Cette troisième journée va être exceptionnelle par la diversité des sujets étudiés. Nous démarrerons à Colmar par de la gourmandise avec le musée du chocolat, nous poursuivrons avec la maison du héros alsacien Hansi, et pour finir un peu d'Histoire naturelle avec notamment une exposition sur les dinosaures. Il restera du temps dans l'après-midi et Addysson a encore faim de découvertes alors on reprend la route du Nord pour rejoindre Erstein et on finit en beauté avec le musée d'art contemporain Wurth.
On a rendez-vous à 10 h ce matin et en attendant l'ouverture du musée on flâne dans les ruelles du centre ville très calme à cette heure.
La place de la collégiale Saint Martin a été entièrement "piétonisée", parfait pour les visiteurs matinaux. La perspective est très agréable désormais.
De l'autre côté de la collégiale nous avons de très belles maisons rénovées et au centre de la photo au niveau du porche c'est l'ancien Corps de garde de Colmar qui date de 1575. Il a remplacé l'ancienne chapelle Saint Jacques élevée en 1286.
Nous poursuivons notre déambulation et le passage par le porche du Corps de garde nous amène rue des Marchands et plus précisément quasiment devant la maison natale d'un célèbre alsacien, le sculpteur Auguste Bartholdi. Aujourd'hui transformée en musée, cette superbe maison possède une cour intérieure au milieu de laquelle trône la statue en bronze appelée "les grands soutiens du Monde", avec la Justice, le Travail et la Patrie. Ce site n'est pas prévu au programme mais nous le gardons en mémoire pour un prochain séjour.

Revenons à nos moutons ou plutôt à nos fèves de chocolat. Le rideau métallique est levé et nous commençons la visite. Nous sommes les premiers, nous aurons tout notre temps et pourrons profiter sereinement des informations fournies par notre audioguide. Nous partons à la découverte de l'histoire du chocolat chaud car dès l'origine il fut consommé en boisson. Dès 600 av. J.-C, d'après les traces de cacao retrouvées dans des pots en terre cuite, les Mayas de Colha (au Nord de l'actuel Belize, Amérique Centrale) buvaient du chocolat avec beaucoup de mousse.
Pendant l'ère précolombienne, les Mayas et les Aztèques mélangent le cacao à divers ingrédients (eau, farine de maïs, piments, miel…) en proportions variables dans de l'eau chaude selon la boisson voulue.
En 1519, Hernan Cortés débarque sur la Côte de l'actuel Mexique, les conquistadores découvrent alors la boisson au cacao et en 1527, rentrant en Espagne, Cortès rapporte la fameuse recette de chocolat chaud adaptée au goût des colons de la nouvelle Espagne ainsi que les ustensiles pour le préparer : chocolatière et moussoir.
Au début, la fève est tellement importante qu'elle sert de monnaie !
Pots à chocolat !
Moussoirs !
Chocolatières !
En 1615, Anne d'Autriche, infante d'Espagne, épouse Louis XIII et fait rapidement partager sa passion du chocolat chaud à la cour de France, la noblesse et l'aristocratie européennes se régalent de chocolat chaud. Puis en 1660, le mariage de Louis XIV avec Marie Thérèse d'Autriche, augmente l'engouement des courtisans pour le chocolat. Encore une affaire de mariage, 1725, Louis XV épouse Marie Leszcynska, elle raffole du chocolat chaud, de même que les favorites, qui en usent pour ses vertus aphrodisiaques. Il faut attendre le XVIIIème siècle en Angleterre, pour que le chocolat soit délayé dans du lait et non plus dans de l'eau.
Après la partie historique, nous arrivons dans une salle de music-hall avec jeux de lumières et musique. En fait toutes les pièces présentées sont 100% en chocolat, un travail d'orfèvre !
Nous finissons le parcours par l'inévitable dégustation de morceaux de chocolat afin de bien comprendre les subtilités entre les différentes sortes et bien sûr une boisson chaude chocolatée aux arômes particuliers vient conclure cette visite gourmande.
Nous retrouvons le centre ville pour une dizaine de minutes de déambulation avant de poursuivre notre parcours muséographique. Prochaine étape, de la culture alsacienne, pour découvrir un autre héros colmarien, Jean-Jacques Waltz, dit Hansi ou encore Oncle Hansi entrons dans le village. Et oui c'est un véritable petit village qui nous accueille avec au rez de chaussée une boutique qui vend tous ce qui se fait en matière de représentation de l'Alsace et à l'étage le musée proprement dit.
Avant cette visite, j'avoue que je n'avais qu'une très vague idée de ce personnage que j'avais réduit à un caricaturiste mais maintenant j'ai découvert un véritable ambassadeur des traditions populaires alsacienne. Né à Colmar en 1873, il s’est démarqué tout le long de sa vie, par ses illustrations, ses caricatures et ses aquarelles. Ses dessins mettent souvent en scène des enfants et représentent une Alsace fière de ses traditions, des qualités de son terroir et de ses produits.
En 1914, Hansi s’engage dans l’armée Française. Après la guerre, il produit de nombreuses illustrations de l’Alsace, publiées sous forme de cartes postales et de livres illustrés, ainsi que des menus et des publicités. En 1923, au décès de son père, il lui succède au poste de conservateur du célèbre musée Unterlinden. Puis, au début de la seconde guerre mondiale, Hansi est contraint à l’exil en France, puis en Suisse.
Il réalisa durant la guerre des affiches pour l’armée Française. Il finira par retourner à Colmar jusqu’à son décès le 10 juin 1951, laissant derrière lui de nombreuses œuvres.
Il est le dessinateur du célèbre logo des "Potasses d'Alsace"
La découverte de cet illustre personnage nous a ouvert l'appétit, ou ne serait ce pas la profusion de produits régionaux étalés au rez de chaussée ? Quoi qu'il en soit nous recherchons un restaurant et pour cela nous sommes prêts à traverser l'Atlantique.
Retour au centre ville en ce début d'après midi pour explorer le troisième thème du jour à Colmar, l'Histoire naturelle. Les animaux naturalisés du musée illustrent la richesse de la faune locale et exotique. Mammifères, reptiles, batraciens, poissons, oiseaux, insectes des forêts vosgiennes et de la plaine du Rhin, souvent menacés, côtoient de nombreuses et étonnantes espèces d’Afrique, d’Amérique...
Ce qui fait l'intérêt de ce site c'est la variété des sujets et Addysson y trouve tous ce qui lui plait. La géologie régionale et mondiale s’expose au travers de minéraux, roches et fossiles, témoins de l’activité de la Terre en Alsace, dans les Vosges et dans le monde durant des millions d’années.
Des objets d’art et d’artisanat extra-européens souvent rarissimes, témoignent des cultures et rites des habitants issus des cinq continents, en particulier des Iles Marquises, de Chine, d’Amérique latine et du Nord, d’Éthiopie et autres pays africains. Et l’Égypte ancienne est même présente dans deux salles.
Et en ce moment nous avons de la chance car une exposition temporaire présente une diversité de fossiles et de moulages de squelettes qui illustrent les relations, notamment de prédation et de défense, entre ces espèces aux dimensions souvent hors normes. On va pouvoir rencontrer l’un des plus grands prédateurs marins disparus, le plésiosaure, ainsi que l’ichthyosaure, l’une de ses proies et, cerise sur le gâteau, dans la cour du musée, une reconstitution grandeur nature d’un des plus grands et des plus complets squelettes de tyrannosaure, le T-rex Stan !
Il est où le reste du mammouth ?
Exceptionnelle reconstitution d'un combat entre un Plesiosaurus et un Ichthyosaurus !
Nous en avons pris plein la vue et ce muséum d'Histoire naturelle de Colmar vaut vraiment le déplacement. Il est à peine 15 h et Addysson se souvient que je lui ai parlé d'un site d'art contemporain lors de notre retour de La Wantzenau la veille. Nous ne nous y étions pas arrêtés car la journée était bien avancée. Alors pourquoi pas maintenant ? En avant, direction Erstein et la collection du musée Würth.
Le cycliste à terre de Jan Nelson !
Mais qui est Würth ? En fait c'est une entreprise familiale créée en 1945 à Künzelsau en Allemagne, leader mondial dans le développement, la fabrication et la distribution de matériel de montage et de fixation, visserie et chevilles par exemple. Son mécénat débute en 1991, à la maison mère, et depuis c'est 13 musées qui existent dont certains auprès des filiales étrangères comme ici à Erstein. Très belle initiative d'autant que l'accès est libre ce qui permet à tout à chacun de découvrir l'art contemporain.
Herbert KITZEL, Course, vers 1970
Oeuvre de Donna Stolz ! A mettre en parallèle au célèbre Discobole du sculpteur athénien Myron !
Oeuvre panoramique de Martin Liebscher !
Bronze en mouvement !
Si le sport a été mis à l'honneur, le musée Würth propose aussi un espace consacré au jeu d'échec et je vous propose les deux œuvres ci-dessous qui, une fois expliquées, nous permettent de les apprécier différemment.
Voici le dyptique de François Morellet, intitulé « Cavalièrement n°1 ». Le plasticien français a réalisé une synthèse parfaite entre art et science. Il a reproduit le parcours du cavalier sur un échiquier en partant de la case 1. Cette illustration montre que le cavalier peut parcourir la totalité de l’échiquier sans passer deux fois par la même case. À la fin du parcours, il parvient à un emplacement proche de sa position de départ, depuis lequel il peut repartir à l’identique. Fascinant !
Puisque nous parlons échec et bien terminons en beauté cette magnifique visite par une pause ludique. Addysson se lance ainsi dans une partie grandeur nature qui lui permettra de revenir sur terre après 1 heure de voyage dans l'imaginaire de l'art contemporain. Encore une journée exceptionnelle.