sortie canoé dans le Ried

A quelques kilomètres de Châtenois, dans la plaine du Rhin, existe une grande surface forestière appelée l'Illwald. Véritable poumon vert de la région, c'est une zone humide qui recèle des trésors comme un immense troupeau de daims, des castors et une flore remarquable. Après l'avoir empruntée à pied et à vélo aujourd'hui nous mettons le canoé à l'eau pour descendre le cours de l'Ill entre Illhaeusern et Sélestat, un tronçon d'environ 8 km à parcourir en 2 h.

Mise à l'eau !


Et c'est parti pour une descente tranquille. Pas de stress, on se laisse emporter par le léger courant pour profiter du calme de la rivière. 


Passage devant le restaurant doublement étoilé l'auberge de l'Ill situé 2 Rue de Collonges au Mont d'Or à Illhaeusern.

A la sortie du village il faut prendre l'embranchement de gauche pour rejoindre Sélestat. Celui de droite amène à une base de canoés située 2 heures plus bas et permet de poursuivre sur Strasbourg. C'est pour une autre fois.

Parfois les fonds sont hauts alors...

...il faut descendre et tirer le canoé !

La rivière est généralement très calme, quelques passages nécessitent cependant un peu d'attention pour éviter les hauts fonds car le débit n'est pas très important. Mais pour l'essentiel c'est très praticable.

On se croirait en forêt tropicale avec ce système racinaire digne de la mangrove !

Calme plat !

Et pour conclure cette belle matinée, quoi de mieux que de croiser en toute sérénité cette mignonne famille de cygnes qui nous a regardés passer sans broncher, il est vrai que nous nous sommes laissés glisser sans donner un seul coup de pagaie. Un très joli moment suspendu rendu possible grâce à notre mode de locomotion. Expérience à revivre très prochainement.


Le circuit des ruines du Nideck au départ d'Oberhaslach dans la vallée de la Hasel

En ce temps de grandes chaleurs rien ne vaut une bonne randonnée sous le couvert des arbres. Nous prenons la direction du village de Oberhaslach dans la vallée de la Hasel et nous laissons la voiture sur un parking aménagé près de l'auberge de la cascade du Nideck.

Nous allons emprunter un petit sentier qui longe la rivière Hasel et suivre son cours vers l'aval pendant environ 2 km. Nous sommes bien à l'abri des arbres et nous ne craindrons donc pas la chaleur. 



Quittons maintenant cet agréable sentier et suivons désormais le cercle bleu pour le reste de la randonnée à la découverte des ruines de nombreux châteaux. Nous pénétrons en pleine forêt et nous serons sur des montagnes russes pendant une dizaine de kilomètres.

La pente s'élève progressivement !

Cette fois le sentier devient montagneux et les ruines du premier château ne devraient pas tarder à apparaître.

Nous y sommes. Voici le château du Hohenstein situé à 640 m d'altitude et construit sur un éperon rocheux. Il en reste peu de chose mais un escalier abrupte nous permet d'accéder à une belle terrasse qui nous offre un panorama exceptionnel sur la vallée. Ce château fut bâti au 13e siècle par la famille de Hohenstein.

Panorama exceptionnel !


Nous reprenons le cours de notre périple et une belle piste nous permet de souffler un peu pendant 2 km avant de reprendre une pente sévère.


En pratique le sentier emprunte la ligne de crête et nous allons rejoindre 2 nouveaux châteaux situés chacun sur leur propre sommet séparés d'environ 2 kilomètres. Des passages au soleil accentuent un peu la difficulté mais rien de bien gênant.

Encore un effort !

Le mur d'enceinte apparaît !

Nous sommes au Grand Ringelstein à 645 m d'altitude !

Nous pouvons une nouvelle fois accéder au sommet de cette ruine et profiter d'une belle vue sur les Vosges même si la végétation est un peu dense. 

Ce château fut bâti au 12e siècle !

Après la montée, la descente. Le sentier est très agréable et bientôt apparaissent des buissons bien connus dans le massif vosgien.

Vous les reconnaissez ?

Et oui, des myrtilles ! Allez hop ! une petite poignée !



Fini la rigolade, 2e partie de la ligne de crête avec l'ascension vers le Petit Ringelstein.



Cette fois pas de château en tant que tel mais un grand mur d'enceinte. Construit en pierres sèches, son plan adopte une forme d’amande dont la pointe est orientée vers le nord. Il est entouré d’un fossé au nord et à l’ouest. Un étroit passage, côté nord-est, pourrait correspondre à l’ancienne porte. On ne décèle pas de traces de bâtiments ou d’une tour. Selon les sites historiques d'Alsace divers indices montrent que la partie haute de l’enceinte a été élevée à la hâte pour servir d’enceinte de siège lors de celui du château de Hohenstein en 1338 (un boulet de catapulte y a été découvert). 

Pause méritée !


Fossé Nord !

Nous avons désormais parcouru les kilomètres les plus difficiles et nous pouvons dorénavant marcher en toute décontraction toujours sous le couvert des arbres. Dans un carrefour nous tombons sur cette oeuvre contemporaine "installée" au coeur du massif. Il s'agit d'une sculpture en pierre réalisée par l'artiste ukrainienne Lyudmyla Mysko. Ayant trouvé refuge en Pologne avec son mari, elle est venue en séjour en Alsace est, sous leurs mains, est née une chaîne de pierre, symbole de liberté et de créativité retrouvée. "Je me sens à nouveau artiste" s'exclame-t-elle. "Mille merci aux gens du monde entier qui nous soutiennent. Grâce à cela, nous pouvons continuer notre vie d'artistes." Cette oeuvre fait partie des nouvelles installations posées en forêt dans le cadre du 5e symposium organisé par l'association les Géants du Nideck qui promeut l'art contemporain. Aujourd'hui 42 sculptures géantes sont accessibles dans le massif. Un vrai projet de randonnée à lui tout seul.

Passage devant l'étang du Kasperlehep ! Baignade interdite ! Pourquoi ?

Il est temps de faire la pause casse-croute et de faire sécher sa chemise ! Sinon cette pose ne vous rappelle rien ?

Apéroooooo !

Après le repas il est temps de se remettre en condition de marche et lorsque l'on a oublié ses chaussettes alors il faut faire appel à M. Système D. Un grand bout de tissu coupé en deux et une bonne couche de crème anti irritation feront l'affaire.

Emballé c'est pesé !

Nous reprenons de nouveau le cours de notre pérégrination après un repas pris tranquillement (1 h 20 de pause) et nous nous dirigeons vers la maison forestière du Nideck à partir de laquelle nous pourrons ensuite rejoindre notre dernier château du jour puis une cascade.


Il nous faut une quinzaine de minutes pour atteindre le château du Nideck qui se compose de deux parties, une tour basse et à 100 m plus haut une structure fortifiée.


Arrivée au pied de la tour basse !

Ce château inférieur dit Unternideck daterait probablement de la première moitié du XIIIe siècle. C'est un donjon carré avec son mur d'enceinte qui constituait alors un logis.

Les efforts ne sont pas finis car maintenant nous nous lançons à l'assaut du château supérieur et comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous les escaliers sont raides et la suite le sera tout autant.

Vous me croyez maintenant ?

La partie haute date de la même époque et les sièges successifs au XVe siècle lui donneront plusieurs propriétaires. La guerre de Trente ans en 1636 lui sera fatale.

Point de site mystérieux sans légende. Ici elle trouve sa source dans la tradition locale et a été contée en 1808 par un forestier à Charlotte Engelhardt, auteure de théâtre alsacien et poète. Les frères Grimm incorporèrent la légende des géants du Nideck dans un ouvrage qu'ils publièrent en 1816. Ce texte inspira à son tour le poète Aldabert Von Chamisso qui composa "Das Riesenfraülein", la fille du géant, poème devenu un classique de la littérature allemande appris par des générations d'écoliers sous l'empire germanique.
Est-ce la fille du géant ?

A vous d'apprendre ce poème. Interrogation orale dans 15 minutes.

Un jour, au gré de son jeu du moment la fille du géant sort du château et, descendant la colline
 elle parvient dans la vallée, excitée et curieuse des découvertes qu'elle pourrait y faire.
 En quelques enjambées, elle traverse la forêt atteignant Haslach, terre des hommes communs.
Là apparaissant à ses yeux émerveillés villes et villages, champs cultivés, tel un monde étrange. Regardant autour d'elle, elle aperçoit à ses pieds un paysan labourant son champ.
L'attelage bien sûr lui semble étrange. Tiens, quel beau jouet, s'exclame-t-elle "Je l'emmène chez moi". Prestement elle s'agenouille et étend son tablier.
 D'un geste elle balaie tout ce qui remue, et l'enferme dans sa draperie.
Par bonds joyeux elle retourne vers le château hélant son père
"Oh père... cher père, j'ai trouvé dans la vallée un jouet merveilleux,
 je n'en ai jamais vu de tels sur nos sommets."
 Le père attablé, buvant son vin bien frais observe la fillette avec complaisance et demande "Qu'apportes-tu de si frétillant dans ton tablier ?
 Fais-moi voir cette trouvaille qui te fait sautiller de joie".
Dépliant la draperie, elle étale avec précaution le paysan, la charrue avec son attelage
et elle bat des mains, saute et exulte, quand le gracieux ensemble se dresse sur la table.
Mais le père prenant son air le plus sérieux lui dit :
 "Qu'as-tu fais là ! c'est un paysan avec son attelage et ce n'est pas un jouet.
" Ramène-le où tu l'as pris de suite et sans réplique, fais ce que je t'ordonne,
 car sans le paysan tu n'aurais pas de pain.
 Du labeur de la paysannerie est issue de la lignée des géants, le paysan n'est pas un jouet, Dieu nous en garde "

Moralité : on a toujours besoins d'un plus petit que soi !

Après ce moment de poésie et de contemplation, nous reprenons le cours normal de notre randonnée et nous nous dirigeons vers la cascade située une dizaine de minute de marche plus bas. Le belvédère est bien indiqué par contre on ne voit pas d'eau depuis ce point de vue et les "marcheurs du dimanche" qui arrivent de la ferme auberge positionnée 20 minutes plus haut dans la pente ont quelques regrets. Il faut encore descendre un peu plus dans des escaliers pentus.

Encore un effort !

La cascade apparaît enfin. Culminant à 534 mètres d’altitude, le sommet de la cascade est bien visible et l’eau se jette d’une muraille de roche volcanique haute d’environ 25 mètres. Le couvert de la forêt et le ruissellement apportent une fraicheur bienfaisante.

Nous nous éloignons peu à peu pour bientôt atteindre notre point de départ de cette très belle randonnée physique d'une quinzaine de kilomètres pour 700 m de dénivelé. A recommander par temps chaud car nous sommes tout le temps à l'abri de la morsure du soleil.