mardi 7 mars 2023

Randonnée des châteaux autour du Mont Saint Odile

Le massif du Mont Sainte Odile regorge de mystères et son histoire remonte au temps des celtes qui en avaient fait un lieu de culte. Aujourd'hui nous allons cheminer sur la partie Nord du massif sans oublier de passer par le sanctuaire qui domine la plaine d'Alsace de ses 753 m d'altitude. La boucle va faire 16 km pour 600 m de dénivelé. L'objectif du jour est de passer par 5 châteaux.

Nous nous garons au parking du Domaine Saint Jacques au-dessus de Saint-Nabor et prenons la direction des ruines de l'abbaye de Niedermunster.

L'abbaye à gauche, le sommet du sanctuaire juste au-dessus et la chapelle Saint Nicolas à droite !


La chapelle a été édifiée entre 1150 et 1180 selon la volonté de l'abbesse Relinde, parente de l'empereur Barberousse qui finançait les travaux. Elle sera consacrée en 1180 par Garsidonius, légat du Pape.


Quant à l'abbaye de Niedermunster, elle a été fondée par Sainte-Odile en 720 pour y accueillir les pèlerins malades qui ne pouvaient pas gravir la montagne vers l'abbaye de Hohenbourg, le sanctuaire situé au sommet. Elle y fit construire par ailleurs une église consacrée à Saint-Martin. L'ensemble fut ensuite transformé en monastère pour moniales au courant du IXe siècle.

Après ce début de randonnée tourné vers l'histoire il est temps maintenant de reprendre notre progression pour atteindre le sommet du jour. La pente est raide et nous parcourons  un sentier agréable entre feuilles mortes et rochers. Le sol est particulièrement sec.


La nature reprend ses droits !

Encore un effort !

Une petite halte s'impose à la source miraculeuse. Historiquement il faut savoir qu'un château était déjà en place avant l'avènement de Sainte Odile, le château de Hohenbourg, qui appartenait à son père, le duc d'Alsace Etichon-Adalric. Mais c'est un autre sujet qui mériterait à lui seul un article. Bref, après de multiples rebondissements, le père cède le château à sa fille qui le transforme en abbaye en l'an 680.

Etichon, le duc d’Alsace sous Dagobert II, attend son premier enfant. Il espère un fils. Grande déception : une fille chétive et aveugle naît. Etichon ordonne qu’on la tue mais Béreswinde sa femme réussit à l’en dissuader. Elle confie alors l’enfant à une nourrice avant qu’elle rejoigne les Sœurs de Palm, en Bourgogne. A l’âge de 12 ans, l’enfant est baptisée par l’Evêque Ehrhard de Ratisbonne. C’est alors qu’elle recouvre la vue ; on lui donne le nom de Odile « fille de lumière ».

Bien des années plus tard, Etichon comprend le destin d’Odile et c'est à ce moment qu'il fait alors don du château de Hohenbourg à sa fille. Concernant la source, c'est en se rendant au monastère de Niedermunster qu'Odile rencontre un mendiant aveugle et assoiffé, elle frappe alors un rocher et il en sortit une eau bienfaisante qui, depuis, ne cesse de couler.

Après ce ravitaillement liquide, nous reprenons la marche et bientôt apparaît Sainte-Odile, nous sommes arrivés au point le plus haut de notre randonnée.

Sainte-Odile !

Maintenant nous allons redescendre de l'autre côté du versant avec l'objectif de trouver le château du Dreistein, les trois pierres. Il n'y a pas de vent et le cheminement est très agréable. Il manque juste un peu de lumière !

Petite halte sur un magnifique promontoire rocheux !

Pour atteindre le premier château nous allons quelque peu zigzaguer du coté du carrefour du Stollhafen car il y a de très nombreux sentiers mais à la fin ils finissent tous à Rome 😁 ou plutôt au Dreistein. Comme son nom l'indique il s'agit d'un ensemble de constructions bâties sur trois éperons rocheux. Il faut faire attention car les éboulements sont possibles et nous nous approchons avec prudence.

Cet arc caractérise bien ce château et amène à s'interroger sur le pourquoi d'une telle ouverture. En fouillant sur le net il s'avère que ce trou béant est la conséquence de la chute d'une partie de la muraille. Il faut imaginer qu'il y avait autrefois un mur plein creusé de petites fenêtres appelées fenestrons.

Contournons désormais le massif en remontant plein nord et en longeant le mur païen ouvert par endroit de portes remarquables comme celle de Koeberlé par exemple. Pour la petite histoire Eugène Koeberlé était un chirurgien, spécialiste des interventions sur l’abdomen. Natif de Sélestat, il permit de nombreuses avancées en appliquant l’asepsie sur ses patients et un suivi post-opératoire rigoureux. Lorsqu’il prit sa retraite, Eugène se piqua d’archéologie et s’intéressa au Mur Païen du Mont Sainte-Odile. En 1877, il découvrit et dégagea sur le mur, la porte qui porte aujourd'hui son nom.

Nous poursuivons le long de ce mur dont la date d'édification reste sujet à controverse. Lieu fréquenté par les Celtes, ce mur aurait pu être construit des années avant notre ère mais des analyses récentes montrent la présence de bois d'assemblage (chevilles) qui a servi à une consolidation effectuée au moment de l'édification du château en l'an 660. Quoiqu'il en soit cette muraille de 11 km de long contribue au mystère des lieux.

Nous arrivons au bout du promontoire où se situe le 2ème château, le Hagelschloss. Au départ seuls quelques indices nous permettent d'identifier sa présence car nous sommes à son point le plus haut et la végétation a envahi la zone. 

Pour mieux le voir il nous faut descendre en empruntant un sentier particulièrement pentu !

En se retournant dans la pente on peut alors admirer la magnifique arche des restes de ce château probablement bâti au XIIIème siècle.

Le sentier va maintenant suivre la courbe de niveau pendant 3 à 4 kilomètres et en continuant encore vers le Nord nous ne tardons pas à arriver aux ruines du 3ème château, le Koepfel d'où l'on a une vue sur les châteaux d'Ottrott appelés Rathsamhausen et Lutzelbourg.

Le Rathsamhausen !

Le Lutzelbourg !

Nous sommes passés rapidement devant les 2 derniers châteaux car l'accès y est interdit sauf en programmant une visite. Ils sont en chantier et un jour peut-être pourrons nous y rentrer. Nous filons désormais plein Sud pour revenir vers le parking et ce versant est particulièrement sec. On progresse sur un tapis de feuilles mortes qui craquent sous les pieds.


Nous passons devant les ruines du prieuré de Saint Gorgon (1178) et plus précisément les murs de l'ancienne métairie construite en 1733.

A 2 kilomètres de l'arrivée le dernier sujet marquant de cette randonnée est le passage par le point de vue sur l'ancienne carrière de porphyre de Saint-Nabor fermée en l'an 2000. L’origine des carrières de Saint Nabor remonte à plusieurs siècles. Déjà sous le règne de Louis XIV, des pavés auraient été expédiés jusqu’à Paris. 

Retour au parking après 5 heures de marche et un arrêt pique-nique. Encore une belle balade dans un endroit plein de mystères et aux multiples possibilités de variantes.



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