dimanche 21 avril 2024

Le massif du Donon entre Alsace et Lorraine !

Le 1er janvier 2022 nous avions fait une randonnée dans le massif du Donon et la foule était telle que nous n'avions même pas pu profiter de la zone sommitale où est érigée la réplique du temple antique. Cette fois, en semaine, nous tentons de le refaire en ajoutant une autre thématique à notre randonnée.

Nous nous garons sur un parking au niveau du Col de Donon et le parcours en 2 boucles permettra une variante en fonction de notre fraîcheur physique, avec un tour de 12 km dont le sommet ou avec l'enchaînement de la deuxième partie pour un total de 19 km. Nous démarrons donc par le sentier des casemates qui va nous faire découvrir un vaste réseau de bunkers construits à l'occasion de la Grande Guerre. Aujourd'hui nous oscillerons entre Préhistoire et Histoire Moderne !

Départ de la fontaine !

En quelques minutes nous atteignons l'entrée du petit sentier qui va nous servir de guide à travers la forêt épaisse. Nous sommes désormais sur l'un des points de démarcation emblématiques entre la France et l’Empire allemand, qui sera dès août 1914 le théâtre de violents combats. L’enjeu est de taille, à tel point que l’on juge capital d’y établir un cordon de dispositifs défensifs. Ces constructions, tranchées et abris laissés en l’état constituent aujourd’hui notre fil d’Ariane.


Dans les tranchées !

Premier bunker !

La progression est aisée sur ce côté Nord-Ouest du Donon et le sentier est quasiment en ligne droite sur 4 km jusqu'au Col de l'Engin. Nous allons passer à côté d'une vingtaine de casemates dont certaines sont en parfait état.


Si le sentier est relativement plat, la pente est fortement inclinée, ce qui en fait un lieu propice à la  construction de ces fortins allemands.

Nous trouvons un bunker accessible et il est temps de sortir la frontale. Sans lumière point de progression possible car dès l'entrée un angle droit nous oblige à tourner.

La structure est en parfait état et il ne faut pas être claustrophobe pour circuler à travers les différentes pièces qui s'enchaînent avec quelques culs de sac qui devaient être des lieux de stockages.

Lumière du flash de l'appareil photo !

Après cette visite souterraine retour à l'air libre !


Nous sommes à 1 km du col de l'Engin et le sentier passe au-dessus de la source d'une petite rivière appelée La Plaine.



Si nous trouvons plutôt facilement les casemates, nous sommes parfois passés à côté voir au-dessus de certaines d'entre elles sans les avoir remarquées immédiatement.


Celle-ci à l'air facile d'accès !



Pas celle-là !

Arrivée au col de L'Engin, frontière entre l'Alsace et la Moselle !

La boucle continue maintenant sur la droite pour chercher le sommet du Petit Donon mais la carte indique la présence d'un cimetière militaire allemand à environ 1 km vers le Nord en suivant la ligne de démarcation entre les 2 régions citées plus haut.

Nous suivons la ligne de crête et nous retrouvons rapidement la route qui nous permettrait de rentrer en pays mosellan. Mais aujourd'hui on reste en Alsace.

Si les dépouilles des 30 soldats allemands reposent désormais à Niederbronn, le petit cimetière a été conservé sur place pour entretenir la mémoire. Nous sommes maintenant pendant la Deuxième Guerre mondiale et nous avons devant nous les stèles de soldats de la 197ème division d'infanterie qui ont fait la campagne de Russie d'octobre 1941 à janvier 1942 lors de l'opération Barbarossa avant de venir tenter le blocage des armées alliées en mai 1945 sur le front de l'Ouest.

Le parcours de ces soldats !

Nous faisons demi tour pour rejoindre le Col de l'Engin et reprenons la trace prévue initialement qui doit nous mener au sommet du Petit Donon.

Cette fois, il va falloir se servir des bâtons !

Une petite pause s'impose !

Arrivée au sommet à 961m !


Cet emplacement exceptionnel vaut bien quelques explications. Ce petit sommet fut un site où se déroulèrent d'âpres combats en août 1914. Il faut se rappeler que depuis 1870, les sommets du Donon, font partie du Reichsland. A l'éclatement de la Grande Guerre, la France revendique les territoires d'Alsace-Moselle. Les premières attaques françaises se concentrent sur les régions de Mohrange et de Sarrebourg et sur la vallée de la Bruche, que l'armée française espère remonter en ignorant l’existence du mastodonte défensif, qu'est le fort de Mutzig en sortie de vallée. Cependant le massif du Donon fini quant à lui par être occupé le 14 août 1914 par les troupes françaises.

Le 20 Aout 1914, le général allemand Von Pavel ayant réuni 15 000 hommes lance l'assaut sur le Petit Donon par ses pentes les plus abruptes pour garantir l'effet de surprise, les tirs d'artillerie allemands dureront 8h. Les 1 600 soldats français répartis sur les deux Donon et au col sont submergés et sont progressivement repoussés. Près de 500 à 2 000 soldats français et allemands sont tombés ici en 24 heures. L'armée française finira par se retirer définitivement le 21 Août 1914 vers Plaine.

En 1916 les autorités allemandes installent 180 stèles de grès rose gravées, à la mémoire des soldats français et allemands tombés ici, comportant un numéro de série et parfois des noms. Le sommet du Petit Donon présente le mémorial allemand principal. Sur ce même sommet, coté ouest est également fixée une plaque commémorative française plus récente. Tout autour de ce sommet, on peut observer les stèles encore présentes et les trous d'hommes des ouvrages défensifs, témoignages des combats qui ont eu lieu ici.

Vue sur notre prochain objectif !

Le temple antique !

Nous entamons la descente pour rejoindre le passage entre les deux Donon où se trouve un très bel abri pour les randonneurs en détresse ou pas ! Un petit arrêt pour se refaire la santé et on attaque la dernière grosse ascension du jour.

Arrivée dans le chaos rocheux, on n'est plus très loin du sommet !

Et voilà, sommet à 1009m avec vue imprenable sur l'Allemagne !

On progresse sur la crête sommitale et on atteint le temple sans rencontrer âmes qui vivent, sauf le randonneur qui veut bien nous prendre en photo. Quel contraste avec notre dernière sortie ici !

Le massif du Donon constitue avec ses 1009 m d'altitude le point culminant des basses-Vosges, à la jonction comme vous le savez maintenant des provinces alsacienne et lorraine. Dès la préhistoire, parce qu'il est visible de loin, on lui attribue un caractère sacré qui ne le quittera plus. Sa situation à l'écart des foyers favorise le développement des légendes, mêlant mythe et réalité. Les Romains, mystérieusement séduits, consacrent le site à Mercure. Craint par les premiers chrétiens, le Donon aurait, depuis, présidé à la conception de Victor Hugo et une discrète plaque l'attesterait, il faudra que nous y retournions pour la localiser. Sous Napoléon III, en 1869, une réplique réussie de temple antique vient couronner le sommet et on a pu y conserver les vestiges trouvés ici jusqu'en 1958.


La météo est favorable et les estomacs réclament leur dû, à table !

Difficile d'aller plus haut !

On reprend la descente vers le col en passant devant les différentes traces laissées par nos ancêtres gallo-romains comme ce sanctuaire ci-dessous.

Ou cet arc de cercle en pierre surmonté de huit stèles pour honorer des dieux tels Mercure, Jupiter ou même Vosegus, le dieu aux cerfs, qui a donné son nom aux Vosges.

Sur le chemin empierré !

Dans les blocs de grès !

Nous parvenons au parking et nous décidons de poursuivre notre randonnée en enchaînant la deuxième boucle sur un autre sentier des casemates sur le versant Sud du Donon.

Départ du sentier mémoriel !

Vue au loin sur le camp de concentration de Natzwiller, le Stutthof !

Le Donon !

Et son temple au téléobjectif !

Passage devant la nécropole nationale de Grandfontaine pour les soldats français tombés en août 1914 !


Ce sentier en boucle de 6 km environ nous présente une vingtaine de fortifications diverses particulièrement bien entretenues. Certaines casemates comme ce bunker de commandement sont impressionnantes.


Nous retrouvons des chemins forestiers très agréables !


Nous arrivons maintenant devant l'une des quatre batteries d'artillerie toutes orientées vers l'Est, côté allemand, car on craignait un mouvement tournant des troupes françaises.


Enfin, à mi parcours passage par la stèle dédiée au 154ème R.I. qui préféra bruler son drapeau plutôt que le laisser tomber aux mains des armées allemandes le 22 juin 1940.

Le sentier nous permet de passer sur l'arrière des installations vues précédemment nous offrant ainsi une autre perspective avec notamment la découverte de nouvelles entrées comme cette issue de secours.

Issue de secours !

Nous rejoignons le parking après cette fantastique et réaliste plongée dans la Grande Guerre. Des travaux titanesques furent donc entrepris à partir de 1915. L’armée allemande mobilisa 10 000 hommes et engagea des moyens matériels et financiers démesurés. Deux voies de chemin de fer, deux téléphériques, ainsi que des routes furent construits par des prisonniers russes pour acheminer sur cette ligne de crête des armements, munitions, barbelés, ciment et ferraille. Les cuisines étaient installées sur place et les repas acheminés jusqu’au Col de Prayé par la voie ferrée. Une station de pompage d’eau fut même aménagée.

Nous venons de parcourir près de 19 km et toute cette zone est un véritable livre ouvert sur une période cruciale de l'histoire de cette région, à faire absolument.


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