En septembre 2022, nous avons pris la route avec nos amis messins pour un magnifique périple d'une semaine en camping-car en Normandie. Grande première pour tous les quatre ! Nous quittons Châtenois pour Metz puis nous partons ensemble jusqu'à Caen où nous attend notre véhicule. L'aventure commence déjà.
Après la prise en compte du camping-car, je prends le volant et nous nous dirigeons tout de suite vers la côte de nacre en empruntant les routes du bocage. Il faut s'habituer au gabarit de la bête et dès les premiers kilomètres on s'aperçoit rapidement de la maniabilité du véhicule mais attention à ne pas tomber dans la facilité. Pour cette première journée on prévoit de dormir en bord de mer et nous trouvons une superbe place à Bernières sur mer.
Nous nous promenons sur le front de mer et en ce début octobre il y a un peu de vent cependant nous profitons déjà pleinement de ce moment. Notre séjour comportera inévitablement l'histoire du Débarquement, la visite de Cherbourg, la recherche de produits locaux et un final par Bayeux et sa tapisserie.
Apéro !
Quelle vue !
Le camping-car dispose de 2 "chambres" et d'un coin cuisine adapté pour 4 adultes ainsi que son cabinet de toilette. Il faudra faire preuve d'organisation pour ne pas se marcher sur les pieds mais nous n'avons aucune inquiétude et nous sommes justement là pour nous découvrir dans ce genre de situation.
Coin cuisine et accès à notre lit !
Nous rejoignons nos quartiers respectifs et c'est parti pour notre première nuit.
10 septembre 2022
Cette première nuit dans le camping-car s'est très bien déroulée et les secousses dues au vent nous ont bercés. Ouverture des rideaux et prise du petit-déjeuner devant un grand ciel bleu, parfait ! Au programme de ce jour petite balade dans Bernières et premier rendez-vous avec l'une des plages du Débarquement, Juno, puis déplacement sur Ouistreham avec sa plage Sword et son inévitable Pegasus Bridge.
Un peu d'Histoire, le débarquement de Normandie, nom de code opération Neptune, est une opération militaire amphibie et aéroportée alliées de la Seconde Guerre mondiale lancée dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Cette opération Neptune inclut les opérations aéroportées américaine et britannique pendant la nuit du 6 juin ainsi que les bombardements préparatoires aériens et navals des défenses côtières allemandes, la traversée de la Manche par plusieurs milliers de navires, et enfin le débarquement des troupes dès le 6 juin au matin, le Jour J, sur les plages du nord-est du Cotentin et de l'ouest du Calvados dans les secteurs, d'ouest en est, d'Utah Beach et Omaha Beach, et de la pointe du Hoc pour les Américains, de Gold Beach pour les Britanniques, de Juno Beach pour les Canadiens, et de Sword Beach pour les Britanniques en y incluant les Français Libres des commandos Kieffer.
Bernières est donc un village situé dans la zone Juno, nous arpentons un front de mer qui a vu se déverser des centaines de jeunes combattants canadiens. Leur mémoire est évoquée tout au long des rues avec la présence de drapeaux et de photographies.
Promenade en terre canadienne !
Ici la présence d'un ancien tourelleau dit "Tobrouk" qui avait pour objectif de permettre à un soldat de sortir avec sa mitrailleuse et de couvrir toute la plage. Avec son angle de vision de 360°, c'était un ouvrage défensif redoutable.
Nous arrivons à l'emplacement de ce qui fut la première tête pont mise en place grâce au débarquement réussi du régiment canadien de la Chaudière au petit matin du 6 juin 1944 entre 7h et 8 h.
Et juste à côté de la place se trouve cette superbe maison normande appelée bien sûr la Maison des canadiens car elle fut la première bâtisse libérée le 6 juin. Bien que privée, la maison peut se visiter sur demande car les propriétaires actuels sont les petits-enfants des descendants ayant vécu les évènements et ils entretiennent la mémoire en collectionnant de nombreux témoignages et en recevant des vétérans.
Portrait de Georges ISABELLE de la 3ème division d'infanterie !
Pas de doute nous sommes entrés de plein pied dans la grande Histoire et maintenant nous rejoignons notre camping-car pour une pause café avant de nous diriger vers Sword Beach, Ouistreham et surtout Pegasus Bridge et son musée. Il y a peu de kilomètres à parcourir mais en camping-car le temps passe différemment. D'ailleurs on profite de la présence d'une grande surface accessible pour faire le plein de victuailles diverses avant de faire notre halte muséale à Bénouville et son célèbre pont.
Le voilà enfin qui s'offre à nous. Si le camping-car c'est la liberté... en rase campagne, il en est autrement dès que l'on pénètre en ville. Après plusieurs tentatives aux abords du musée il faut se rendre à l'évidence il va falloir accepter de marcher un peu en s'excentrant. Nous trouvons enfin une place et maintenant nous sommes tranquilles pour le reste de la journée.
Pegasus Bridge !
Mais avant de nourrir nos esprits nous allons nourrir nos estomacs. Il y a bien sûr de quoi se sustenter dès l'approche du pont et nous pénétrons dans l'un des restaurants qui bordent le canal de l'Orne. On ne peut pas être mieux placés. La décoration est bien sûr totalement dédiée aux évènements du 6 juin 1944 mais surtout à ceux du 5 juin car c'est ici qu'a commencé la bataille de Normandie.
Prêts à embarquer !
Message à la population !
Le célèbre major Howard !
Après ce bon moment de détente au restaurant, nous traversons à pied le fameux pont et nous dirigeons vers le musée. Nous sommes à 7 km de Caen et cet ouvrage constituait à la veille du Débarquement un point stratégique pour l'acheminement des troupes alliées et pour stopper les renforts allemands venant de l'Est. Le 5 juin 1944, les hommes du major Howard répartis dans six planeurs remorqués par des bombardiers sont largués sur zone peu après minuit.
Canon antiaérien allemand !
Pénétrons maintenant au coeur de l'Histoire. Trois planeurs atterriront comme prévu près du pont de Bénouville et s'en empareront en dix minutes. Les trois autres ont pour cible le pont de l'Orne qui sera également neutralisé. Rebaptisé "Pegasus Bridge", ce pont entre dans l'histoire comme le premier pont libéré de France. Son nom provient de l'insigne porté par la 6ème division aéroportée britannique, Pégase, le cheval ailé.
L'une des meilleures armes allemandes, la MG42 !

Comme dans tous les musées de la côte normande, vous trouverez obligatoirement une vitrine avec ses feuilles d'aluminium et cette poupée en toile de jute, deux symboles de l'ingéniosité militaire utilisés lors des opérations "Glimmer" et "Titanic". Conscients que leur flotte d’invasion est susceptible d’être décelée par les radars orientés vers la Manche, les Alliés préparent une opération de déception dont le but est de tromper les Allemands. Depuis des mois ces derniers penchent en faveur d'un débarquement massif sur le Pas-de-Calais. C’est ainsi que naît l’opération Glimmer. La clé du succès réside dans l’utilisation des propriétés de fines feuilles métalliques qui brouillent les échos radar et indiquent sur les écrans la présence de multiples objets de grande taille. Les militaires alliés vont larguer ces bandes de métal au-dessus de la Manche, au large des côtes du Pas-de-Calais, afin de simuler une opération amphibie dans cette région et y placer en état d’alerte les soldats allemands. C'est chose faite dans la nuit du 5 au 6 juin.
La deuxième opération va se dérouler dès l'aube du 6 juin. Dans le but d’induire en erreur les forces militaires allemandes à la fois sur leurs intentions, leur mode opératoire et leurs capacités globales le Jour J, les Alliés imaginent de larguer de fausses unités sous la forme de mannequins au-dessus de la Normandie en même temps que les opérations d’aérolargage des véritables unités parachutistes. Certains modèles sont équipés d’appareils permettant de produire des bruits d’armes automatiques et pour augmenter l’effet de réalisme de l’ambiance sonore, six commandos du S.A.S. répartis en deux équipes sont parachutés en même temps que les 200 mannequins destinés à la région d’Yvetôt. Ils transportent avec eux du matériel de sonorisation diffusant des sons de fusillade qu’ils mettent en œuvre une fois au sol. Enfin pour empêcher les Allemands de déceler trop tôt cette tromperie, les mannequins sont également équipés d’un système d’autodestruction qui s’active peu de temps après l’atterrissage, pour que les Allemands ne découvrent que des parachutes sans leur propriétaire une fois le ratissage de la zone de saut effectué. Effet de surprise garanti !

Les Britanniques en position !
Ci-dessous la maquette de pont reproduit en Angleterre pour l'entraînement des soldats ! Ils ont répété des dizaines de fois et les vols en planeurs ont été faits de jour et de nuit jusqu'à atteindre la plus grande précision.

La photo suivante immortalise un autre fait d'armes et personne n'oublie la scène culte tournée dans le film "Le jour le plus long"? L'opération aéroportée sur le pont de Bénouville est un succès mais la 6ème division britannique doit être relevée et il lui faut des renforts pour contenir les contre offensives allemandes, c'est le rôle donné aux commandos de lord Lovat. Il débarque à Sword Beach et se déplace le plus vite possible. Aux environs du pont il fait jouer son "piper", le célèbre joueur de cornemuse "piper Bill Millin" qui avait déjà joué lors du débarquement lui même sous le regard ahuri des unités de l’armée régulière qui avaient débarqué avant eux. Il met en place des positions défensives autour de Ranville. Ses troupes parviennent à retenir les Allemands jusqu’à ce que la 3e division d’infanterie les relève. Puis ils ont commencé à se battre le long de l’Orne repoussant toujours avec succès d’autres contre-attaques allemande.
La cornemuse du Piper Bill Millin !
Encore une belle histoire. Cette fois il s'agit de l'exploit du pigeon "le Duc de Normandie", nom donné après son acte d'héroïsme. Le 1er juin il est introduit dans un petit conteneur dans lequel il reste enfermé jusqu'au jour J. Il saute sur les plages avec son maître parachutiste et "participe" aux combats de la batterie de Merville. Une fois la victoire assurée, c'est à lui de jouer en retournant en Angleterre pour annoncer la bonne nouvelle. On attache le message à sa patte, on le jette dans les airs et après quelques tours il prend la bonne direction et retraverse les bombes de la RAF, les obus de marine et le mauvais temps exécrable sur la Manche. Son exploit lui valu la médaille Dickin, l'équivalent pour les animaux de la Victoria Cross.
Le Duc de Normandie !
Mais les héros du jour, ce sont bien les 90 parachutistes qui ont pris le pont de Bénouville après un atterrissage pour le moins mouvementé. L’ordre de mission, signé par le général Gale commandant la 6e division aéroportée, était de : “prendre intacts les deux ponts de l’Orne et le canal de Caen, à Ranville et à Bénouville… La prise de ces deux ponts, qui sera l’opération “Coup de Main”, repose essentiellement sur l’effet de surprise, la rapidité d’exécution et la détermination à vaincre. Il faudra s’attendre à une contre-attaque et tenir jusqu’à la relève“. La mission sera réalisée !
L’opération débute le 5 juin 1944 avec le décollage des bombardiers Halifax remorquant les six planeurs Horsa à partir de 22 heures 56. Les planeurs, aux ordres du Major John Howard, font route dans la nuit et rompent leur remorque au-dessus de Cabourg à une hauteur de 6 000 pieds. L’arrivée sur zone de l’objectif s’effectue dans les premières heures du 6 juin 1944, peu après minuit. Les trois planeurs chargés du pont de Bénouville se posent à moins de 50 mètres du pont : encore mieux qu’à l’exercice !
Les soldats britanniques, après quelques secondes passées à se remettre de leurs émotions, émergent successivement de leur planeur et s’infiltrent dans les blockhaus tout en prenant d’assaut le pont. Les canons des armes automatiques crépitent et les premiers allemands tombent. Mais l’alerte est donnée, les coups de feu ayant servi d’alarme.
Les Anglais récupèrent l’engin de mise à feu du pont, situé dans un des bunkers souterrains, et le mettent à l’abri, le pont est pris en 10 minutes mais le chef de la 1ère section est tué, le lieutenant Brotheridge, et le commandant Howard craint une contre-attaque allemande. Le pont de Ranville est pris aussi rapidement par les équipages de deux planeurs, se posant à 150 mètres de leur objectif. Le troisième s’est posé à douze kilomètres, près de Varaville.
Le message de la victoire “Ham and Jam” (en français “jambon et confiture” : indiquant que les Britanniques se sont rendus maîtres des lieux et que les deux ponts sont intacts) est immédiatement envoyé par radio aux parachutistes du 7th Parachute Battalion. Il va falloir maintenant contenir les contre attaques allemandes jusqu'à l'arrivée des renforts notamment constitués du commando Lovat.
Planeur Horsa !
Très sobre !
Nous quittons maintenant le musée et nous nous rendons sur l'esplanade du Major Howard qui présente la zone des atterrissages pour bien nous rendre compte de la complexité de la manœuvre. Des stèles ont été installées pour matérialiser les lieux du posé ainsi qu'un buste du commandant de cette formation militaire. Le jour de notre visite il y avait un joueur de cornemuse, de quoi nous donner des frissons !
Pegasus Bridge !
Stèle !
Buste du Major Howard !
Le décor de notre semaine en Normandie est particulièrement bien planté et nous avons d'autres musées en vue pour découvrir d'autres faits marquants. Nous retrouvons notre camping-car et commençons à nous diriger vers notre futur objectif du lendemain, la zone américaine d'Omaha Beach entre Vierville et Colleville. Nous trouvons un joli coin de campagne pour passer la nuit et nous serons à 30 minutes de route de nos lieux de visite. Parfait !
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