Aujourd'hui, 12 septembre 2022, nous entamons notre dernière partie consacrée principalement au Débarquement de Normandie. Et quoi de mieux que de finir par le commencement. En effet nous rejoignons le village de Sainte Mère Eglise et la plage de Sainte Marie du Mont, là où tout à débuter.
Paysage normand désormais calme !
Revenons en arrière. Nous sommes au soir du 5 juin 1944 et c'est au bruit du tocsin que Sainte-Mère-Eglise entre dans l’Histoire. Une maison située derrière l’Église brûle, il est 23h00. Les pompiers et la population essaient de maîtriser l’incendie. Peu après, vers 1h du matin, les premiers parachutistes atterrissent à Sainte-Mère-Eglise, objectif stratégique pour les Alliés.
Bien que Sainte-Mère-Eglise fut une des zones de saut réservée à la 82e Airborne Division, les premiers parachutistes qui touchèrent le sol de la bourgade appartenaient à la 101e Airborne Division, les fameux “Screaming Eagles”. Après deux heures de combats , les Allemands se replient. A 5h00, la ville est prise et Sainte-Mère-Eglise devient la première ville libérée par les parachutistes américains.
Dès l’aube du 6 juin , la contre-attaque allemande s’organise. Des combats intenses auront lieu les 6 et 7 juin mais jamais la ville ne sera reprise, les parachutistes tenant la ville jusqu’à l’arrivée des renforts venant d’Utah Beach.
Place de l'église !
Immortalisée par le film "le jour le plus long", on ne peut passer ici sans raconter l'histoire incroyable de ce parachutiste accroché au clocher de l'église, l'histoire de John Steel.
Johns Steele est né à Métropolis dans l’Etat de l’Illinois (Etats-Unis), le 29 novembre 1912. Volontaire pour les troupes aéroportées, il intègre le 505th PIR de la 82nd Airborne division. Il débarque en mai 1943 en Afrique du Nord et saute sur la Sicile en juillet 1943 où John se casse une jambe. Il rejoint ses camarades en Italie en septembre 1943.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, John Steele atterrit sur Sainte Mère Eglise et reste accroché malgré lui au clocher de l’église. John est libéré de son harnais par les soldats allemands en poste dans le clocher. Fait prisonnier, John Steele s’échappe et rejoint ses camarades. Il participa ensuite à la libération des Pays-Bas, à la bataille des Ardennes, et arriva dans la zone de Francfort (Allemagne) pour terminer la Seconde Guerre Mondiale. Il fut ensuite réassigné à la 17e division aéroportée et prit le bateau à Marseille pour rentrer aux Etats-Unis afin de retrouver une « vie normale », en septembre 1945.
Nous prenons la direction du musée des parachutistes pour une visite riche en informations. Dès l'entrée nous nous retrouvons en face de l'un des chars importants de la Seconde guerre mondiale, le Sherman M4. Même s'il est plus léger que son concurrent allemand, le Tigre, il se révèlera très efficace en appui de l'infanterie grâce à sa maniabilité. Heureusement que sa production fut exceptionnelle en nombre car statistiquement il fallut 5 Sherman pour 1 Tigre.
Une des armes maîtresses de ce débarquement fut aussi la dépose des combattants par planeur. Avec le Horsa britannique découvert à Ouistreham, voici le Wako américain. D'une capacité d'emport de 13 soldats, il avait surtout l'avantage de pouvoir aussi emporter du matériel lourd comme les jeeps ou des pièces d'artillerie.
Embarquez !
Le musée est évidemment très riche en objets de toutes sortes et c'est toujours un bonheur de profiter de chaque vitrine.
En 1940, l’armée américaine décide de se doter d’un véhicule léger de reconnaissance. Le modèle retenu en octobre 1941 est celui produit par l’entreprise Willys et dénommé MB. Mais l’Armée souhaite être alimentée en véhicules de reconnaissance par au moins deux fournisseurs différents : elle choisit Ford, qui produit le même véhicule fabriqué par Willys mais dénommé cette fois ci par GPW.
Très rapidement, ce petit véhicule de reconnaissance est surnommé “Jeep”. L’origine de ce surnom proviendrait de la contraction orale des lettres GP (pour “General Purpose” : Rôle Multiple) qui devient “Jeep”.
Rapide et pratique, ce véhicule devient effectivement la “voiture à tout faire” de l’armée américaine et la Jeep est un des symboles de ce conflit international.
Autre matériel très en vue, l’avion de transport DC-3 fabriqué par la Douglas Aircraft Company, qui effectue un premier vol aux États Unis dans sa version commerciale puis est adapté en 1942 à des fins militaires sous l’appellation de C-47 Skytrain pour l’USAAF, et, baptisé Dakota par la RAF. Avion de transport polyvalent, robuste et d’entretien aisé, il fut utilisé sur tous les fronts durant la Seconde Guerre Mondiale, aussi bien en Europe, que dans le Pacifique ou encore sur le théâtre d’opération asiatique.
Le C-47 est essentiellement utilisé pour le parachutage d’hommes et de matériel, le remorquage des planeurs et le transport de fret. Le 6 Juin 1944 ce sont 821 avions C47 qui participeront aux opérations aéroportées au dessus du Cotentin lors de l’opération Neptune.
Ils serviront à parachuter 13 348 hommes des 82e et 101e divisions aéroportées ainsi que leur matériel et à tracter 512 planeurs les jours J et J+1.
Prêt ?
Attention, le feu vert arrive !
Le musée présente également de nombreux décors visant à mettre en perspective les différentes phases des parachutages avec toutes les difficultés rencontrées.
Toitures et présence des soldats !
Marécages !
Troupes blindées !
Blessés à traiter !
Nous quittons ce dernier musée consacré au D-Day avec pleins d'images dans la tête et passons devant le monument érigé en l'honneur des troupes qui ont participé à l'opération Neptune. Nous trouvons ainsi les parachutistes de la 82ème Division Aéroportée (82e AB) dont l'origine remonte à la Première Guerre Mondiale. A l’époque la 82è Airborne était une division d’infanterie crée le 25 août 1917 à Camp Gordon composée avec des hommes venus de tous les états d’Amérique, d’où la signification du double A de son écusson, « All American » . Puis la toute jeune 101ème division aéroportée américaine, l'aigle hurlant, qui voit officiellement le jour le 16 août 1942 et fait ses premiers pas dans la base de Camp Claiborne, dans l’Etat de Louisiane. Son histoire a été longuement commentée et la Easy Company en est un véritable symbole s'illustrant dans tous les combats de la Normandie jusqu'en Autriche.
Monument Signal !
Nous pénétrons dans l'église de Sainte Mère Eglise car il y a des vitraux remarquables. En tout premier lieu celui du Débarquement avec ses teintes bleues. On y trouve la Vierge à l'Enfant avec sa partie céleste constellée par les corolles des parachutes mais aussi par des cercles blancs correspondant aux hélices de neuf bombardiers. Un parachutiste au premier plan donne à voir son équipement (parachute ventral, pistolet, poignard) tandis qu'à gauche, deux autres se préparent à toucher le sol français au milieu des maisons de Sainte Mère Eglise. Il y a plein de détails et on pourrait passer beaucoup de temps à admirer ce magnifique travail du maître verrier Gabriel Loire.
Le second vitrail, appelé "des parachutistes", est encore plus détaillé et je vous renvoie sur les nombreux sites existants pour la liste exhaustive. Ce bel ouvrage a été offert par les vétérans du 505e régiment de la 82ème division aéroportée à l'occasion du 25ème anniversaire du Débarquement. Au centre on retrouve évidemment l'archange Saint-Michel, patron des parachutistes terrassant le dragon et brandissant son glaive. Son manteau aux tons gris-brun et bordeaux n'est pas sans évoquer un parachute, et une tenue camouflée. Il y a aussi bien sûr l'écusson de la 82ème et un élément remarquable, les nouvelles armoiries de Ste-Mère-Église avec les deux parachutes qui représentent la 82ème et la 101ème au dessus d'un léopard d'or symbole de la Normandie et bien sûr l'église.
Nous reprenons notre camping-car pour sillonner le bocage et terminer le périple "Débarquement" par la plage de Utah Beach.
Blockhaus !
Utah Beach est l’une des deux plages de débarquement prévues pour les Américains le Jour-J. Son existence, seul secteur d’assaut dans le Cotentin, relève d’un choix opératif du général anglais Montgomery qui souhaitait établir une tête de pont directement dans le Cotentin afin de s’emparer plus rapidement de Cherbourg et de son précieux port en eau profonde. Les divisions d'infanteries qui vont débarquer devront franchir les défenses allemandes le plus rapidement possible pour faire la jonction avec les parachutistes qui attendent les renforts avec impatience.
A compter de midi, les troupes débarquées effectuent leur jonction avec les troupes parachutées des 82e et 101e Airborne Division. Le débarquement sur le secteur d’Utah Beach est celui qui a compté le moins de pertes humaines et matérielles par rapport aux quatre autres secteurs de plages. A la fin de cette journée historique du 6 juin 1944 sur Utah Beach, 1 700 véhicules et près de 23 250 soldats américains ont débarqué. Le bilan des pertes atteint 197 tués et 60 disparus.
Nous sommes ici au point zéro de la voie de la Liberté qui commémore la victoire des Alliés et la libération de la France, de la Belgique et du Luxembourg pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle est matérialisée par une série de bornes kilométriques le long du réseau routier entre Sainte Mère Eglise (borne 0) et Utah Beach (borne 00), et Bastogne, marquant l'itinéraire suivi par la 3ème armée américaine commandée par le général Patton.
Mais il y a également une autre voie célèbre qui démarre de cette plage, la Voie de la 2ème Division Blindée du général Leclerc. Celle-ci emprunte le chemin suivi par la 2ème DB lors de la Libération de la France, depuis son débarquement en Normandie le 1er août 1944, la libération de Paris le 25 août 1944, jusqu’aux combats d'Alsace, dont la prise de Strasbourg le 23 novembre 1944.
Tout au long de cette voie, et dans chacune des villes et villages de France libérés par cette prestigieuse unité, 16000 hommes, 4000 véhicules, une Borne du serment de Koufra commémore l’accomplissement du serment prononcé le 2 mars 1941 lors de la conquête de l'oasis de Koufra en Libye :
" Jurons de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg".
Nous en avons désormais terminé avec le côté mémoriel de notre semaine en camping-car et maintenant place à la découverte du bocage du Cotentin. Nous roulons vers le Nord le long de la côte car ce soir nous espérons dormir du côté de Cherbourg. La météo est agréable et nous envisageons une halte prochaine dans la ville de Barfleur.
La tour Vauban de Saint Vaast la Hougue !
Maraichage normand !
Le port de Barfleur !
L'église Saint Nicolas !
Pendant du plafond, un ex-voto représente la maquette d'un baleinier de Granville construit en 1830, l'Étoile polaire, rebaptisé le Faune en 1835, en bois de sapin.
Nous visitons l'enceinte des sauveteurs en mer et nous arrêtons un instant devant une stèle représentant un drakkar.
Et là nous entrons dans la grande Histoire de France. Une tradition du XIe siècle indique que la duchesse Mathilde aurait fait construire à Barfleur le « Mora », navire qui conduira son époux Guillaume, duc de Normandie, à la conquête de l’Angleterre en 1066. Parti de Saint-Valéry-sur-Somme, le navire est armé avec un équipage qu’on dit venant de Barfleur et dirigé par Etienne, fils d’Airard.
Cette conquête de Guillaume le Conquérant couronné roi d’Angleterre 25 décembre 1066 est commémorée par un grand médaillon de bronze réalisé par la sculpteur Josette Hébert-Coeffin. Il a été scellé sur un rocher à l’entrée du port pour le 900ème anniversaire de l’évènement, près de la petite plage et de la cale SNSM.
Reprenons notre chemin et maintenant direction l'un des points les plus au Nord de la presqu'île du Cotentin, le phare de Gatteville que l'on peut apercevoir de très loin.
Au milieu des marais !
Devant le phare !
Nous arrivons trop tard pour le visiter et en faire l'ascension mais peu importe, nous profitons pleinement du grand air et de ce bel ouvrage grandiose, construit entre 1829 et 1834, pour guider les navigateurs dans le dangereux passage du raz de Barfleur. Composé de 11.000 pierres de taille en granit, il mesure 75,00 m de haut et c’est le 2ème phare de France et d’Europe.
Encore une superbe journée et maintenant nous rejoignons Cherbourg à une trentaine de kilomètres pour pouvoir installer notre camping-car au plus près de la cité de la mer pour ne pas avoir de trajet à faire demain. Nous pourrons ainsi profiter d'une belle soirée et d'un réveil tranquille sans stress.
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