De Hoï An à Hô Chi Minh.
Encore un réveil matinal, 5 heure, car aujourd'hui on quitte la grisaille du Centre Viet Nam pour rejoindre un haut lieu du pays du Dragon, le delta du Mékong et la capitale économique Hô Chi Minh, et cerise sur le gâteau, 25 à 30° de température !
Il faut une heure de bus pour atteindre l'aéroport de Da Nang, ville célèbre notamment pour avoir hébergé la plus grande base américaine de Marines lors de la guerre de 1965 puis encore 1 h 30 d'attente avant de pouvoir embarquer. 1 h 30 de vol plus tard nous nous posons sans encombre à l'aéroport international Tan Son Nhat.
Pas de doute, le climat est différent et notre bus a mis en route la climatisation. Hô Chi Minh, se situe entre le delta du Mékong et le sud du Vietnam, à 1 730km de Hanoi et 50km de la mer d’Orient. Rebaptisée en 1976 après le départ des Américains, l’ex capitale du sud Vietnam a gardé comme nom Saigon pour la plupart de ses 9 millions d’habitants. Ho Chi Minh s’est affirmée très tôt comme la capitale économique, elle comprend 19 arrondissements urbains et 5 arrondissements ruraux étendus sur plus de 2000 km2. Il ne s’écoule pas une heure du jour ou de la nuit sans que les rues ne résonnent des incessants coups de klaxons.
Une belle autoroute nous amène rapidement au centre-ville et au programme de cette fin de matinée c'est une balade à pied pour découvrir quelques monuments emblématiques. Il y a de nombreux vestiges de la colonisation française et en même temps cette cité présente un modernisme absolu.
Lors de notre passage en ville nous passons devant une école et notre guide nous apprend qu'elle a été fréquentée par une certaine Marguerite Duras. Un peu de culture littéraire grâce à celle que je ne connaissais pas avant. Elle est née le 4 avril 1914 à Gia Định, tout près de Saïgon, alors en Indochine française. C'est une enfant des colonies.
Ses parents se sont portés volontaires pour travailler dans la colonie de Cochinchine. Son père, Henri Donnadieu est directeur d'école et sa mère, Marie Donnadieu-Legrand est institutrice. Ils ont trois enfants, Pierre, Paul et Marguerite. Ignorant les préjugés raciaux et bravant les interdits sociaux, les enfants jouent et se lient avec leurs semblables "indigènes" et, contrairement à leurs parents, parlent vietnamien.
Sa jeunesse va se passer entre la France, le Cambodge et de nouveau le Viet Nam. Après le baccalauréat, elle rejoint Paris pour la suite de ses études et entrera en Résistance lors de la Deuxième guerre Mondiale. Après guerre sa carrière de romancière commence et sa vie sera une suite de vicissitudes à l'origine de ses nombreux succès. Elle s'éteint en 1996. Ce résumé très bref ne suffit pas à représenter le personnage que je vais maintenant chercher à mieux connaître.
Par la diversité et la modernité de son œuvre, qui renouvelle le genre romanesque et bouscule les conventions théâtrales et cinématographiques, elle est une figure majeure de la littérature de la seconde moitié du xxe siècle. Elle va rencontrer un immense succès public avec l'Amant, prix Goncourt en 1984 mais elle a participé à l'écriture de très nombreux ouvrages, pièces de théâtre et scénarios comme Hiroshima mon amour. Fin de la minute littéraire !

Nous sommes en coeur de ville et Huy fait stopper le bus devant le Palais de la Réunification. La balade pédestre peut commencer. Le Palais de la Réunification (ou Palais de l’Indépendance – Dinh Doc Lap) est un symbole de la victoire, de la paix et de l’intégrité territoriale du Vietnam. Grâce à son importance historique, il est l’un des sites majeur, attirant un grand nombre de touristes à Ho Chi Minh Ville.
À son emplacement s’élevait initialement le palais de Norodom (1868 – 1873), résidence du gouverneur général de la Cochinchine française jusqu’en 1845. En 1962, l’édifice fut bombardé par les avions d’une faction dissidente et le président Ngo Dinh Diem, qui sortit indemne de l’attentat, fit entièrement reconstruire le palais dans le style des années 1960.
Le 30 avril 1975, deux chars de l’armée nord-vietnamienne entrèrent dans le Palais de la Réunification, marquant la chute de la République du Vietnam.

Nous poursuivons notre visite et atteignons bientôt la cathédrale Notre Dame. De la cathédrale vous ne verrez que la statue principale située sur une place juste devant car les nombreux échafaudages la rendent invisible. Ce fut le 7 octobre 1877 que Monseigneur Isidore Colombert posa les premières pierres de la construction de la cathédrale. Une inauguration solennelle fut célébrée à Pâques en 1880. Ainsi naquît Notre Dame de Saïgon. Elle subit des modifications successives avec notamment l'ajout de deux clochers, la statue ci-dessous, sculptée dans du granit à Rome, fut érigée en 1959.
Par contre vous allez pouvoir découvrir comme nous, peut-être le monument le plus emblématique de Hô Chi Minh-ville, la poste centrale avec son allure de gare. Plongeons dans le Saïgon d'antan.
Nous voici devant la plus grande poste du pays et l’un des plus vieux bâtiments coloniaux, son jaune typique est rendu éclatant sous le soleil de l’après-midi et on ne passe devant sans contempler l’horloge joliment décorée qui tourne depuis près de 130 ans.
Bâtie en 1886 et achevée en 1891, la poste centrale de Saigon est restée debout avec sa forme intacte jusqu’à maintenant.
En pénétrant dans le bâtiment, grand et aéré, avec beaucoup d’espace, on remarque tout de suite les grandes arches métalliques au plafond créées par Eiffel et les comptoirs en bois sur les côtés rappellent à l’architecture d’une gare. Avec les fresques murales originales, les anciennes cabines téléphoniques, les vieux pots de colle pour les timbres et les espaces réservés au service de l'écriture,… on a l'impression d'avoir été temporairement transportés de Saigon à un pays européen au début du 20ème siècle.
Au fond de la salle, se trouve un grand portait de Ho Chi Minh. 38 comptoirs de la Poste centrale de Saigon répondent à tous les besoins postaux et téléphoniques des clients. En regardant à l'intérieur, vous verrez les quatre rangées de grandes tables en bois qui bordent le centre du bureau de poste pour servir les personnes souhaitant effectuer des transactions de contact, courrier, livraison express, etc. Les deux côtés du hall principal de la poste centrale de Saigon conservent toujours les anciennes boîtes aux lettres et les cabines téléphoniques qui rappellent une époque révolue.
C'est le bon moment pour écrire une carte !
Retournons à l'extérieur où Huy nous propose une glace bien rafraîchissante !
La chaleur est présente maintenant, quel contraste avec les jours précédents. Toujours à pied nous cheminons entre des bâtiments modernes et puis bientôt apparaît le magnifique édifice de l'Opéra de Saïgon. Encore une histoire coloniale.
Après avoir conquis la Cochinchine, le gouvernement français a invité une troupe de théâtre à se produire à Saigon pour la légion française en 1863. Au début, les représentations avaient lieu dans la maison en bois du palais du contremaître sur la place de l’Horloge. Peu de temps après, un théâtre temporaire a été installé à l’emplacement de l’actuel hôtel Caravelle. En 1898, la construction du nouveau théâtre a été lancée sur le site de l’ancien, et il a été inauguré le 1er janvier 1900. Les guerres successives occasionneront de nombreux dégâts mais il sera toujours restauré jusqu'à aujourd'hui.
Magnifique édifice !
Nous restons dans le même quartier et en moins de 10 minutes nous découvrons une nouvelle place bien mise en valeur avec en son centre une imposante statue de Hô Chi Minh et en arrière plan l'incroyable hôtel de ville.
Nous traversons toute la place pour admirer ce qui se fait de mieux en matière d'architecture coloniale. Il faut attendre jusqu’en 1909 pour que soit inauguré l’hôtel de ville de Saigon à l’occasion de la célébration de 50 ans de l’établissement du gouvernement français à Saigon (1859-1909), avec la présence du gouverneur général d’Indochine.
Construit entre 1901 et 1909, le bâtiment est conçu par Fernand Gardès, mais son architecture extérieure est confiée à Louis-Lucien Ruffier. Inspiré du style néo renaissance IIIème république, l’édifice se dénote par des murs au ton jaune pastel et blanc, une toiture élégante surmontée d’un beffroi typique du nord de France. Remarquable !
De nos jours, ce bâtiment exceptionnel abrite le Comité Populaire qui est l'organe exécutif pour la mise en oeuvre des réglementations nationales édictées par le pouvoir central et surtout des différentes résolutions adoptées par le bureau politique du parti communiste vietnamien conformément à l’article 4 de la Constitution qui affirme que "Le Parti communiste du Vietnam, (.....), est la force qui dirige l’Etat et la société".
Il commence à faire chaud car il est midi et c'est avec plaisir que nous retrouvons notre bus climatisé qui nous dépose bientôt devant notre restaurant.
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Bienvenue au Nha Hang Ngon !
Encore un très bon moment en perspective avec dégustation de « Banh Xeo », le type de crêpe vietnamienne que nous avons essayé de reproduire lors de notre virée chez les maraîchers de Hoï An. Ici elles ont une toute autre saveur malgré la présence des mêmes ingrédients à savoir une crêpe croustillante farcie de pousses de sojas, de tranches de porcs et de crevettes avec des légumes.
Pour cet après-midi pas besoin de bus car nous continuons à pied et au programme 2 visites intéressantes, le temple de Thien Hau et le plus grand marché de grossistes de Saïgon, le marché Binh Tay.
Le temple Thien Hau (également connue sous le nom de Mazu – Dame de la mer) joue un rôle important dans la vie culturelle et religieuse des Hoa, les vietnamiens d’origine chinoise de Saigon. Il a été construit en 1760 et a su garder son style original au fil du temps.
Le temple comprend trois bâtiments en enfilade, séparés par des cours intérieures, ce qui permet de maintenir un environnement clair et aéré. Le hall d’entrée comporte deux autels, l’un à droite au génie Phuc Duc Chanh Thân (Bonheur-Vertu), l’autre à gauche à Môn Quan Vuong (génie gardien de l’entrée), et une stèle de pierre sur laquelle est gravée la légende du Thiên Hâu Thanh Mâu.
Il faut prendre le temps de regarder les décors de la façade extérieure, le niveau de détail est impressionnant.
Patio !
La communauté chinoise y vient régulièrement pour brûler de l'encens particulièrement pendant cette période qui précède le Têt, le Nouvel An.
Les fidèles ont écrit sur des papiers rouges des prières pour Thien Hau et en tant que donateurs ils ont droit à une place sur les murs.
Voici Thien Hau, la Dame de la Mer. C'est une divinité importante de la religion traditionnelle chinoise qui est honorée dans les provinces maritimes du sud de la Chine et dans d'autres communautés maritimes parce qu'elles croient qu'elle a la capacité de sauver les marins et les pêcheurs en difficulté.
De nombreuses spirales d’encens allumées brulent au plafond, elles ont été achetées par les visiteurs du temple. Ils attachent ensuite leurs noms et leurs souhaits sur la bobine d'encens. Alors que la fumée de l'encens s'élève dans l'air, ils croient que leurs prières sont transmises à la divinité. La plupart des bobines d'encens sont grandes, avec un diamètre de plus d'un mètre et peuvent brûler pendant plusieurs semaines.
Après la sérénité du temple on retrouve la rue et son concert de klaxons. On poursuit à pied pendant une trentaine de minutes avant de rejoindre le grand marché. Les rues grouillent de scooters et malgré tout la traversée des voies de circulation et autres carrefours se fait sans difficultés
Petite halte dans une pharmacie pour acheter huiles essentielles et baumes du Tigre !
Nous progressons le long de trottoirs envahis d'échoppes en tout genre et le spectacle est permanent, aucune sollicitation de la part des commerçants, juste des sourires à notre passage ce qui rend notre promenade très agréable.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à un grand carrefour et un majestueux bâtiment se dresse devant nous, nous venons d'atteindre le plus grand marché de Hô Chi Minh, Binh Tay, 2,5 hectares sur 2 étages. Bâti en 1928 par un homme d’affaires chinois l’endroit jouait un rôle majeur dans des échanges entre Saigon et les localités du delta du Mékong.
Son entrée principale donnant sur la rue Thap Muoi est reconnaissable avec une horloge à quatre façades évoquant une certaine touche française. Le reste des secteurs du marché Binh Tay se distingue par les motifs typiquement asiatiques. Le toit est couvert de tuiles Yin-Yang agrémenté par un dragon en céramique bleu.
Notre guide nous fait faire le tour du rez de chaussée puis nous laisse libres si nous souhaitons faire le dernier étage. Nous formons un petit groupe et en avant pour de nouvelles découvertes. C'est un véritable capharnaüm avec ses 2300 stands multicolores. Ici pas d'achat possible sauf à vouloir repartir avec 50 casquettes, 10 kg de friandises ou 100 chemises. Une dernière consigne très importante, ici les gens travaillent et il y a un va et vient permanent de livreurs, aussi on les laisse passer car ils sont prioritaires. Tout se passe bien !




Juste un petit mot sur ces drôles de chemises en papier. Lors d'événement important comme la fête du Têt, la population vietnamienne a l’habitude de brûler des tonnes de papiers votifs, censés faire le lien entre le monde des vivants et celui des morts mais au-delà de cela, brûler des objets en papier est une tradition provenant de Chine et c'est la manière qu'ont les vietnamiens de transmettre leurs vœux aux morts. Il faut envoyer des offrandes aux génies pour que les ancêtres puissent être heureux. Ainsi en fonction des goûts et des besoins du défunt, on va incinérer sur l'autel des ancêtres des liasses entières de faux billets, des maisons, des voitures, la seule limite c'est l'imagination de la famille.


Nous venons de passer un moment exceptionnel et cet après midi nous a immergés dans le Saïgon du travail quotidien de milliers d'habitants. Le bus nous attend tranquillement devant le marché pour nous ramener à l'hôtel pour un repos bien mérité avant notre sortie habituelle du soir pour dîner à l'extérieur. Les 30 minutes de bus dans la circulation de fin de journée nous permettent aussi de prendre conscience de la modernité de cette ville extrêmement dynamique.
Une fois arrivés à l'hôtel nous nous changeons et vite direction le 17ème étage pour profiter de la vue offerte au niveau de la piscine extérieur, impressionnant et pour ceux qui ont le vertige mieux vaut s'abstenir !
Pour conclure en beauté cette journée nous allons nous faire un peu enfumer pendant une heure car ce soir c'est dîner barbecue avec une succession de vivres à griller juste devant notre nez puisque les fours garnis de charbons rougeoyants sont insérés directement dans la table, un régal !