Vendredi 6 octobre 2023 : de Chazeau à Monistrol d'Allier.
L'indisponibilité de certains gîtes m'a conduit à modifier le parcours théorique et après une mise en jambes progressive pendant les trois premières journées, aujourd'hui va se dérouler notre étape la plus dure tant par sa longueur (près de 29 km) que son dénivelé. Contrairement à bien des idées reçues, la difficulté ne viendra pas des parties ascendantes mais de la succession de petites montagnes russes et surtout du final du parcours qui sera constitué d'une descente raide sur près de 4 km. En avant !
Le réveil se fait vers 6 h 45 pour pouvoir déjeuner tranquillement et faire nos sacs correctement car la journée va être longue. Nous avons encore une fois bien dormi et la météo est annoncée clémente. On met le nez à la fenêtre et de belles gelées recouvrent les environs, il fait moins 1 degré. Bonnet, gants et double couches, on est paré. Nous décollons à 8 h.
Au loin (téléobjectif) le soleil éclaire déjà le petit hameau de Chanaleilles et son clocher sur 2 niveaux !
Nous progressons sur un versant ouest et il nous tarde de changer de côté !
Encore un effort pour trouver le soleil !
Chanaleilles en vue !
Traversée de la Virlange avant l'ascension du village !
Nous parcourons une partie du hameau et découvrons encore ce beau métier à ferrer qui est en très bon état. Autrefois Chanaleilles, sur les hauteurs de la Margeride, était une seigneurerie de l'une des grandes familles du Royaume de France. On dit que ces terres auraient été données par Charles Martel à l'un de ses plus fidèles princes et ainsi commença l'histoire de ce village.
Encore un peu froid mais un ciel bleu éblouissant !
Toujours ces grandes fermes massives !
Pas de sectarisme, ici des Montbéliardes !
Un peu de route pendant 1 km !
Après une reprise de chemin plus agréable que le goudron nous arrivons en vue du village de La Clauze. Autrefois c'était une place forte militaire bien isolée sur un promontoire naturel. Elle tiendra bon jusqu'à ce que les innovations militaires avec le développement de l'artillerie la rendent inefficace.
Bel abri en cas d'intempéries !
Et voici un vestige des fortifications avec cette belle tour octogonale bâtie sur ce bloc de granit comme il en "pousse" partout.
Un peu de repos propice à la méditation !
Milan royal !
Pas de petits profits, même sur le chemin !
Au loin, à 4 km, la ville de Sauges où se fera la halte déjeuner !
La plaine de Sauges !
Nous sommes à mi-chemin et la pause sera la bienvenue. Quelques curiosités attirent notre attention à l'entrée de cette petite ville de 2000 âmes particulièrement enclavée ce qui lui confère, aux dires des habitants, une identité particulière encore forte et vivace jusqu'à la surnommer "la principauté sans prince".
Pèlerin et pèlerine !
Nous montons vers le centre ville et cherchons une place assise non sans être auparavant passés par une boulangerie pour y acheter du pain frais et un dessert local. Les marches de la collégiale Saint-Médard feront parfaitement l'affaire et après 3 h 30 d'effort il est temps d'enlever les sacs et de se remettre en condition. Le soleil est très agréable et nous profitons pleinement de ce moment de sérénité.
Après le traditionnel déjeuner saucisson - fromage, nous faisons un rapide tour du coeur de ville en visitant 2 lieux caractéristiques de Sauges, sa collégiale et la tour des anglais. Concernant la collégiale, sa façade ouest est de type gothique suite à une reconstruction au cours du XVIème siècle et présente deux statuts, Saint Roch à droite et Saint Médard à gauche.
La façade Sud par contre est restée telle qu'au XIIème siècle, magnifiquement romane avec un clocher à double étages.
Une fresque à l'intérieur attire mon attention car elle présente un personnage se faisant frapper par un indien, surprenant non ? En fait il s'agit de la vie de Saint-Noël Chabanel. Né à Sauges en 1613, il entre chez les Jésuites et il est envoyé au Canada pour évangéliser les indiens Hurons et Iroquois. Nous y voilà. Le 8 mai 1643 il s'embarque donc pour la Nouvelle France et commence sa mission de soins et d'évangélisation. 6 ans plus tard il sera assassiné par un Huron et son corps disparaîtra dans le fleuve Saint Laurent.
Notre Dame de Sauges !
Saint-Bénilde, fondateur de la première école de garçons à Sauges en 1841 !
Dernière visite du jour en suivant les pas de la Bête du Gévaudan !
Située au milieu de la ville, cette haute tour de 23 m, dite des anglais, domine tous les environs. Elle fut bâtie au XIIème siècle sous le règne des ducs de Mercœur, seigneurs de Sauges. Il semble qu'elle servit à protéger la ville contre les anglais lors de la Guerre de Cent Ans au cours de laquelle un siège dura trois semaines.
Aujourd'hui elle donne l'heure !
Un anglais ?
Il s'est passé près d'une heure depuis notre arrivée à Sauges et il faut songer à reprendre le chemin d'autant que les principales difficultés nous attendent en commençant par la remontée sur le plateau (de 950 m à 1100 m) dès la sortie.
Quelle drôle de représentation de la Bête ! Celle-ci domine Sauges et rappelle aux pèlerins qui arrivent leur entrée sur son territoire. C'est une réalisation du sculpteur à la tronçonneuse Jean-Pierre Coniasse, qui a réalisé un travail hors-norme pour faire naître ce monstre de bois, issu d'un séquoia du Cantal. Pour nous c'est la sortie et encore quelques kilomètres de montée.
Encore une sculpture contemporaine de l'artiste local !
Et une dernière comme la lavandière à l'entrée de la ville !
Assez lambiné, il nous faut reprendre notre rythme car le chemin est encore long et le soleil bien présent nous donne presque chaud. Ces brebis ont bien compris qu'il ne sert à rien de courir...
Nous avons atteint notre dernier point haut et toujours de vastes horizons !
Chaque pas nous rapproche mais difficile de voir le bout !
Nous y voilà. Au loin les premières maisons de Monistrol d'Allier. La descente va bientôt commencer, encore 4 km d'efforts sans pression car nous avons le temps et pouvons profiter de chaque instant avec ce ciel toujours aussi éclatant.
1,9 km !
Qui prend le lit extérieur ?
Horreur, des escaliers !
Sur le parcours voici la petite chapelle troglodytique de la Madeleine. Elle offre un beau point de vue sur l'arrivée. A sa droite on peut apercevoir des arches romanes qui abritent des sépultures. Cet endroit fut occupé dès la préhistoire.
Merveilles de la nature. Nous sommes ici au coeur des gorges de l'Allier dans un endroit très encaissé et quasiment inaccessible. Ces magnifiques "orgues" basaltiques témoignent de l'intensité et de la violence des épisodes volcaniques qui se sont déroulés dans cette région de faille entre le bassin du Puy et la Margeride.
L'Allier et Monistrol au fond !
Descente raide et caillouteuse, attention aux chevilles, surtout en fin d'étape !
Cette fois nous touchons au but !
Et le pont Eiffel tant attendu !
Avec notre gîte qui autrefois servait de péage !
Nous prenons le temps de savourer la chaleur des derniers rayons du soleil et André, le patron, nous accueille très gentiment pour nous présenter son gîte et nous offrir une boisson bienvenue. Voilà près de 8 h 30 que nous sommes partis de Chazeau et nous apprécions de pouvoir déposer nos sacs et d'enlever nos chaussures. Nous aurons encore une chambre pour nous deux et on attend un randonneur qui arrivera beaucoup plus tard, vers 19 h. André ira même le chercher sur la route à 4 km de là car il est à bout de force.
Moment de détente particulièrement apprécié !
Nous passons une excellente soirée avec un hôte qui partage pleins d'anecdotes récoltées en 15 ans d'activité. Il arrivera même à convaincre le pèlerin fatigué à passer un jour de repos chez lui avant de reprendre le chemin. Quand à nous, nous rejoignons les bras de Morphée de bonne heure car cette étape a laissé des traces et demain nous offrira encore une belle et grosse journée.
Bilan : 29 km - 6 h 33 - 450 D+ et 995 D-
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