Encore une bonne nuit et pas de ronflement perturbant. Notre expérience en camping-car en est à son balbutiement et nous avons déjà quelques fous rires, entre escalades pour atteindre le lit ou l'utilisation de la douche minuscule, sans compter le coin toilette. Nous prenons vite conscience qu'il faut accepter la promiscuité et une certaine rusticité. Il faut partir avec de vrais amis et c'est le cas.
Réveil dans le bocage normand !
Cette deuxième journée sera de nouveau consacrée au Débarquement du 6 juin 1944 et va se dérouler sur le secteur américain d'Omaha Beach où nous visiterons le musée mémorial d'Omaha Beach à saint Laurent sur Mer, le cimetière américain de Colleville sur Mer et finirons par la pointe du Hoc à Cricqueville en Bessin.
Après le petit déjeuner nous reprenons les routes serpentueuses du bocage et trouvons facilement de la place pour garer le monstre en bord de mer à quelques minutes à pied du point de débarquement principal d'Omaha Beach. C'est très impressionnant cette vaste mer qui se présente devant nous et on essaie d'imaginer ce qu'on pu ressentir les soldats allemands en voyant arriver l'Armada Alliée.
Seuls au monde !
Pour l'instant personne à l'horizon !
Le hasard nous a fait nous garer quasiment devant ce qui fut le premier cimetière de soldats américains avant son transfert dans les terres. Cela donne une idée de l'âpreté des combats !
Nous arrivons au croisement principal de Saint Laurent sur Mer entre front de mer et avenue de la Libération.
Omaha Beach est la plus célèbre des cinq plages du débarquement du Jour J. Sur cette plage de 6 km de long, les troupes américaines durent affronter des défenses allemandes qui étaient encore pratiquement intactes. Elles subirent de lourdes pertes et frôlèrent la catastrophe de près. Les divisions américaines engagées dans l'opération perdirent quelques 4 700 hommes, lesquels furent tués, blessés ou encore portés disparus. Ce fut le taux de pertes le plus élevé du Jour J sur l'ensemble des cinq zones de débarquement. La plage fut rapidement surnommée « Bloody Omaha » (Omaha, la sanglante).
Débarquant à 6h30, les premières vagues, accueillies par un feu nourri, sont clouées sur la plage. Les bombardements aériens de la nuit, comme les tirs déclenchés par l’artillerie de marine avant l’assaut, se sont révélés fort peu efficaces. Les défenses allemandes prennent la plage en enfilade et sèment la mort dans les rangs des assaillants. Comble de malchance, les chars amphibies ont presque tous sombré avant d’atteindre la côte, privant ainsi les fantassins d’un indispensable appui d’artillerie. Au fil des heures, la situation ne cesse d’empirer. La plage, de plus en plus réduite du fait de la marée montante, s’encombre de cadavres, d’innombrables blessés et de carcasses fumantes d’engins détruits par les obus. Les péniches apportant les renforts s’empalent ou sautent sur les obstacles que les hommes du génie, décimés par les pertes, n’ont pas réussi à dégager à temps.
Après un calvaire de plusieurs heures pour les soldats américains, la situation évolue enfin en leur faveur. Faute de pouvoir emprunter les vallées, trop solidement défendues, les Gi’s, à force d’énergie et de courage, parviennent en fin de matinée à escalader l’escarpement et à s’infiltrer par petits groupes sur le plateau pour prendre à revers un ennemi dont la résistance commence d’ailleurs à faiblir.
Au soir du Jour-J, la tête de pont d’Omaha n’a guère plus de 2 kilomètres de profondeur. L’opération, très mal engagée, s’achève néanmoins par un succès, mais à quel prix !
Monument "Les Braves d'Omaha Beach" !
L'oeuvre ci-dessus est une réalisation d'Anilore BANON, sculpteur, composée d'un ensemble de 3 sculptures monumentales intitulées "LES BRAVES" avec "Debout la liberté" encadrée par "Les ailes de l'espoir" et par "Les ailes de la fraternité" mises en place sur le sable d'Omaha pour le 6 juin 2004. Le titre de l'oeuvre, "Les braves", évoque le débarquement au travers du courage de ces hommes venus nous libérer en nous apportant liberté et espoir mais aussi des valeurs fortes comme la tolérance, la démocratie, l'indépendance, la fraternité entre les hommes et les peuples. Cette liberté retrouvée se manifeste par la symbolique de cette oeuvre, implantée dans le sable d'Omaha, là où le 6 juin 1944 près de 35.000 hommes ont débarqué au péril de leur vie.
Le "Signal"
Dès la fin du conflit, les autorités françaises cherchent à mettre en valeur les sites de guerre pour ne pas oublier. Divers comités sont organisés et la première partie du programme va consister en la construction de monuments et de musées par le service des Monuments historiques. L’architecte en chef des Monuments historiques Yves-Marie Froidevaux fut retenu pour construire l’ensemble des « monuments-signaux » prévus, dont le prototype fut inauguré à Bernières le 19 novembre 1950. Celui-ci avait la forme d’une cheminée de navire à laquelle étaient accrochés des blocs saillants pour écrire un texte, ce qui lui donnait l’aspect d’une colonne rostrale, la forme de vague creusée à l’arrière représentant « l’élan de la mer vers la terre ». Les monuments-signaux étaient adaptés au contexte et prenaient des formes différentes. Une dizaine de monuments-signaux furent construits, volontairement dépourvus d’infrastructures pour les cérémonies.
Après cette promenade extérieure nous nous dirigeons vers le musée mémorial d'Omaha Beach situé à quelques pas de la plage. Nous allons y découvrir une importante collection d’uniformes, d’objets personnels, d’armes et de véhicules. De nombreuses reconstitutions de scènes américaines et allemandes vont nous plonger au cœur de l’histoire du Débarquement. Bonne visite !
Après cette visite fort intéressante il est presque midi aussi nous nous dirigeons vers le restaurant situé tout à côté pour y prendre un bon repas puis le soleil réchauffant particulièrement bien l'air ambiant un bon bain s'impose dans cette mer qui nous appelle. Après réflexion du groupe, je vais être le seul à me lancer dans une eau limpide mais fraîche enfin très fraiche !
Encore seul au monde !
Après ce bain extrêmement tonique, nous allons maintenant nous immerger dans une autre atmosphère où méditation et recueillement pourraient être les mots clés car nous nous dirigeons à quelques kilomètres de là, juste au-dessus de la plage d'Omaha, vers le cimetière américain de Colleville sur Mer. L'entrée elle-même est saisissante avec ce magnifique miroir d'eau où terre et mer se confondent.
Vue des plages du Débarquement !
Inauguré officiellement le 18 juillet 1956, ce cimetière honore des soldats et civils américains morts pendant la bataille de Normandie mais aussi ceux de l'Army Air Force abattus dès 1942. Il compte parmi les 25 sites funéraires permanents des États-Unis sur sol étranger. Si vous vous souvenez du début de l'article ce cimetière a remplacé un premier cimetière provisoire, dont nous avons vu l'emplacement en arrivant ce matin à Saint Laurent.
Contrairement à ce que je pensais, le territoire du cimetière est une concession perpétuelle faite par la France aux Etats Unis et ne bénéficie pas de l'extraterritorialité, les États-Unis sont propriétaires du cimetière sur un territoire où s'applique le droit français. Toutes les tombes sont tournées vers l'Ouest, direction d'origine de tous ces soldats.
Nous cheminons jusqu'au côté ouest du cimetière où se dressent deux grandes statues en granit d'Italie qui veillent sur un petit espace semi circulaire agrémenté de bancs. Nous sommes devant les symboles de l'amitié franco-américaine avec Marianne qui porte un coq et Columbia qui soutient l'aigle américain.
Marianne !
Columbia !
Au coeur du cimetière, à l'intersection des allées principales est érigée une chapelle qui contient des drapeaux français, américain, britannique et canadien encadrant un autel en marbre. Elle abrite également un magnifique plafond en mosaïque qui représente l’Amérique bénissant ses fils qui partent au combat par air ou par mer, et la France reconnaissante déposant une couronne de laurier sur les morts.
Mosaïque de Léon Kroll !
Nous évoluons sereinement au milieu des 9 387 sépultures de soldats et civils américains dont 307 inconnus et quatre femmes. Le lieu invite au recueillement et nous pouvons apercevoir la mer toute proche. Quelques familles sont présentes car nous entendons carillonner l'Hymne américain "The Star-Spangled Banner" suivi juste après de la "Taps", la sonnerie aux morts de l'armée américaine. Le mot Taps signifie en anglais « robinets » et vient de l'expression : close the (beer) taps (and send the troops back to camp) c'est-à-dire « fermer les robinets (de bière) (et envoyer les troupes au campement »).
Reprenons notre cheminement qui nous ramène progressivement vers la sortie où se trouve le mémorial. Ce faisant nous profitons d'une météo très favorable et nous bénéficions alors d'une vue exceptionnel sur le bassin aux nénuphars avec un effet miroir des plus saisissants.
Nénuphars !
Nous pénétrons dans l'enceinte du mémorial et pouvons admirer la superbe statue en bronze de sept mètres de haut, œuvre de Donald De Lue, qui occupe le centre d'une colonnade semi-circulaire honorant les troupes aéroportées et leur rôle de bouclier qu'elles ont assuré aux deux extrémités du front du débarquement amphibie. Orientée vers l'ouest, son regard embrasse les nombreux alignements de sépultures. Elle symbolise « L'esprit de la jeunesse américaine s'élevant des flots ».
Les extrémités du mémorial sont composées de grandes loggia sur les murs desquels se trouvent quatre cartes d'opérations militaires. La plus imposante « Le débarquement en Normandie », représente l'établissement de la tête de pont ainsi que les opérations qui suivirent et permirent aux Alliés d'entrer définitivement dans les terres. Très beau travail de gravure sur pierre.

Nous nous éloignons du mémorial pour atteindre le petit portillon de sortie ce qui nous amène à traverser le « Jardin des Disparus ». Ce jardin est bordé d'un long mur en arc de cercle constitué d'une multitude de plaques de pierres sur lesquelles sont inscrits, séparés par des feuilles de laurier, les noms, le grade, l'unité et l'État d'origine des 1 557 disparus (classés par ordre alphabétique), dont les restes n'ont pu être identifiés ou simplement retrouvés comme plus de 800 hommes de la 66ème division d'infanterie qui ont péri lors du torpillage en 1944 du paquebot belge Léopoldville alors qu'il faisait route vers Cherbourg.

Voilà une visite bien émouvante qui ne peut laisser indifférent. On retourne au camping-car pour un dernier saut de puce de 10 km qui va nous déposer sur le dernier lieu emblématique du secteur américain, la célèbre Pointe du Hoc. L'arrivée en véhicule est aisée et nous trouvons facilement à nous garer. Nous entrons dans la zone protégée et le paysage donne déjà une idée des difficultés rencontrées le Jour J par le 2ème bataillon de Rangers.
Falaises de 30 m de haut !
Ce bataillon fut chargé d’escalader les 30 mètres de falaise, de prendre d’assaut la batterie allemande et de détruire les canons. Transportés sur place par péniches, les hommes des compagnies D, E et F réussirent l’incroyable exploit de parvenir au sommet en quelques minutes seulement, en dépit de la paroi très glissante, des cordes alourdies par l’eau de mer et du feu des défenseurs. Dans un paysage lunaire, défoncé de cratères, s’engagea un féroce combat, qui se révéla en définitive plus meurtrier que l’ascension elle-même.
Pylône en granit représentant la dague des Rangers qui servit de piolet pour gravir la falaise !
Une surprise de taille attendait les Rangers. Ils découvrirent en effet que de gros madriers de bois avaient été installés à la place des canons. Ceux-ci, par mesure de sécurité, avaient été retirés de leurs emplacements en avril et transportés à l’intérieur des terres où il furent d’ailleurs retrouvés par une patrouille américaine et mis hors d’état de nuire en sabotant leurs culasses à l’explosif.
Casemate !
Vue vers la mer !
De terribles heures commencèrent alors pour les hommes du colonel Rudder. Encerclés sur la Pointe du Hoc, privés de renforts et soumis à de fortes contre-attaques allemandes venant de toutes parts, ils ne furent délivrés que le 8 juin, vers midi, par des troupes progressant depuis Omaha. Sur les 225 Rangers engagés dans cette folle aventure, seuls 90 étaient encore en état de se battre. Près de 80 de leurs camarades avaient laissé leur vie sur ce petit coin de terre normande.
Pièce d'artillerie allemande !
Il est temps désormais de rejoindre un emplacement de camping-car pour la nuit et surtout un lieu qui dispose de toutes les commodités nécessaires au bon fonctionnement à savoir de quoi refaire le plein d'eau et de quoi vidanger les toilettes. Et oui des activités terre à terre mais essentielles au bon déroulement du voyage si nous ne voulons pas avoir de mauvaises surprises ! Grâce à une application nous trouvons aisément ce lieu idéal qui nous rapprochera également des objectifs de visite du lendemain. Direction Saint Fromond !
Superbe arrêt au bord de la Vire !
Sans le savoir notre halte du soir se trouve sur un site concerné par le Débarquement et nous dormirons près de la voie de la Liberté.
Comme dans toute la région, les combats furent âpres et le pont sur la Vire fut détruit par les allemands. Dès le 9 juin 1944, les soldats US firent des incursions mais ils durent marquer le pas en attendant des renforts humains et matériels. Ce n'est que le 7 juillet, après de violents bombardements, des tirs d'artillerie à partir des hauteurs environnantes et des tirs d'artillerie de marine que les soldats américains franchirent la Vire à l'aide de canots d'assaut. Un pont Bailey et un pont de bateaux furent établis avant la réparation sommaire du pont de pierre situé à côté de notre emplacement.
juillet 1944 !
Aujourd'hui !
Encore une grosse journée d'histoire et maintenant place à une belle fin de journée ensoleillé pour un pique nique pris en extérieur avant de rejoindre notre camping-car totalement remis en condition pour les prochaines 48 heures.
Apéro !
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