Mercredi 4 octobre 2023 : de Aumont-Aubrac à Saint-Alban sur Limagnole.
Malgré la relative fraîcheur au moment du coucher la nuit s'est parfaitement passée et pas besoin de réveil aujourd'hui car l'étape est encore courte. Nous descendons tranquillement acheter croissants et brioches à la boulangerie toute proche puis nous venons prendre notre café avec les autres randonneurs dans la salle commune du gîte. C'est l'occasion d'échanger diverses impressions et d'évoquer le parcours à venir.
En ce qui nous concerne nous nous dirigeons vers Saint Alban sur Limagnole pour une étape d'environ 16 km une nouvelle fois globalement négative en dénivelé.
Adieu l'Aubrac et pour trois jours nous entrons en Margeride, à cheval sur le Cantal, la Haute-Loire et la Lozère. Avant ce périple j'ignorais totalement l'existence de cette "région" et c'est une belle surprise. Nous pénétrons sur un immense plateau granitique, le plus important de France, avec ses terres arides plantées de pins et de genêts, ses tourbières et ses landes où s'amoncellent d'énormes blocs cristallins. Grand air et espaces infinis garantis.
Par ailleurs c'est sur ces hauts plateaux qu'à sévit la Bête du Gévaudan et les futurs villages traversés ont tous une histoire avec cet animal mythique. L'histoire de la Bête qui terrorisa la Margeride de 1764 à 1767constitue l'un des plus grands faits divers de l'Histoire jamais élucidé. Ce qui est sûr en revanche, c'est la centaine de victimes qu'elle fit sur tout ce territoire.
Haut les coeurs ! Entrons maintenant dans ces terres inquiétantes !
9 h. Nous mettons les sacs au dos et prenons une petite laine car il fait 3°. Le soleil n'est pas très loin et nous serons bientôt au-dessus de la brume matinale. Un troupeau de moutons bêle sur notre passage à la sortie d'Aumont et nous souhaite une bonne journée.
Déjà un bloc granitique sur le chemin !
GR65 + Coquille, on ne peut pas se tromper de route !
Encore un petit effort et nous serons bientôt au soleil !
Cette fois nous sommes passés au-dessus de la brume et désormais nous progresserons pendant une heure au-delà des 1100 m d'altitude. L'air se réchauffe déjà et les paysages se présentent à nous comme prévu entre pâturages et pinèdes.
Toile au soleil matinal !
L'infini !
GR 65 !
Calvaire !
Poste d'observation !
Pas de doute, le soleil est bien présent !
Le panorama est magnifique tout au long de notre cheminement et la progression est aisée car nous n'avons aucune urgence en terme de délai. Aujourd'hui encore le gîte ne peut nous accueillir avant 16 h donc nous pouvons gérer sereinement notre allure et faire régulièrement des pauses pour soulager nos épaules du poids du sac.
Fier de leur race bovine !
Nous commençons à descendre en pente douce vers le hameau des Estrets où nous ferons une pause pour recompléter les gourdes à la fontaine après 2 heures de marche depuis notre départ. Ce hameau est une ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et un gué règlementait le passage sur la rivière Truyère dont les affluents drainent ce haut plateau de la Margeride. C'est à cette époque que fut construite la chapelle que nous allons maintenant visiter.
Nous aurons l'occasion d'en voir encore de nombreux, je parle de ce clocher mur avec ses baies offrant une vue directe sur les cloches, architecture typique de la Margeride. Entrons dans la chapelle.
Le granit est partout, en témoigne ce superbe baptistère !
Et voici un magnifique ambon tout en chêne. Mais qu'est-ce qu'un ambon ? En fait historiquement il s'agit tout d'abord d'une tribune à laquelle on accède par un escalier et qui servait de lieu pour la lecture des textes sacrés. Plus simplement comme dans cette chapelle il s'agit d'un pupitre qui permet de remplir le même office. Celui-ci comporte plusieurs sculptures en rapport avec l'histoire du village, avec la Croix de Malte en souvenir des Hospitaliers évoqués ci-dessus, et, bien sûr, les insignes du pèlerin, coquille, bâton et gourde qui rappellent que le village est situé sur la "Via Podiensis".
Sans hâte nous reprenons le chemin et une belle ascension se présente devant nous pour remonter sur le plateau que nous atteindrons en une vingtaine de minutes.
De nouveau en altitude !
A t-il continué pieds nus ?
Nous sommes à moins d'une heure de notre ville étape aussi profitons nous d'un bel endroit pour une pause café très agréable.
Saint Alban sur Limagnole à l'horizon !
Une première descente avant la montagne russe !
Après la descente, il a fallu remonter mais cette fois c'est la dernière avant l'objectif !
On arrive !
Voilà plus de 4 heures que nous sommes partis d'Aumont-Aubrac et nous trouvons un joli petit coin de forêt juste avant de rentrer en ville. Nous posons les sacs avec satisfaction et nous prenons notre pause déjeuner avec nos victuailles habituelles en randonnée, pain, fromage et saucisson.
Bon appétit !
Pas de doute, on est bientôt arrivé !
Nous rejoignons tranquillement le centre-ville où se trouve notre gîte et nous avons la confirmation qu'il ouvrira ses portes vers 16 h. Nous avons 2 heures devant nous et nous trouvons un bar avec terrasse juste à côté, parfait pour patienter devant une bonne boisson fraîche.
En prison ?
Le guide indique la présence d'un château mais l'idée de repartir avec nos sacs pour une grimpette d'une centaine de mètres de dénivelé supplémentaire ne fait pas l'unanimité, 2 voix contre ! C'est partie remise, en revanche nous avons juste sous les yeux la magnifique église de style roman auvergnat de Saint Alban. C'est donc à tour de rôle que nous nous dégourdissons les jambes en en faisant le tour et en visitant l'intérieur.
Vous connaissez maintenant le clocher de type Margeride !
Magnifique architecture !
Avez-vous remarqué les pierres rouges ? Elles sont exceptionnelles car rares. Il s'agit de l'arkose qui fut extraite de la carrière du village du Rouget toute proche aujourd'hui fermée. Pour les géologues, elle est formée de sables compressés remontant à l'ère secondaire (250 millions d'année) lorsque la région était sous la mer. Heureusement que l'on sait nager !
Bel intérieur !
Il est presque 16 h et nous retournons devant le gîte. La "patronne" arrive et nous délivre comme prévu, une chambre pour deux avec ses propres sanitaires, grand luxe. Par ailleurs le couvert est compris et nous pourrons prendre repas et petit déjeuner sur place. Parfait. Trois autres randonneurs sont attendus un peu plus tard. Nous déposons nos sacs, préparons notre couchage et après une bonne douche le courage est revenu pour aller visiter le château. C'est reparti !
Cette forteresse médiévale maintes fois remaniée fut plusieurs fois attaquée et reconstruite. L'arkose met particulièrement en valeur cet édifice dans lequel une exposition temporaire de peintres locaux nous occupe quelques instants. Revenons en 1764 sous le règne du marquis de Morengies, propriétaire des lieux. C'est sous sa conduite, jusqu'en 1767, que de nombreuses battues furent organisées pour tenter de tuer le Bête du Gévaudan à partir de ce château. Sans succès !
Remarquable entrée !
Cour intérieure exceptionnelle !
Retour au gîte où nous faisons la connaissance de nos comparses du soir, un américain de Chicago, un Australien de Perth à l'humour décapant et un Lillois de Lille. Nous passons une bonne soirée car les deux anglophones essayent de parler français, par politesse comme ils disent, et notre lillois, super sympathique et franchouillard à souhait, n'est pas avare d'histoires. Salade de tomates, sauté de porc, riz blanc, fromages et desserts, composent notre menu. Dernière histoire et tout le monde au dodo, demain nous aurons une étape encore un peu plus longue et le départ est prévu entre 8 h 30 et 9 h, sans stress. Bonne nuit.
Bilan : 16,3 km - 4 h 16 - 340 D+ - 425 D-
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