jeudi 26 octobre 2023

La cascade du Howald et le grand sapin de Strasbourg

La météo est maussade et la pluie est annoncée toute la semaine. Cependant il semble y avoir un créneau cet après-midi alors on met les bottes et on emporte une veste étanche pour une petite balade de 5 km au-dessus du village du Howald afin d'y découvrir sa cascade.

Nous nous garons à côté du camping Herrenhaus et empruntons le GR5 qui nous mènera jusqu'au sommet de la cascade. Dès le départ nous apercevons l'Esprit de la forêt, ce bloc rocheux sculpté par l'artiste Peter Bormann, qui nous rappelle que dans cette région il y a toujours eu des fables et des légendes. Laissez faire votre imagination !


Avec l'humidité ambiante les champignons poussent de partout sauf ceux que l'on aimerait ramasser pour notre consommation personnelle.



Le sentier est très plaisant mais attention aux pierres, aux feuilles et aux passages des petits ponts de bois particulièrement glissants.

A peu près à mi-chemin une stèle se dresse en bord de sentier et nous essayons de lire les inscriptions gravées sur la façade avant mais en vain. Nous savons néanmoins que c'est de l'allemand alors je ferais une recherche en rentrant à la maison car il y a sûrement quelqu'un qui a l'information.

Et quelle surprise cette stèle. Il était impossible de deviner sa raison d'être. Comment imaginer que ce monument a été élevé en souvenir d'un sapin, oui d'un sapin. La traduction littérale est la suivante : le sapin de Strasbourg dont chantait F. Rückert se trouvait ici.
Nous sommes en 1816 et en présence du poète et orientaliste allemand Friedrich Rückert considéré comme un génie à son époque parlant, parait il, 45 langues. Poète reconnu et apprécié des compositeurs de son temps, plusieurs de ses textes ont été mis en musique par les grands noms d'alors : Gustav Mahler, Robert Schumann et Franz Schubert.

Mais quel lien avec le sapin ? Le Grand Sapin de Strasbourg était situé près de la cascade du Hohwald, ce devait être un arbre remarquable puisque son souvenir est venu jusqu’à nous. Il était tricentenaire et fut abattu en 1816. C'est à cette occasion que Friedrich a écrit, à 28 ans, un long poème plein de charme certes, mais aussi teinté de nationalisme allemand. Il faut se rappeler que le sentiment pangermanisme est fort et que dans quelques années, 1871, l'Alsace et la Moselle redeviendront allemandes.

La stèle qui rappelle le poète et le résineux fut dressée lors du rattachement de l’Alsace à l’Allemagne et fort heureusement,  elle n’a pas été détruite lors du retour à la France.

Le Grand Sapin était le plus âgé des Vosges (325 ans), il donnait des signes de dépérissement et devait être abattu. Les autorités ont décidé d'organiser une véritable fête pour la chute du Grand Sapin. Plus d’un millier de spectateurs…hautbois, cors et violons… repas tiré du sac, les badauds ont emporté en souvenir des morceaux d’écorces, des lichens, des petits rameaux de cet arbre majestueux de 31 mètres de haut.

Chronologiquement, le Grand Sapin poussait au Hohwald avant que Christophe Colomb ne découvre l’Amérique !

(Article de Claude Jérome, paru dans L’Essor, N° 123 de juin 1984)

"Hier stand die von F. Rückert besungene Strassburger Tanne"

Après cette belle histoire nous voici arrivés au sommet de la cascade de la rivière Andlau qui prend sa source au sommet du Champ du Feu.

Vives les bottes !

Au plus près de la résurgence artificielle !


Plus bas !

Vue depuis la table de pique-nique en contre-bas !

Dernière photo avant le retour au parking !

C'est une petite promenade qui vaut la peine en toute saison et nous reviendrons cet hiver si la neige et la glace sont au rendez-vous. Au fait, c'est une chute d'eau artificielle et si vous continuez le sentier en suivant le GR5 vous trouverez plus haut la rivière Andlau séparée en deux parties avec d'un côté le cours naturel et de l'autre une buse installée près d'un petit pont qui permet ainsi de dériver l'eau dans une conduite qui alimente toute l'année la zone rocheuse pour former la cascade. Pas mal !





Le Bilstein

Il pleut en cette  fin d'octobre et pourtant nous avons encore pu profiter d'un weekend "chaleureux" et lumineux  pour randonner du côté de Ribeauvillé dans le massif du château du Bilstein. Nous nous garons sur l'un des parkings situé avant l'entrée dans la vallée et prenons les traces du GR5 comme point de repère pour commencer. Deux des trois châteaux  de Ribeauvillé sont visibles dès le départ, le Saint Ulrich à gauche et le Girsberg à droite.


Le sentier s'élève très vite dès la sortie de la ville !

Nous quittons pour l'instant le GR5 pour suivre maintenant le sentier puis le long chemin qui mène à la ferme-auberge de la Clausmatt où nous prenons notre pique-nique à l'ombre d'une tonnelle.

Vue depuis la tonnelle !

La Clausmatt !

Après le repas frugal nous poursuivons notre ascension du massif pour rejoindre un premier point haut appelé Sylo. La forêt est automnale et les feuilles recouvrent déjà le sol. Les couleurs sont magnifiques.

Les premières pierres du site apparaissent !

Nous voici arrivés aux ruines du Sylo et après quelques recherches sur internet je découvre que nous foulons le terrain d'un ancien béguinage du XIIIème siècle. Me voilà bien avancé ! Continuons à creuser !

Mes fouilles dans l'histoire m'amènent aux Pays-Bas où la notion de béguinage existe encore. Au Moyen Age c'était un lieu où vivait une communauté laïque de béguines, des femmes seules qu'il fallait soulager de la misère. Les logements étaient généralement regroupés en une ou deux rangées de petites maisons reliées par des coursives, le tout habituellement réuni autour d'une cour, où se trouvaient un jardin et une chapelle. Ils formaient de véritables villages dans la ville.

Il est intéressant de se rendre compte que cette notion revient en force aujourd'hui avec la création de résidence sénior qui vise à reproduire le concept de village au milieu du village.

Nous nous dirigeons ensuite vers le col du Seelacker qui se trouve plus haut que les ruines précédemment visitées.

Ancienne borne de délimitation aux armes de Riquewihr !


Petite pause au Seelacker avant l'ascension vers le Bilstein !

C'est parti !

Encore quelques marches !

En approche !

On y est !

Il est fait mention de ce château à partir du XIIème siècle lorsque le prévôt Mathieu, assassin de l'évêque de Toul y trouve refuge. Après divers changements de propriétaires il finira comme de nombreux châteaux d'Alsace, détruit par les Suédois lors de la guerre de Trente Ans (1618 - 1648), en raccourcis, les catholiques contre les protestants, les Habsbourg du Saint-Empire contre la monarchie française.

Aujourd'hui il reste essentiellement un très beau donjon avec sa double enceinte et une vue imprenable sur les crêtes des Vosges avoisinantes.

Nous sommes à mi-chemin et empruntons le sentier du retour !

Ancienne maison forestière de Baerenhütte.


Avant de quitter cette bâtisse, sachez qu'elle est mentionnée pour la première fois comme métairie en 1709 : elle faisait alors partie d’un apanage de la duchesse Anne de Wurtemberg.  Dans les années 1930, Charles Mettauer est nommé en ce lieu reculé comme garde forestier. Il crée un lieu convivial où les touristes de passage peuvent se restaurer et se reposer au terme d’une petite randonnée pédestre. Les anciens de Ribeauvillé se souviennent encore que les familles montaient à Aubure les dimanches et jours de fête avec les autocars Schlachter. C’était là un rendez-vous dominical très prisé jusqu’au début des années 1960. On se retrouvait entre amis pour jouer aux cartes, déguster quelques bonnes bouteilles. Les dames appréciaient particulièrement le café au lait avec bürabrot, beurre et miel de Madame Mettauer. Aujourd'hui l'ensemble est à l'abandon, dommage !

Maintenant descente jusqu'au parking !


Haut-Ribeaupierre en haut et Saint Ulrich !

Girsberg !

Arrivée sur Ribeauvillé !

Belle balade circulaire de 13 km avec 660 m de dénivelé en forêt automnale avec déjà les premières couleurs dorées.

lundi 23 octobre 2023

Compostelle 2023 - De 4 chemins au Puy en Velay en 6 jours - sixième et dernière journée

 Dimanche 8 octobre : de Tallode au Puy en Velay.

Déjà 5 jours de randonnée sur le chemin et nous devons nous rendre à l'évidence, nous nous engageons sur les derniers 10 km de ce périple, sûrement les plus faciles. Profitons en un maximum !

La chance nous sourit toujours car la météo est encore favorable et nous finirons avec un ciel lumineux parfait pour appréhender une dernière fois le panorama exceptionnel des volcans du Velay.

Nous quittons Tallode et rejoignons 1 km après le village principal de Saint Christophe sur Dolaizon qui abrite une église remarquable. Construite en pierre volcanique rougeâtre avec son magnifique clocher à peigne, elle présente sur son côté sud (à droite de l'image) plusieurs enfeus. Ce terme désigne les trois arches gothiques qui composent des niches funéraires pour abriter des tombeaux.


Remarquez la richesse des couleurs, cet édifice traduit la diversité des roches du sous-sol de la Haute Loire avec la pierre volcanique verte, les scories rouges, le basalte noir et l'arkose jaune.

Poursuivons le chemin !

Encore 872 m d'altitude !

Entre murets et frênes !

Pâturage !

La petite vallée où coule la Dolaizon !

Vers le hameau de La Roche !

On s'éloigne de Compostelle !

Au loin Polignac...

...et sa remarquable forteresse !

Plus de doute, on approche du Puy en Velay !

La basilique Saint Joseph d'Espaly Saint Marcel avec sa chapelle construite dans une grotte !

Cette fois on y est !

On approche du final avec 2 monuments emblématiques du Puy, sa cathédrale Notre-Dame et à gauche, la statue Notre-Dame de France !

Pèlerin !

Edifiée grâce à la fonte de 213 canons pris aux Russes lors du siège de la ville de Sébastopol durant la guerre de Crimée, la statue Notre-Dame de France, perchée à 757 m sur son rocher Corneille d’origine volcanique, veille sur la ville du Puy-en-Velay depuis 1860.
Œuvre du sculpteur Jean-Marie Bonnassieux, elle mesure 22,70 m de haut et pèse 835 tonnes. Sa réalisation est une véritable prouesse technique ! L’originalité de la statue monumentale réside dans le positionnement de l’enfant. Inhabituel dans l’art statuaire, la Vierge porte l’Enfant sur le bras droit afin qu’il bénisse la ville sans cacher le visage de sa mère.
La statue Notre Dame de France a été la statue la plus grande du monde jusqu’en 1886 et l’édification de la statue de la liberté.

Nous entrons en ville et il nous reste à suivre la coquille pour atteindre notre but ultime, la basilique du Puy en Velay, point de départ officiel de la voie Podiensis à près de 1600 km de Compostelle.

Une dernière ascension (sans compter les marches) !

Statuaire dans la montée !

Objectif atteint !

Notre étape du jour vient de se terminer au pied de la basilique. Nous faisons encore l'effort de monter les 134 marches qui mènent à l'entrée de ce superbe édifice roman polychrome et nous visitons discrètement l'intérieur car il y a une messe (nous sommes dimanche et il est 11 h). Je vous renvoie sur les sites officiels pour la description de ce site exceptionnel et vous indique seulement l'existence d'une Vierge Noire, objet de nombreux pèlerinage au cours des siècles, qui trône sur un maître autel baroque. L'actuelle effigie remplace celle qui aurait été offerte par Saint Louis à son retour de la croisade d'Egypte, et qui fut brûlée lors de la Révolution française.

Retour vers le parking de la gare !

Notre-Dame de France et l'enfant sur le bras droit !

Cette fois c'est vraiment terminé, nous retrouvons notre véhicule sans encombre au parking de la gare et après s'être remis en condition en mettant des vêtements propres nous entamons la route du retour avec plein de belles images dans la tête. Comme souvent on a envie de dire "déjà fini".

Nous aurons effectué une exceptionnelle semaine de randonnée avec beaucoup de belles rencontres et des panoramas à couper le souffle, le tout servi par une remarquable météo. A peine terminé que nous songeons déjà au futur en se disant que nous poursuivrons sûrement ce chemin pour remonter sur les plateaux de l'Aubrac et rejoindre la vallée du Lot. Mais c'est une autre histoire...

Bilan : 10 km - 2 h 20 - 110 D+ - 330 D-

Déjà 20 étapes sur les chemins...

Bilan total de la semaine :

107 km - 26 h 20 - 4 km/h moyenne - 2330 D+ - 2795 D-