De Ha Long à Ninh Binh.
Que la nuit fut calme ! Et au petit matin le teuf teuf teuf teuf teuf lointain du moteur d'une barque de pêcheur nous rappelle que nous avons dormi en mer !
5 h 45. Lever en douceur pour ne pas réveiller Béatrice et rejoindre en silence 6 autres compagnons sur le pont supérieur de notre jonque pour une séance originale de Tai Chi, cet art traditionnel venu de Chine caractérisé par la lenteur de ses gestes. Vive les vacances et les grasses matinées. Finalement Béa me rejoint au bout de 10 minutes et se joint à ce moment irréel.
Souvenir exceptionnel d'un réveil musculaire tout en douceur sous la douce brise de la baie d'Ha Long avec en prime le lever du soleil. 30 minutes de sérénité plus tard nous redescendons à la salle à manger et prenons notre petit déjeuner.
Huy nous donne les grandes lignes du programme du jour avec la visite de l'une des nombreuses grottes de la baie, puis retour à terre avant midi en ayant pris le temps d'un brunch copieux, visite d'une ferme d'élevage de perles de culture à la sortie de Ha Long, déplacement jusqu'à Ninh Binh notre étape du soir située à quelques 150 km dans le delta du Fleuve Rouge en s'étant arrêtés auparavant dans le village de Vinh Bao où les villageois nous feront une représentation d'un spectacle de marionnettes sur l'eau, véritable institution vietnamienne.
Deux catégories d’îles ont été répertoriées: les îles de calcaire et de schiste. Leur formation remonterait à 250 ou 280 millions d’années. Des grottes et des cavernes dorment donc tranquillement sur ces îles enchanteresses habitées depuis la préhistoire environ 4000 ans avant notre ère.
La baie d'Ha Long a été le théâtre de plusieurs batailles navales. Ce labyrinthe a permis à l'armée vietnamienne de stopper l'Empire chinois voisin par trois fois. En 1288, les vietnamiens stoppent l'invasion de l'Empire mongol en coulant leur flotte . Des pieux ayant servi à l'époque ont été retrouvés dans la « grotte des Bouts de Bois » de l'île des Merveilles, et sont depuis exposés au musée d'Haïphong.
À la fin du XVIIIème siècle, la baie servait de refuge de piraterie, que les autorités chinoises et vietnamiennes ne parvenaient pas à éradiquer. À partir de 1810, les pirates abandonnent le site et remontent les fleuves, chassés par la Royal Navy de l'Empire britannique.
Pendant la colonisation de l'Indochine française (1887-1954) les Français ont cartographié la baie et ont baptisé certains îlots. Enfin, pendant la guerre du Viet Nam, de nombreux passages ont été minés par les troupes américaines.
Il est temps maintenant d'embarquer sur la navette pour rejoindre la grotte « Thien Canh Son ». Elle se compose de 3 cavernes principales auxquelles on ne peut accéder que par un chemin caché à travers un épais couvert forestier.
L’entrée de la grotte ne correspond pas à ce qu’elle cache à l’intérieur. Une belle surprise nous attend.
Si la grotte n'est pas immense elle révèle néanmoins de belles structures mises en valeur par un éclairage minimaliste. Selon le guide chacun créera son monde imaginaire en apercevant des fleurs de lotus, un bébé éléphant voire un phoque.
Nous quittons ce bel endroit et revenons vers l'embarcation non sans avoir fait un tour sur la jolie plage de sable où les étoiles de mer se comptent pas dizaines bien camouflées dans le sable. Il semblerait que cette plage ait servi de décor au film Indochine et que notre Catherine Deneuve nationale y aurait laissé ses empreintes de pieds. Il faut que je regarde ce film.
Retour à notre jonque qui lève l'ancre pour nous proposer un dernier tour d'horizon de cette magnifique baie qui s'anime avec des barques de pêcheurs. Le soleil, timide jusqu'à présent, se montre plus volontiers nous offrant par la même un spectacle différent avec des tableaux aux couleurs plus vives.
Comme prévu un brunch consistant nous est proposé car la route va être longue jusqu'à Ninh Binh !
Ha Long et ses fresques !
Moins de 15 minutes de bus plus tard, nous faisons halte dans une ferme d'élevage de perles de culture. On arrive dans la caverne d'Ali Baba. Nous passons par l'atelier où nous voyons le travail extrêmement minutieux des artisanes puis évidemment finissons par le magasin qui arbore les plus belles pièces qui soient avec de véritables œuvres d'art.
Le travail à l'atelier relève d'un bloc chirurgical tant les gestes de l'opération sont minutieux. La naissance de la perle nécessite de longues étapes dont l'élevage de l'huître qui doit répondre à de nombreux critères. Ayant atteint la taille requise l'huître va passer entre les mains de l'experte qui procède à la délicate manœuvre de la greffe. On ouvre alors très précautionneusement l'huître, une petite incision dans la poche perlière est réalisée pour y insérer un greffon et une petite bille issue elle-même d'un morceau de coquillage quand le greffon est un morceau de chair prélevé sur une huître donneuse.
Suite à l’opération, une période de 45 jours est nécessaire pour savoir s’il y a eu rejet du noyau ou bien la mort de l’huître. Si au contraire, le noyau et le greffon sont acceptés par l’huître porteuse, cette dernière va produire pendant 24 mois une couche de nacre pour se protéger. Environ 30% des huîtres vont atteindre la ligne d'arrivée.
Le résultat final !
Après cette visite originale, nous reprenons le bus pour une heure de route et chacun vaque à ses occupations comme dormir pour se reposer par exemple ou bien profiter du paysage qui défile devant nos yeux.
Le village de Vinh Bao est bientôt atteint et le chauffeur du bus nous dépose devant une magnifique porte comme il y en a souvent au Vietnam. Nous cheminons à travers un quartier pittoresque toujours aussi animé et coloré où les autochtones semblent en permanence ravis de notre passage. On assiste ainsi à des scènes de leur vie quotidienne sans aucune gêne et sans contrepartie.
Elle prend la pose dès qu'elle voit mon appareil photo !
Et lui aussi !
Ce cheminement nous amène bientôt devant une pagode posée sur l'eau et nous comprenons alors que nous avons atteint le lieu du spectacle qui nous est proposé aujourd'hui, à savoir le théâtre de marionnettes sur l'eau, "Mua Roi Nuoc", autre emblème vietnamien, tradition millénaire du delta du Fleuve Rouge.
Un artiste se dirige vers la pagode rejoindre ses autres camarades déjà installés pendant que l'orchestre positionné à l'extérieur nous accueille en fanfare et assurera la partie musicale du spectacle. Une sono est également prévue pour nous décrire les différentes scènes mais je ne maîtrise pas assez le vietnamien pour tout vous expliquer. La représentation va durer près d'une heure et les différents actes, une dizaine, viseront à nous décrire la vie quotidienne, les travaux des villageois et les légendes.
La marionnette est sculptée dans un bois à la fois léger, solide et imputrescible, généralement le figuier. Elle représente un habitant du village, un animal ou une créature imaginaire, et ses traits dessinés à la peinture sont souvent comiques. La partie immergée doit être lourde pour équilibrer la statue, composée d'un corps et de bras articulés, et la partie visible être facilement manipulable pour donner l'impression d’une “marche sur l’eau”.
Les scènes s'enchaînent très rapidement et on imagine aisément les difficultés rencontrées par les manipulateurs situés derrière un rideau de bambous avec de l'eau jusqu'à la taille.
Les marionnettes sur eau ne peuvent être classées dans aucune des catégories classiques, telles que marionnettes à fils, à gaine ou à tige. Elles sont fixées sur des perches, simples ou complexes. Les premières, destinées à déplacer les marionnettes, sont munies d’un gouvernail. Les deuxièmes sont reliées aux poupées par des tiges et des fils, actionnés par les doigts des marionnettistes. Les danses des marionnettes ont failli disparaître, car elles étaient auparavant exclusivement pratiquées par des corporations d’artisans, paysans et pêcheurs qui gardaient jalousement les secrets de leur manipulation.
Trois petites vidéos vaudront mieux qu'une longue explication !
Le spectacle se termine en apothéose avec musique et fumigène et les marionnettistes viennent se présenter pour recevoir une standing ovation bien méritée. Bravo les artistes ! Nous rebroussons chemin pour rejoindre le bus et la rue est toujours aussi animée.
Juste avant de monter dans le bus une activité familiale attire notre attention, une femme et son mari sont en train de confectionner des bâtonnets d'encens avec une dextérité époustouflante. A vous de voir ci-après !
Et toujours un autel pour les prières dans chaque maison !
Vie quotidienne !
Départ pour la fête !
Dorénavant direction Ninh Binh sans arrêt pour rejoindre notre hôtel avant un diner en ville et une bonne nuit bien méritée. Profitons bien du décor ambiant.
Plants de riz prêts à l'emploi !
Depuis notre arrivée au Vietnam, j'ai remarqué de nombreux monuments en bord de route et leur aspect général laisse à penser qu'il s'agit de tombes. Souvent très colorés et richement décorés, ces monuments sont parfois rassemblés comme dans un cimetière mais il arrive également d'en apercevoir totalement isolés et dans des situations incroyables comme en plein milieu d'une rizière en eau par exemple.
Prenons un peu de temps pour parler des rites funéraires peu communs au Vietnam qui varient d'ailleurs d'une région à l'autre. Mais avant tout quelques notions sommaires au sujet du Bouddhisme. Tout au long de son histoire, le Bouddhisme au Vietnam a connu des périodes de croissance et de consolidation. Des centres monastiques ont été érigés, et les enseignements bouddhistes se sont répandus à travers tout le pays. Le Bouddhisme est ainsi devenu une religion dominante au Vietnam. Je ne ferai pas un cours magistral sur cette religion et en raccourci je dirai que le but ultime du Bouddhisme est la cessation de la souffrance et l'accomplissement du Nirvana. Le nirvana peut être atteint grâce à une vie d'adhésion stricte à la Voie du Milieu, parce qu'il guide le cours entre le matérialisme et l'ascétisme. Le karma est basé sur un système simple de cause à effet: les bonnes actions ont de bons effets, et les mauvaises actions ont de mauvais effets.
Comme nous l'explique notre guide, le bouddhisme affirme l’existence de la renaissance, ou réincarnation. Le continuum mental d’un individu, avec ses instincts, ses talents, etc., provient de vies antérieures et se poursuit dans des vies futures. L’individu, selon ses actes et les habitudes qui en découlent, peut renaître parmi une grande variété de formes de vie, meilleures ou pires.
Fort de ces connaissances on peut mieux appréhender, de façon simplifiée bien sûr, les rites funéraires au Vietnam qui permettent d’exprimer deux antagonismes sentimentaux, le regret d’un être cher et le désir de lui préparer un voyage comme il faut dans l’autre monde.
La croyance de l’existence parallèle chez l’homme d’un corps matériel et d’une âme impalpable qui, après la mort, irait dans “l’autre monde” et l’habitude de vivre pour le futur (la conséquence de ses actes) font que les vietnamiens attendent la mort avec calme et sérénité. Cela explique aussi peut-être pourquoi ils nous ont semblé bienveillants tout au long de notre séjour.
Sans entrer dans le détail la cérémonie se déroule dans un ordre bien défini. Aux derniers instants du mort, le plus urgent est de lui donner un nom posthume. C’est le dernier nom choisi par ses descendants, connu seulement du mort et du dieu protecteur du foyer pour éviter que des âmes errantes puissant se mêler à celle du défunt lors des cérémonies commémoratives.
Ensuite, le corps du défunt est lavé et richement habillé. On introduit dans sa bouche une pincée de riz gluant et de la menue monnaie pour lui permettre de payer sa "traversée" vers l'Autre Monde. Pendant l’opération, un morceau de tissu sera mis sur le visage du défunt pour lui éviter de voir la tristesse de ses proches. Le mort est enveloppé dans un linceul et est mis en bière à une heure faste, couché dans un cercueil. Sur celui-ci, on place un bol de riz et un œuf bouilli. Un bonze est présent en permanence. Il officie au moment du décès, au moment du convoi funèbre et quand le cercueil est mis en terre.
Pour conclure ce sujet voici la partie la plus surprenante. Après le deuil (trois ans mais en pratique 27 mois) pour la sérénité de l’âme du mort, qui pourra veiller sur les descendants, leur assurant santé et prospérité, on a la coutume de changement de sépulture. Après l’ouverture du cercueil, on recueille les ossements, on les nettoie avec de l’eau parfumée et les transfère dans un petit récipient en faïence qu’on remet en terre dans un endroit choisi à l’avance suivant des critères géomantiques précis, c'est à dire ayant fait appel à un art divinatoire très utilisé au Vietnam aussi bien pour décider des dates de mariage que des modalités de construction d'un habitat.
Ninh Binh est maintenant en approche et des bâtiments extravagants commencent à apparaître. Sont ce des palais, des temples ? Et bien non il s'agit d'habitats particuliers de propriétaires fortunés. Le plus beau reste à venir.
Incroyable maison tunnel !
Une véritable reproduction des Invalides !
Encore sous le "choc" des surprenantes maisons que nous avons croisées, l'arrivée à l'hôtel serait presque passée inaperçu s'il n'y avait eu ce magnifique tableau lumineux mis en place pour accueillir comme il se doit la classe 61. Bravo l'organisateur !
Après cette très belle journée nous nous installons tranquillement et profitons de la piscine extérieure pour un bon moment de détente avant de partir en ville pour prendre notre diner. Ce soir on va pouvoir se coucher de bonne heure et reprendre des forces car demain "activités physiques" au programme.
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