dimanche 18 février 2024

Séjour au Vietnam du 16 au 28 janvier 2024. Jour 8 !

Une journée à Hoï An.

La vieille ville de Hoï An constitue l'une des attractions majeures de la région de Da Nang avec plus de 800 bâtiments d'intérêt historique. Cet ancien port marchand, particulièrement florissant du XVème siècle au XIXème siècle, est loin d’avoir volé son inscription à l’Unesco en 1999. Les vieux quartiers de Hoï An très bien préservés, reflètent la fusion des cultures entre traditions locales et influences étrangères qui se sont opérées au fil des siècles grâce aux échanges commerciaux perpétrés dans ce port traditionnel d’Asie du Sud-est.

Le Centre du Viet Nam est humide en ce moment et la pluie est encore au rendez-vous. Un bon parapluie et un moral au beau fixe vont nous permettre de passer une bonne journée d'ailleurs peut-il en être autrement lorsque nous visitons un tel pays ?

Le réveil de bonne heure me permet de faire un plongeon dans la piscine de l'hôtel avant d'aller prendre mon petit déjeuner et même de faire quelques photos matinales en profitant du calme ambiant car il n'y a évidemment personne dehors à cette heure là. Je récupère Béatrice pour lui faire partager ce moment car l'hôtel est au bord de la rivière Thu Bon et nous ne l'avions pas remarquée en arrivant hier soir.

Au-delà de la piscine il y a un restaurant sous une paillote et on aperçoit alors la rivière !

Une passerelle en bambou semble suspendue au dessus des eaux calmes !

Des bateaux de pêche attendent le départ !

Après ce bain revigorant place au petit-déjeuner !

La journée complète va être consacrée à Hoï An que l'on va découvrir à pied en empruntant ses ruelles authentiques.

Pour commencer la visite pénétrons tout d'abord dans un atelier qui travaille la soie naturelle et qui est capable de nous confectionner des tenues sur-mesure livrables le soir même à l'hôtel. Mais avant de parler vêtements proprement dit, voici en premier lieu un atelier qui réalise des tableaux exceptionnels avec du fil de soie, encore un travail de haute précision. Les personnels exécutent le dessin à partir d'une photographie et sont capables de tout reproduire à la demande.

Un tableau d'une cinquantaine de centimètres représentent près de 2 mois de travail à raison de 8 heures par jour, 6 jours par semaine !

Passons maintenant à la confection des tissus. Ici on commence déjà par produire la soie naturelle et dans l'atelier nous découvrons de grands paniers en osier remplis de chenilles de vers à soie, le Bombyx mori, le début du processus. Ces petites chenilles affamées ont besoin de manger régulièrement pour survivre et grandir, se nourrissant toutes les trois heures pendant la journée et six heures la nuit, mais elles sont difficiles, seules des feuilles de muriers leurs conviennent.

Il va falloir environ 1 mois pour que la chenille arrive « à maturité ». C'est très précis, et on procède alors au boisement qui lui permet de grimper dans des rameaux et de choisir une place pour filer son cocon. Il faut 3 jours pour faire le cocon et pas un de plus sinon on passe à l'étape de la chrysalide puis 15 jours après, le papillon, et, si on n'avait pas tué la chrysalide avant cette transformation. Il faut donc tuer la chrysalide, par étouffement, la sécher complètement, pour éviter la putréfaction. Ceci se fait soit à l'étuve, soit au caisson. Les cocons sont, dans ce dernier cas, disposés au-dessus d'une chambre à air chaud munie de ventilateurs, la température est de 83° pendant tout le temps de l'opération.
Etape du cocon !

Présentation des futures teintes !

Maintenant que nous avons un cocon prêt, il faut récupérer le fil de soie, c'est le démêlage à l’aide d’une machine à bouillir et à filer traditionnelle. Il faut utiliser des baguettes géantes pour saisir les cocons de l’eau bouillante et pincer le cocon ramolli avec les ongles pour trouver le brin de soie. Vous tirez ensuite quelque chose comme un fin brin de toile d’araignée et vous l’introduisez dans le fileur de fil.

Selon la grosseur du fil que l'on souhaite on dévide simultanément un certain nombre de cocons, on réunit les fils et on les fait passer dans un orifice unique appelé filière. Un cocon donne en moyenne 1 kilomètre de fil et il faut 6 kilos de cocons pour obtenir 1 kilo de soie. Quand un cocon est vidé, on prend le fil du suivant, on fait un nœud ce qui prolonge le fil initial. On obtient finalement un écheveau qui fera l'objet d'une teinture pour offrir une palette de couleurs.

Le travail de tissage peut maintenant commencer et selon la méthode utilisée on obtiendra différents types de tissus comme la mousseline, l'organza ou le satin par exemple. Pour l'anecdote, certains des grands métiers à tisser traditionnels peuvent prendre un ou plusieurs jours à deux personnes pour être préparer pour le tissage, ce qui nécessite 20 000 fils à enfiler dans chaque petit œil du métier. Encore un travail de patience.

Après cette visite d'atelier très intéressante et très instructive, nous passons inévitablement par la boutique et on ne peut qu'être admiratif des produits proposés. Certains se lâchent et se font faire des costumes ou des vestes quant à moi je vais me faire plaisir avec une chemise sur mesure. Normalement je devrais la retrouver à l'hôtel ce soir.

Nous quittons la soierie et à l'extérieur cet atelier possède aussi une fabrication de lanternes qui tourne à plein régime car leur Nouvelle Année arrive bientôt.

La vieille ville de Hoï An a gardé sa forme et sa fonction d’origine et constitue un exemple éminent et très bien préservé de port de commerce et de centre d’échanges traditionnel de l’Asie du sud-est. La ville est demeurée un ensemble complet et homogène de bâtiments traditionnels en bois avec son plan urbain d’origine qui s’est développé de façon naturelle dans le cadre initial du site entre le fleuve et le littoral. Nous poursuivons notre visite de cette vieille ville et nous dirigeons vers le pont japonais symbole historique de la ville construit en 1593 qui reliait le quartier chinois au quartier japonais. Malheureusement il est en travaux et nous ne verrons qu'un échafaudage.

Comment ça tient ?

Important port marchand d'Asie du Sud-Est du XVe au XIXe siècle, Hoï An a gardé en héritage les traditions autochtones aussi bien que les influences étrangères, la vieille ville abrite donc de nombreuses anciennes maisons de marchands mais également des temples appartenant aux différentes communautés qui peuplèrent la ville. Allons donc en découvrir un, celui de la salle de l'Assemblée cantonaise qui constitue également un lieu religieux particulier pour les Chinois lorsqu'ils se sont installés ici.


On passe sous un portique richement décoré et on arrive dans un patio avec son grand jardin présentant des plantes ornementales soigneusement entretenues et façonnées. Au milieu de la cour se trouve une sculpture simulant un lac et une statue de dragon toute en mosaïque.

Entrons dans le bâtiment suivant qui propose plusieurs autels. À l'intérieur du sanctuaire, la statue imposante du général Quan Van Truong, vêtu d'un costume orné de dragons, capte l'attention. Les statues de Chau Thuong et Quan Binh, gardiens fidèles de Quan Cong, ainsi que deux chevaux accompagnant le général dans ses batailles, ajoutent à la splendeur du temple. 

La zone arrière du temple est très spacieuse avec de nombreux arbres. Le point culminant est une fontaine en forme de dragons délicatement sculptée et une grande peinture de Quan Van Truong.

La fresque murale dédiée au général Quan Van Truong !

Petit pont de bois !

Si les temples sont nombreux, Hoï An propose aussi de très nombreuses maisons anciennes que l'on peut aussi visiter. Pour les reconnaître, c'est facile, il faut repérer les deux symboles Yin et Yang au dessus de la porte d'entrée.

Notre guide nous amène chez la famille Le. La maison de Tan Ky a été construite en 1741 et la maison actuelle reste inchangée. Elle appartient à la famille depuis 8 générations et la deuxième propriétaire l'a nommée Tấn Ký selon son prénom, pour faire du commerce des produits agricoles. C'est un véritable retour vers le passé !

Elle est composée de quatre parties dont chacune à une fonction particulière. La première était pour accueillir les marchands, la deuxième la salle à manger, la troisième la cour et la quatrième la chambre à coucher, tandis qu'un accès tout au fond permettait de réceptionner les marchandises venues de la rivière.

La maison est une véritable invitation à la contemplation. Y pénétrer c’est comme replonger dans le Hoï An de l’époque où jadis la cité était un port marchand très actif et prospère. Le propriétaire actuel de la maison a conservé son design d’intérieur intacte et le mobilier ancien de très belle facture ainsi que de nombreux vestiges des échanges commerciaux et culturels entre les marchands vietnamiens, chinois et japonais qui firent de Hoï An une ville incontournable sur la route de la soie. On ne sait pas où regarder tellement il y a de détails.

L'autel !

De retour dans la rue nous pérégrinons sans but précis à la recherche des façades typiques jusqu'à ce que notre guide nous donne le top départ pour la prochaine activité qui se fera sur notre lieu de déjeuner.


Pour ce faire nous reprenons le bus car il faut rejoindre le village typique de Tra Qué où les autochtones vivent du jardinage avec salades et autres feuilles aromatiques. Le bus nous dépose et nous marchons une vingtaine de minutes à travers les diverses plantations où tout est tiré au cordeau.



Nous apercevons le restaurant qui va nous accueillir pour ce midi mais si l'on veut manger il faut passer aux fourneaux car maintenant va avoir lieu une initiation à la cuisine vietnamienne.

Bienvenue au MAI HOME HOÏ AN !

Allez, tout le monde en cuisine pour préparer des crêpes vietnamiennes à base de farine de riz. Pour faire simple, on met de l'huile dans une poêle, dès que cela grésille on y met une louche de pâte puis à mi cuisson on ajoute du soja, de la viande de bœuf ou des crevettes et on plie en deux pour former un croissant. L'ensemble est servi croustillant accompagné d'une feuille de salade et de plantes aromatiques.

Non ce n'est pas gras !

Tout le monde aux fourneaux !

Comme nous sommes nombreux 2 équipes ont été formées et quand certains cuisinent d'autres reçoivent un massage de pieds aux herbes de vingt minutes ! Trop cool l'initiation à la cuisine vietnamienne.

Comme nous avons bien travaillé nous recevons notre repas, bien garni comme d'habitude, et c'est encore l'occasion de déguster une spécialité locale, le Tam Huu, une sorte de rouleau de printemps. C'est un plat composé de crevettes, de porc et d’herbes aromatiques (souvent le basilic thaï). Ces trois ingrédients, attachés par un brin de ciboulette, sont considérés comme « des amis inséparables ». Par conséquent, ce plat représente l’amitié fidèle et intime. Les gens de Tra Qué invitent les visiteurs à déguster ce plat pour exprimer leur hospitalité.

La journée suit son cours tranquillement et nous revenons en ville pour poursuivre nos découvertes et toujours profiter de cette belle ambiance des marchés.



Et admirer cette belle bibliothèque ambulante !

Nous n'en n'avions pas encore vu de près, voici un autre symbole fort du Viet Nam ou plutôt de la femme vietnamienne, ce fameux balancier appelé palanche. A lui seul je pourrai dédier un article tellement sa signification est grande ici.

Dans l’inconscient collectif vietnamien, le fléau en bambou évoque les travaux et les jours du paysan, ses joies et surtout ses peines et en particulier la destinée de la femme, faite de résignation, de courage et de sacrifice. Depuis les activités quotidiennes (travaux champêtres, commerce sur les marchés...) jusqu’aux grands travaux d’utilité publique (construction de digues, ravitaillement de l’armée comme lors des batailles de Diên Biên Phu, de Saigon...), tout passe encore par l’épaule des paysans et des paysannes.

Parcourir une dizaine de kilomètres chaque jour, en portant de 20 à 30 kilos c'était le sort dévolu aux femmes de l’ancien Vietnam qui, outre les travaux agricoles, devaient encore faire du petit commerce pour boucler le budget familial. L'homme en général s’abstenait de faire du commerce. Et si le mari était un lettré qui passait de longues années à briguer les honneurs des concours de mandarins, il se faisait nourrir, lui et ses enfants, grâce à la palanche de sa femme.

La palanche est l’image de la fidélité conjugale, c’est aussi le symbole du dévouement de la femme traditionnelle qui devait, à elle seule, porter le fardeau, non seulement de sa famille, mais encore celui de la famille de son mari. Heureusement le modernisme est arrivé amenant bicyclettes et tracteurs et comme on peut lire localement, espérons que la libération de l’épaule se fera en même temps que l’émancipation de la femme.

Ici c'est une marchande ambulante pour touristes !


Terminons cette agréable journée par une promenade en bateau sur la rivière de Thu Bon pour observer le travail des pêcheurs. En pratique on ne verra pas grand chose car la pluie va être de la partie mais nous profiterons encore de ces moments de tranquillité pour juste regarder et laisser le temps passer.




Notre sympathique pilote...

...qui m'a prêté son chapeau conique !


Ce soir nous dinerons toujours dans un restaurant local avec dégustation de plats uniques à Hoï An comme le Banh Vac, une sorte de ravioli à la viande hachée en feuille de riz avec coriandre et gingembre, délicieux aussi avec sa farce de crevettes. Encore des découvertes intéressantes.

Au fait j'ai bien récupéré ma chemise à l'hôtel, incroyable !





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